RDC : impact de la pandémie à Covid-19 sur le marché du travail – CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

L’étude d’impact de la pandémie à covid-19 sur le marché du travail est réalisée dans un contexte particulier caractérisé par l’amenuisement des moyens dû aux effets économique et financier.  Elle poursuit le but d’illustrer les effets négatifs sur les emplois et les entreprises enregistrés au Ministère de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale en RDC.

L’analyse macro de ces impacts montre, en trois scenarios sur base des éléments issus du modèle EGC que : si l’économie n’avait connu ce choc, l’emploi total passerait de 24.300.000 à 29.386.000 représentant un cumul de 5.086.000 emplois de 2016 à 2020 soit une moyenne annuelle de 1.016.800 emplois (Situation de référence). Elle a montré également que dans l’hypothèse optimiste caractérisée par une atténuation du choc sanitaire et économique, l’emploi total est passe de 24.300.000 à 26.330.000 postes  représentant un cumul de 2.030.000 emplois soit en moyenne 406.000 emplois. A en croire les résultats du SOP, près de deux millions d’emplois (2.152.000) détruits par le choc sanitaire et économique entre 2019 et 2021 tous les secteurs confondus informel ou informel. Ceci représente une perte de revenu mensuel estimée à USD 89.523.200 et USD 1,07 milliard l’an représentant soit une augmentation de +7,2% du taux de chômage. Ensuite, si le choc sanitaire réapparait et arrive à atteindre tout le pays,  le volume de l’emploi total risquerait de se contracter à 24,3 millions niveau de 2016 plus de 4 millions d’emplois seront détruits.

Au point de vue micro, l’étude montre que le nombre d’emplois déclarés au METPS a baissé de +40% en 2020 et à ce jour les employeurs peinent à retrouver le niveau de déclaration d’avant crise. Cela est dû par la chute du nombre de déclaration des employeurs (-10%) suite à la baisse de trésorerie des entreprises.

Cependant, au niveau des grandes entreprises, l’impact de la crise sanitaire a été plus important dans le secteur de transport et logistique suivi des organismes nationaux et internationaux, l’hôtellerie et tourisme, et les banques et les assurances avec respectivement (56,02% ; 30,67% ; 13,65% et 12,2%). Le secteur le moins touché en termes de pertes d’emplois est la télécommunication, les médias et les NTIC, les mines, le commerce et l’agropastoral avec moins de 1% entre le mois de janvier et juin 2020. Ces statistiques sont issues d’une source officielle qui représente 10% (des emplois structurés ou formels en RDC dont le volume total s’établit à 24,3 millions d’unités (85,1% dans le secteur informel contre 14,9%).

L’impact de la crise sanitaire a été plus percutante dans le secteur de transport et logistique suivi des organismes nationaux et internationaux, l’hôtellerie et tourisme, et les banques et les assurances avec respectivement (56,02% ; 30,67% ; 13,65% et 12,2%). Le secteur le moins touché en termes de pertes d’emplois est la télécommunication, les médias et les NTIC, les mines, le commerce et l’agropastoral avec moins de 1% entre le mois de janvier et juin 2020.

INTRODUCTION

La RDC est frappée comme tous les pays du monde par la crise sanitaire de covid-19 depuis le 10 mars 2020. Cette crise a eu des effets négatifs sur l’économie et le marché du travail. Pour riposter, le Gouvernement de la République a pris un certain nombre de mesures en vue d’atténuation des impacts de la pandémie notamment le confinement de la commune de la Gombe, la mise en quarantaine de la ville de Kinshasa, l’imposition de service minimum et la défiscalisation de certains services.

Ces mesures d’urgence ont conduit à la contraction de la demande de force de travail (main-d’œuvre) qui, en temps normal, représente 1,1% contre 3,3% de l’offre de la main-d’œuvre. Cette baisse de la demande a entrainé dans la même proportion celle des heures de travail et de prix du travail (revenu du travail) impactant négativement la production de biens et services, la croissance économique  (-1,7%) et le volume de l’emploi. L’incidence a été plus perceptible  sur les entreprises et par ricochet sur les emplois et le revenu.

