Togo : les nouvelles politiques climatiques réduisent les émissions de gaz à effet de serre

Comme beaucoup de villes africaines, Lomé, la capitale du Togo, a un problème de pollution. Ses niveaux de pollution de l’air ambiant (extérieur) dépassent les directives de l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la protection de la santé humaine. La pollution de l’air est le plus grand risque environnemental pour la santé au monde. Au Togo, pays de 8 millions d’ habitants, elle contribue à 6 700 décès prématurés par an.

Les émissions de polluants atmosphériques et les émissions qui contribuent au changement climatique proviennent en grande partie des mêmes sources. Ils comprennent la combustion de combustibles dans les ménages, les transports, l’industrie et la combustion des déchets agricoles et municipaux. Certains polluants, comme le carbone noir et le méthane, contribuent à la fois au réchauffement climatique et à la pollution de l’air.

Il est donc logique d’aborder les deux questions ensemble. La question est, comment ?

Pour ce faire, le gouvernement du Togo a élaboré un plan sur le changement climatique, appelé sa contribution déterminée au niveau national , qui décrit son engagement en matière de changement climatique. Il a également élaboré un plan d’action national pour réduire les polluants atmosphériques, qui décrit les mesures à prendre pour réduire la pollution atmosphérique .

Pour éclairer l’élaboration de ces plans, nous avons évalué l’impact que la mise en œuvre de dix mesures d’atténuation au Togo aurait sur la réduction simultanée des polluants atmosphériques et des polluants climatiques.

Le Togo n’est pas le seul pays d’Afrique de l’Ouest à utiliser les plans de changement climatique comme stratégies d’amélioration de la santé publique. Avant la 26e Conférence des Parties des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow en 2021, le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont soumis des plans sur les changements climatiques.

S’ils sont pleinement mis en œuvre, ces plans pourraient réduire des milliers de décès prématurés chaque année en améliorant la qualité de l’air.

Montrer comment les plans sur le changement climatique peuvent améliorer la santé humaine localement fournit une motivation supplémentaire pour mettre en œuvre les plans.

Si tous les pays suivaient des plans de changement climatique comme ceux-ci, les avantages pour la santé mondiale seraient substantiels. Plus d’un million de décès prématurés pourraient être évités chaque année d’ici 2050 grâce à l’amélioration de la qualité de l’air.

Ce que nous avons trouvé

Nous avons quantifié les émissions pour le Togo et le Grand Lomé de tous les principaux secteurs sources pour les années entre 2010 et 2018. Le Togo a émis environ 21 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre en 2018, principalement des secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la foresterie et d’autres utilisations des terres. Ces émissions devraient augmenter de 42 % pour atteindre 30 millions de tonnes en 2030 si rien n’est fait. Sans intervention, la pollution de l’air devrait également s’aggraver, avec des émissions qui devraient augmenter de 16 % à 60 % pour différents polluants atmosphériques.

Nous avons trouvé un grand chevauchement dans les principales sources d’émission de gaz et de particules contribuant à la fois au changement climatique et à la dégradation de la qualité de l’air au Togo. Le chevauchement offre une opportunité substantielle de concevoir des stratégies intégrées qui améliorent simultanément la qualité de l’air et atténuent le changement climatique.

Notre évaluation a modélisé comment la mise en œuvre de dix mesures d’atténuation dans ces sources qui se chevauchent affecterait les émissions.

Nous avons montré que la mise en œuvre intégrale des deux plans du Togo réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2030 par rapport à un scénario de référence, et conduirait à une réduction comprise entre 25 % et 78 % des émissions de divers polluants atmosphériques nocifs pour la santé.

Notre document fournit une voie claire au Togo pour réduire sa contribution déjà faible au changement climatique tout en réalisant simultanément des avantages locaux pour la qualité de l’air et la santé humaine.

Les 10 mesures d’atténuation que nous avons évaluées, qui sont désormais incluses dans les plans du Togo contre la pollution de l’air et le changement climatique, comprenaient les éléments suivants :

  • développer la production d’électricité renouvelable
  • utilisation croissante de véhicules plus efficaces et de véhicules électriques
  • utilisation croissante de combustibles plus propres et de cuisinières plus efficaces pour la cuisson
  • accroître l’efficacité de la production de charbon de bois
  • réduire l’intensité énergétique de la production animale et végétale
  • diminuer le taux de déforestation
  • capturer l’utilisation du méthane des décharges et réduire la combustion des déchets à ciel ouvert.

La réduction du taux de déforestation était la mesure d’atténuation qui ferait la plus grande différence dans la contribution du Togo au changement climatique. Le passage à des combustibles plus propres pour la cuisson au Togo permettrait d’obtenir la plus grande réduction des émissions de polluants atmosphériques.

Ces mesures sont étroitement liées. Actuellement, le bois et le charbon de bois sont les combustibles les plus couramment utilisés pour cuisiner au Togo. Ils contribuent à la mauvaise qualité de l’air et à la déforestation. Par conséquent, le passage à des combustibles plus propres ou à des poêles à biomasse plus efficaces n’est pas seulement l’action la plus efficace pour réduire la pollution de l’air au Togo, mais permet également simultanément d’obtenir le plus grand avantage du changement climatique grâce à la réduction de la déforestation.

Prochaines étapes

Cette première évaluation fournit la base des futures mises à jour régulières de l’atténuation intégrée de la pollution de l’air et du changement climatique. Il peut être utilisé pour suivre la mise en pratique des plans et stratégies du Togo. Et il peut être ajusté en fonction de l’évolution de la situation.

Chris Malley

Chercheur, Université de York

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