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Stratégies de Démantèlement de la Dette Mondiale : Le Diable est dans les Détails (Tribune de Jo M. Sekimonyo)

Dans un monde où quiconque possédant un smartphone peut découvrir la réalité stupéfiante des pays développés pris dans un cycle d’endettement de plusieurs billions de dollars, la quête de la vérité est souvent obscurcie. Internet sert d’océan d’informations, pourtant des institutions financières comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale déploient des efforts considérables pour dissimuler cette réalité, en présentant le récit autour des ratios de dette par rapport au PIB qui induisent en erreur les non informés et dépeignent les innocents comme des coupables néfastes.

La quête incessante d’une croissance économique constante dans les pays développés repose sur des dépenses extravagantes visant à garantir la stabilité et à satisfaire les attentes intérieures, tout en poursuivant des trajectoires de croissance insoutenables. Cette stratégie, bien qu’initialement robuste, révèle de plus en plus la fragilité de ces économies, alors que l’augmentation des niveaux d’endettement expose leurs vulnérabilités structurelles.

En revanche, les pays en développement—souvent relégués au mépris sous l’étiquette de « tiers monde »—naviguent dans un paysage bien plus difficile, dépouillés des mécanismes financiers sophistiqués que les pays riches abusent. Cette disparité souligne un besoin pressant de confronter les inégalités économiques mondiales, qui sont fondamentalement enracinées dans des injustices systémiques.

Le cœur du problème transcende la simple dette ; il réside dans les mécanismes institutionnels qui perpétuent un ordre mondial inéquitable, où les ressources et les outils financiers sont monopolisés par une minorité privilégiée, laissant la majorité mondiale se débattre avec des schémas et des outils limités pour échapper à un marasme cyclique.

Une stratégie mondiale d’allégement de la dette est impérative, surtout compte tenu du fait que la dette collective a explosé pour atteindre un montant stupéfiant de 95,5 billions de dollars répartis sur 196 pays. Contrairement aux initiatives décevantes précédentes, telles que l’annulation totale de la dette ou l’initiative des Pays les moins avancés (PMA), mon cadre rejette les notions caritatives ou paternalistes. Il écarte fermement l’idée de paiements réparateurs et toute solution punitive simpliste, plaidant plutôt pour une approche plus nuancée.

Deux stratégies émergent :

La « Répartition du Crédit Axée sur les Nations » propose de distribuer 1 billion de dollars à chaque pays, quelle que soit sa taille ou son statut économique, afin de remédier aux disparités mondiales en matière de ressources. Actuellement, douze pays détiennent des dettes dépassant 1 billion de dollars, totalisant environ 79,4 billions de dollars, tandis que le reste du monde supporte environ 16 billions de dollars de dettes.

Si les 77 nations ayant des dettes inférieures à 10 milliards de dollars reçoivent chacune 1 billion de dollars, leur excédent collectif atteindra 77 billions de dollars. En revanche, les douze nations lourdement endettées feraient face à un déficit net de 67 billions de dollars après l’allocation. Cela crée un besoin de 9 billions de dollars pour soutenir 107 pays qui se situent entre ces deux groupes.

Cependant, ces chiffres révèlent un autre déséquilibre financier. La question se pose alors : est-il juste d’accorder à un pays comme le Nigeria, qui est plus grand que le Burundi en termes de superficie et de population, le même montant ? Il en va de même pour la Russie et le Kosovo. Est-il équitable d’attribuer un billion de dollars à la fois au Burundi et au Danemark, qui, bien qu’étant tous deux des nations de petite taille en termes de géographie et de population, affichent des niveaux de dette nationale très bas, tandis que le Danemark bénéficie d’une autre forme de tricherie : une forte dette des ménages ?

Le second scénario, la « Distribution du Crédit par Habitants », propose de distribuer 10 000 dollars à chaque individu dans le monde, indépendamment de l’âge ou de la nationalité. L’allocation de chaque nation serait basée sur la taille de sa population, créditant ainsi son compte national de manière proportionnelle.

Actuellement, parmi les 196 pays avec une population mondiale d’environ 8,15 milliards, 50 nations ont une dette par habitant dépassant 10 000 dollars, représentant une population combinée d’environ 1,16 milliard et une dette cumulative stupéfiante de 69 billions de dollars. En revanche, les autres pays, avec une population d’environ 6,98 milliards, portent une dette totale de 26 billions de dollars.

Parmi ceux-ci, 120 pays possèdent une dette par habitant inférieure à 5 000 dollars, englobant une population d’environ 4,76 milliards et totalisant 39 billions de dollars d’excédent. Les 50 nations les plus endettées, avec des dettes dépassant 10 000 dollars par habitant, font face à un déficit colossal de 58 billions de dollars, créant une lacune de 19 billions de dollars qui ne peut pas être comblée par 26 pays qui se situent entre ces deux groupes.

Bien que cette distribution vise à remédier aux inégalités mondiales, elle a un impact moindre sur la réduction du fardeau de la dette mondiale. De plus, elle soulève des questions critiques concernant l’équité—en particulier, s’il est juste d’alléger seulement un dixième des dettes des États-Unis tout en permettant à la Chine d’effacer ses propres dettes nationales étant moins de 10 000 dollars par habitant.