Pour suivre et évaluer la mise en œuvre de toutes ces mesures au sein du marché du travail, le Gouvernement (METPS) a mis en place deux structures suivantes : i) Cellule de crise pour évaluer les effets négatifs de la Covid-19 et proposer les mesures d’atténuation de ces effets et ii) Commission tripartite (Gouvernement, Employeurs et Travailleurs) pour identifier les problèmes les plus importants soulevés par la crise sanitaire  et proposer des pistes de solutions adaptées. Le MIN PLAN a élaboré le PMUAIC-19 un cadre stratégique mis en place pour 1) la Riposte, 2) la Relace Macro-économique et 3) le Soutien aux populations et maintien des emplois.

C’est dans ce cadre que cette réflexion est menée pour permettre de suivre et évaluer l’incidence de la pandémie sur les emplois au sein du marché du travail au niveau macro à travers le modèle EGC et micro à travers les données de la CNSS inscrites dans la Note de conjoncture économique du Gouvernement.

L’objectif de l’étude est d’évaluer les incidences économiques et sociales du choc sanitaire sur le marché du travail particulièrement l’offre de la main-d’œuvre (Tac) et sa demande (Te) d’une part et sur les déclarations des employeurs et les employés.

Avant d’entrée dans le vif du sujet, il convient de se demander 1) C’est quoi l’impact  de la pandémie à Covid-19 sur le marché du travail ? 2) Qu’entendons-nous du marché du travail ? 3) Quelle est l’analyse faite au niveau macro ? 4) Quelle est l’analyse faite au niveau micro ?

Pour répondre à ces questionnements, on a procédé à deux niveaux d’analyse : 1) Macro à travers les résultats du modèle EGC et 2) Micro à travers les données des entreprises affiliées à la CNSS, économique du Gouvernement. L’analyse documentaire nous a été également utile dans la conceptualisation et la revue de la littérature.

La démarche méthodologie du travail a consisté à utiliser les données issues des simulations de volume de l’emploi par le modèle EGC avant et pendant la crise sanitaire et économique, d’une part et les données des déclarations des employeurs et employés pour le besoin de cotisation sociale, d’autre part. Sur base du modèle,  il a été question à travers les trois scenarios d’évaluer l’emploi total et les cinq autres indicateurs de base du marché du travail afin de voir avant et pendant quel a été l’incidence le volume. La même démarche a été faite au niveau micro à travers les données de déclarations des employeurs.

L’étude est faite sur la période allant de 2018 à 2021 avec un historique remontant en 2012.  Elle est principalement basée sur la technique documentaire axée sur l’emploi, le travail et l’économie en RDC.

Pour des raisons liées à la disponibilité des données, nous restreignons parfois nos analyses aux années allant de 2018 à 2020 périodes avant et après les deux premières vagues  de la pandémie à covid-19, l’étude s’est appuyée essentiellement sur : Les textes internationaux pertinents de l’OIT ; La loi n° 16/010 du 15 juillet 2916 modifiant et complétant la loi n°015/2002 portant Code du Travail ; Les données et statistiques disponibles à l’INS, METPS et autres; Les ouvrages et autres publications abordant les questions de l’emploi et du marché du travail.

Plusieurs difficultés ont été rencontrées, notamment le manque d’information récente et exhaustives sur le volume des emplois structurés qui à ce jour 1,8 millions de postes représentant 17% des emplois privés et 83% des emplois publics. Si l’on ajoute les emplois internationaux et associatifs, les emplois formels ou structurés représente 3 millions de poste. Il y a lieu d’épingler également les difficultés de capter les emplois informels qui représentent 85,6% selon l’enquête QUIBB.

Malgré ces différentes difficultés liées aux données récentes et disponibles,  le besoin d’informations retraçant le niveau d’incidence du choc sanitaire sur le marché du travail se faisait sentir. C’est ainsi, pour répondre à ce besoin pressent, nous avons opté pour le modèle EGC en vue d’évaluer le volume de l’emploi total avant et pendant le choc sanitaire et économique. Et les données provenant du METPS ont servi à l’analyse micro de l’incidence.

Pour ce faire, l’étude s’articule autour de trois chapitres suivants : Chapitre I : Cadre conceptuel et théorique ; Chapitre II : Analyse macro de l’impact de la pandémie à covid-19 sur le marché du travail et Chapitre III : Analyse micro de l’impact de la pandémie sur le marché du travail en dehors de l’introduction et de la conclusion.

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Le premier chapitre table sur les définitions et explications des concepts clés afin de faciliter la compréhension de la suite de l’étude. Il permet de comprendre les termes impact de la pandémie à covid-19, le marché du travail, l’emploi et le travail, la croissance économique et la récession.

1.1.  Définitions de quelques concepts clés

1.1.1.     Définition du concept Impact de la pandémie de covid-19

Un impact (du latin impactum) « frapper contre ; jeter contre ; heurter ») est une collision entre deux corps. Au sens figuré « répercussion » ou « conséquence ». Il est usité dans ce sens pour désigner, notamment, des conséquences sociales, économiques ou environnementales particulièrement en ce qui concerne leurs effets négatifs. (Dictionnaire Wikipédia).

Cela étant, l’impact de la pandémie de covid-19 est pris dans le cadre de cette réflexion comme les effets négatifs du choc sanitaire sur l’économie et le marché du travail.

1.1.2.     Marché du travail

Le marché du travail se définit comme un lieu où se croisent l’offre et la demande de travail (main-d’œuvre), l’offre de travail émane des ménages et sa demande découle des employeurs (les Entreprises, les Administrations, les Organismes, les ONG et certains ménages). Il est composé de deux fonctions macroéconomiques dont le ‘’taux de salaire horaire (w)’’ constitue le facteur régulateur ; quand il (w) augmente par rapport à la Quantité des heures prestées, les employeurs assainissent et quand il baisse, ils ont tendance à embaucher. Les entreprises cherchent à produire les biens et services à vendre sur le marché. Le terme marché du travail peut aussi signifier l’ensemble de processus d’affectation des ressources en travail (offre de la main d’œuvre) au sein d’un ensemble économique» (demande de la main d’œuvre) [M. VERNIERES, 1979; p.21] et à ce jour, fait l’objet de controverses.

Vu l’importance de la question, il est nécessaire de définir quelques concepts liés au marché du travail pour faciliter la compréhension notamment l’emploi, le travail, l’employeur, l’employé, la création d’emplois,  la politique de l’emploi et la stratégie de la politique de l’emploi.

  • l’emploi est un poste de travail répertorié par la classification et qui soit susceptible d’être occupé par un travailleur. Ce dernier a besoin d’une formation pour l’exercer convenablement et cette formation peut être professionnelle, technique, classique ou un apprentissage;
  • Le travail par contre est une activité rémunératrice (emploi) ou non (travail bénévole). Le concept insiste plus sur les conditions de travail, son environnement, la norme et  la réglementation y afférente ;
  • L’employeur est toute personne physique ou morale de droit public ou privé qui utilise le service d’un ou plusieurs travailleurs en vertus d’un contrat ;
  • L’employé est une personne qui vend ou échange sa force de travail contre un salaire ou un profit. Le concept fait allusion à la définition économique qui considère la force du travail comme une marchandise à vendre à l’employeur en concurrence d’une rémunération ;
  • La politique de l’emploi est un ensemble des stratégies assorties d’une vision claire, des programmes et projets ambitieux, des axes stratégiques bien fixés, un cadre institutionnel de mise en œuvre suivi et évaluation bien défini en vue d’atteindre le plein emploi ;
  • Créer un emploi équivaut à la génération d’un nouveau poste de travail ou poste d’attache. A titre d’exemple : Dans un marché du travail, on dénombre 250 Directeurs Généraux, 1000 Directeurs et 150.000 Agents pour l’année A(0). L’année suivante (A1), le marché en question compte 280 Directeur Généraux, 1500 directeurs et 200.000 agents. Le nombre d’emploi créés s’établit à 30 pour le poste de  Directeur Général, 500 pour celui de directeur et 50.000 pour les agents. Le nombre total d’emplois créés est 50.530 emplois entre les deux périodes ;  L’année A(0) = 150.000 + 1000 + 250 = 151.250 emplois E(0) ; L’année A(1) = 200.000 + 1500 + 280 = 201.780 ;  Donc 201.780 -151.250 = 50.530 emplois créés.