Monnaie Héliportée : Une Pratique Récurrente

L’allocation par le Fonds monétaire international (FMI) de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) incarne l’essence à la fois des stratégies de « Répartition du Crédit Axée sur les Nations » et de « Distribution du Crédit par Habitants », mais elle ressemble souvent à un jeu de foire truqué. Les nations plus riches reçoivent une part disproportionnée des DTS en fonction de leurs contributions, tandis que les pays plus pauvres—ceux qui auraient le plus à bénéficier de ces ressources—reçoivent une allocation dérisoire. Par exemple, lors de l’allocation de DTS en 2021, le Royaume-Uni, un pays prospère, a reçu environ 19,32 milliards de dollars, tandis que la Tanzanie, son ancienne colonie et un pays beaucoup plus pauvre, n’a obtenu qu’environ 0,38 milliard de dollars.

En réponse aux retombées économiques de la pandémie de COVID-19, les pays développés ont dépassé les mesures du FMI. Les États-Unis, par exemple, ont délivré des Paiements d’Impact Économique allant jusqu’à 1 400 dollars pour les individus éligibles, ou 2 800 dollars pour les couples mariés déclarant ensemble, avec un supplément de 1 400 dollars pour chaque personne à charge, y compris les adultes à charge. De même, le gouvernement japonais a fourni un paiement unique d’environ 930 dollars à tous les résidents, y compris les étrangers. L’Australie a également offert des paiements uniques de 520 dollars aux ménages à faible revenu et aux retraités.

Bien que de nombreux pays développés aient adopté ces formes de « monnaie héliportée », les pays en développement n’ont pas reçu d’avis ou d’incitations similaires pour mettre en œuvre de telles mesures, mettant en évidence une disparité significative dans les réponses économiques et les schémas autorisés pour faire face aux crises.

Garde-fou : Un Cadre pour un Développement Durable

En envisageant un scénario où une nation, et certainement toutes les nations en développement, connaîtrait un solde favorable, un quart de leurs excédents serait consacré à l’amélioration des infrastructures. Cette initiative renforcerait les bases économiques du pays, favorisant le développement durable et l’innovation tout en contribuant à atténuer les impacts du changement climatique.

Un autre quart de ces excédents serait dédié à l’expansion des programmes sociaux visant à réduire les inégalités et à améliorer le bien-être général de la population. De tels investissements dans le capital humain et matériel sont cruciaux pour cultiver un avenir plus prospère et inclusif.

Les fonds restants seraient utilisés pour augmenter le salaire minimum universel à 2 dollars de l’heure. Cette mesure vise à garantir un niveau de vie décent pour tous les citoyens tout en stimulant la consommation locale et en dynamisant l’économie.

Pour garantir une mise en œuvre efficace, cette allocation devrait se dérouler sur une période de cinq ans, accompagnée d’une surveillance rigoureuse et d’un contrôle par l’organe législatif du pays et le FMI. Une telle approche structurée renforcera la transparence, l’équité et la responsabilité, consolidant ainsi la confiance du public dans les décisions économiques prises par le gouvernement. Ce cadre de garde-fou sert non seulement de voie vers la résilience économique, mais aussi d’engagement en faveur de l’équité sociale et de la durabilité environnementale.

Paranoïa Parmi les Rivaux Économiques

La Chine et la Russie pourraient interpréter cette initiative comme une stratégie des États-Unis visant à renforcer la domination du dollar en tant que principale monnaie de réserve mondiale. Dans un paysage économique de plus en plus multipolaire, où les dynamiques de pouvoir évoluent, le cadre existant des Droits de Tirage Spéciaux (DTS)—qui repose sur un panier de cinq monnaies—offre un modèle potentiel pour favoriser un système financier plus juste et équilibré.

Pour atténuer les tensions géopolitiques parmi les nations développées lourdement endettées en quête des ressources financières des pays en développement, le FMI va assumer le rôle de surveillant vigilant. Cette responsabilité inclut le suivi étroit des soldes de comptes nationaux, la facilitation des paiements de dettes extérieures et la gestion des obligations financières intérieures.

Une telle gouvernance proactive renforcerait non seulement la stabilité financière mondiale, mais aiderait également à apaiser les appréhensions des puissances émergentes concernant l’influence écrasante des monnaies occidentales.

Bénéfices Universels

L’objectif principal de cette initiative est de remédier aux injustices profondément enracinées inhérentes aux stratégies employées par les pays développés pour maintenir les niveaux de vie de leurs citoyens dans un paysage mondial en évolution. Pour les pays les plus lourdement endettés, la réduction des fardeaux de la dette allégera la pression sur les programmes sociaux et diminuera la nécessité d’augmentations d’impôts. Pendant ce temps, les nations ayant des niveaux de dette plus bas auront accès à des fonds excédentaires, leur permettant d’améliorer leurs conditions socio-économiques et d’éviter de potentielles émeutes civiles.

Les pays les moins développés recevant cette liquidité financière sont susceptibles de poursuivre une modernisation rapide plutôt que de se concentrer uniquement sur l’industrialisation. Cette approche devrait bénéficier aux nations les plus endettées, qui possèdent déjà le savoir-faire et l’expertise nécessaires. De plus, cette transformation peut contribuer à réduire la migration des personnes pauvres à la recherche de meilleures opportunités ailleurs.

Bien qu’il puisse y avoir des cas de mauvaise allocation des fonds, l’effet global devrait être une élévation des niveaux de vie, contribuant ainsi à atténuer les niveaux alarmants de pauvreté mondiale. Cette initiative, par conséquent, a le potentiel de favoriser un avenir plus équitable et durable pour toutes les nations impliquées.

Jo M. Sekimonyo

Écrivain, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique

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