Bref, l’emploi est lié à l’activité, le travail se confond à l’activité et les deux peuvent poursuivre l’objectif de produire les biens et services. C’est pourquoi, le statisticien comptabilise les petits boulots parmi les emplois pour des raisons purement statistiques. Le concept « qualité de l’emploi » est à ne pas confondre à l’emploi.

   

Du graphique ci-dessus, outre les facteurs environnementaux, l’offre de la main-d’œuvre est influencée par les facteurs sociodémographiques suivants : la densité démographique, le taux de croissance de la population, le nombre d’enfants par femme, le solde naturel, le solde migratoire, l’accès au système éducatif, l’accès aux soins de santé primaire, etc., et sa demande est tributaire de facteurs économiques notamment le niveau du PIB, le taux de croissance économique, le niveau général des prix, le taux de croissance des emplois, le taux de croissance des entreprises, etc.

La compréhension du marché des biens et services et du marché du travail va de soi à celle du circuit économique qui est un schéma mettant en évidence plusieurs secteurs institutionnels : les ménages, les entreprises et l’Etat.

Cependant, dans un marché en concurrence pure et parfaite, pour attirer la main-d’œuvre, les employeurs sont obligés de fixer des  taux de salaire pratiquement égaux à la productivité des salariés qu’ils veulent  recruter. Mais dans la réalité, comme chercher du travail demande des efforts et du temps, les salariés ne sont pas à même de négocier au mieux leur salaire. C’est pourquoi, l’entreprise les rémunère à un taux largement inférieur49 à leur productivité. Dans ce cas, le salaire minimum horaire contribue à réduire l’écart et incite un plus grand nombre de personnes à venir sur le marché du travail. Ce qui est positif pour la croissance économique.

Le progrès technique détruit les emplois à Court-terme (CT)  puisqu’il ne fait pas appel à plus de « main-d’œuvre » pour produire une même quantité de biens ou services. Par contre, à long-terme (LT), le progrès technique est créateur d’emplois. En effet, les gains induits de la hausse de la productivité sont partagés (fordisme) entre les entreprises, les salariés qui voient leur salaire augmenter et les consommateurs qui voient le prix des produits baisser (voir par exemple sur ce point la baisse des prix, ces dernières années, des ordinateurs et des téléphones portables). Ce mécanisme conduit à une hausse de la demande et donc à la mise en œuvre de nouvelles unités de production qui induit à son tour une hausse de la demande de travail.

Concernant l’offre de travail, elle est principalement constituée du travail salarié ou indépendant. Offre de (L) provient des ménages, système éducatif Demande de (L) émane des employeurs De l’interaction entre l’offre et la demande de L, surgissent plusieurs préoccupations entre autres: i) la problématique de la qualité de l’emploi; ii) l’employabilité ; iii) le chômage des jeunes; iv) l’accès à la protection; v)  la question du SMIG; vi) l’adéquation formation/emploi; vii) le chômage et le s/emploi, etc.

1.1.3.     Emploi et travail

L’Ordonnance Loi n°16/010 du 15 juillet 2016 modifiant et complétant la loi n°015-2002 portant Code du travail définit l’«emploi » comme toute activité non illicite pouvant procurer à un individu les revenus nécessaires pour satisfaire à ses besoins essentiels. Le travail, par contre, est définit comme tout effort  physique, moral ou intellectuel fournit par un individu en vue de produire les résultats escomptés.

Le concept « emploi » traduit une activité rémunératrice ou un poste de travail occupé en vue d’un revenu. Parmi ses variantes, on compte « l’Auto-emploi ». Le  « Sous-emploi[1] » est une forme d’activité exercée involontairement plus ou moins 45 heures la semaine. Le travail, en revanche, peut être rémunéré ou non rémunéré. Lorsque le travail est rémunéré, il devient un emploi sinon, il est un travail non bénévole effectué pour sois même, pour une autre personne ou une communauté.

1.1.4.     Emploi et revenu du travail   

Lorsqu’on parle de l’emploi, on fait allusion à un travail effectué en concurrence d’un revenu. Sans emploi, on ne sait pas vivre décemment, manger convenablement à sa faim, se vêtir, se soigne, se former, fonder une famille ou contribuer au développement de son pays.  Le revenu du travail le plus connu est le salaire. 

Les données des enquêtes emplois organisées, de 2005 à 2016, montrent que le salaire nominal moyen du travailleur a connu une augmentation continue et graduelle telle qu’illustré par le graphique ci-dessus. En effet, établi à CDF 12.257, le salaire nominal moyen a été fixé à CDF 66.543 soit (442,9%) d’augmentation entre les deux périodes. La même évolution a été observée, en termes de salaire réel, passant de CDF 10.080 à CDF 54.100 soit (436,7%) d’augmentation. Le salaire nominal moyen du travailleur en CDF a connu une augmentation continue de l’ordre de 442,9%. Par contre, le salaire nominal moyen en USD est passé de 35,02 à 41,6 soit une augmentation de 18,8%. Ce qui revient à noter un effet inflationniste très significatif.

Le travail décent est le type d’activité répondant aux critères suivants : un emploi productif qui s’exerce dans un cadre où il y a les possibilités d’accès à la protection sociale et au dialogue et qui s’effectue dans le respect de la législation du travail.

Le marché du travail congolais est fragile, cette fragilité est largement expliquée par le déséquilibre constaté entre l’offre et la demande et l’incapacité du marché d’absorber la masse des jeunes qui affluent chaque année sur le marché du travail. L’analyse montre pourquoi le marché congolais n’offre pas grande chose en termes d’opportunités d’emplois décents, c’est-à-dire ceux accordant des salaires compétitifs et autres avantages sociaux.  

L’évolution économique du pays influence plusieurs indicateurs mesurant la qualité de l’emploi notamment la proportion de personnes en situation des pluriactivités et celle des travailleurs bénévoles. En effet de 2005 à 2016, le marché du travail a enregistré plus d’actifs en pluriactivités 23,9% et 14,3% (+9,6%) face à ceux en situation de bénévolat 29,5% et 12,4% soit un écart de (+17,1%).

               Tableau 1. Evolution des indicateurs de qualité de l’emploi en R.D de 2005 à 2016

Indicateurs de qualité de l’emploi200520122016
Taux de bas salaire (%)44,532,248,9
Salaire moyen en FC12.257,538.75066.543,8
Salaire moyen en USD35,0242,5841,60
% de salariés21,519,919,9
% de travailleurs Indépendants78,580,180,1
Heure hebdomadaire (Temps moyen)37,338,833,8

Source : METPS, Base de données des Enquêtes emplois INS/RDC.

En RDC, la durée du travail pour les entreprises et établissements publics régis par le Code du travail, est réglementée par l’article 119 (45 heures la semaine et 9 heures par jour).  D’après l’enquête 1-2-3 de 2012, les enquêtes sociodémographiques et les autres sources administratives, des travailleurs Congolais exerçant leurs activités au-delà de 48 heures la semaine, sont quasi inexistant. Toutefois, il sied de signaler quelques cas isolés tel que présenté ci-dessous. 

Le taux de bas salaire est un indicateur qui renseigne sur le niveau de salaire le plus bas. Il s’évalue en dessous du revenu médian et indique la part du dernier travailleur qui perçoit un revenu en dessous de la ligne médiane. 

1.1.6.     Indicateur du marché du travail

Un indicateur du marché du travail est une variable qualitative ou quantitative ayant pour objet de mesurer l’évolution de faits du marché du travail à savoir : la taille de l’offre de la main-d’œuvre, celle de la demande, le niveau d’accès à la protection et dialogue social, les risques et maladies professionnelles, les accidents du travail, etc.  Les faits du marché du travail s’évaluent à travers plusieurs indicateurs parmi lesquels, les six de base hiérarchisés et organisés comme suit :

1.1.6.1.      Population en âge de travailler (PAT)

La population en âge de travailler comprend toute personne (homme ou femme) âgée de 15 ans et plus. La limite inférieure est fixée par la Charte africaine sur les Droits et le Bien Etre de l’Enfant. Les pays ont cependant la possibilité de l’adapter à leur propre contexte. Il ne doit en aucun cas être inférieur à 15 ans, âge révolu. Enfin, il n’est pas à confondre avec l’âge de contracter fixé à 18 ans par le Code du Travail en RDC. Finalité : planification, suivi et évaluation des politiques et programmes du marché du travail, les politiques éducatives et de la formation technique et professionnelle.

1.1.6.2.      La  population active (main-d’œuvre actuelle)

La main-d’œuvre (anciennement appelée population active) est la somme du nombre de personnes âgées de 15 ans et plus, qui sont occupées et qui sont au chômage. Le concept « main-d’œuvre » fait référence à l’offre de travail du moment pour la production de biens et services en échange d’une rémunération ou d’un profit. But : fournir les renseignements sur la main-d’œuvre, c’est-à-dire pour ceux qui sont en emploi et pour les sans-emplois disponibles pour travail.

1.1.6.3.      Les personnes en emploi (actifs occupés)

Les personnes en emploi comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus qui, au cours de la période de référence (fixée à 7 jours pour l’harmonisation) ont été soit au travail, soit pourvues d’un emploi sans l’exercer pour des raisons définies. La population occupée donne le volume total de l’emploi. Cette donnée est nécessaire pour la réalisation des autres indicateurs.  But : il renseigne sur la main-d’œuvre occupée c’est-à-dire qui a contribué à la production des biens et services et à la formation du PIB et traduit la demande de force de travail. L’indicateur est généré grâce au modèle EGC ou autre modèle mathématique.

1.1.6.4.  Taux d’activité (TAC)

Le taux d’activité indique la part en pourcentage de la population en âge de travailler disponible pour l’activité économique. Il permet de connaître le volume de la population disponible pour la production de biens et services et il est nécessaire pour l’élaboration des politiques d’emploi. L’indicateur est souvent confondu au taux d’emploi alors qu’il fournit les informations précieuses sur la qualité des emplois au sein du marché et le niveau de l’offre en terme relatif.

1.1.6.5.  Ratio emploi-population en âge de travailler (Taux d’emploi)

Le ratio emploi/population est le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est employée par rapport à la population âgée de 15 ans et plus. Il fournit des informations sur la capacité d’une économie à assurer des emplois à sa population en âge de travailler. La valeur et les variations dans le temps du ratio peuvent être mises en relation avec la croissance économique, afin de déterminer dans quelle mesure cette croissance est une croissance pro-emploi. Il doit impérativement être mis en parallèle avec le taux de croissance économique. But : fournir les indications sur la demande de la main-d’œuvre et la capacité d’absorption de la force de travail en terme relatif.

1.1.6.6.  Taux de chômage

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la main- d’œuvre du moment. Il permet d’apprécier la part de la population active qui, quoique disponible pour travailler, ne dispose pas d’un emploi. L’indicateur poursuit l’objectif d’apprécier l’efficacité des politiques économiques, des politiques d’emploi, des politiques du marché du travail et des politiques de formation professionnelle. Et doit être ventilé par sexe, niveau d’instruction, type et niveau de formation, et par milieu de résidence tout en ressortant le taux de chômage des jeunes[2]. But : informer les décideurs et les utilisateurs des statistiques du travail sur le poids des sans-emplois disponibles pour travailler dans deux semaines. La résolution n°1 de la 19e CIST propose en dehors du taux de chômage standard (lu1) qui concerne les sans-emplois qui cherche activement le travail, le taux de chômage (lu2) augmenté du nombre de travailleurs en sous-emploi, le taux (lu3) couplé de la main-d’œuvre potentielle y compris les sans-emplois qui ne cherche pas du travail et le taux (lu4) reprend toutes les catégories en situation de sous-utilisation de la main-d’œuvre, notamment les sans-emplois disponibles, les actifs en sous-emploi et les sans-emplois non disponibles.

Encadré 1 : Récapitulatif des indicateurs de base du marché du travail selon les résolutions de l’Organisation internationale du travail

IndicateurAncienne résolutionNouvelle résolution
Personnes en âge de travailler (PAT)La somme des personnes âgées de 15 à 65 ansLa somme des personnes âgées de 15 ans et plus  
Personnes hors main- d’œuvre (PHMO)La somme des personnes inactives âgées de 15 à 65 ansLa somme des personnes inactives âgées de 15 ans et plus  
Main-d’œuvre ou population active (MOM)La somme des personnes âgées de 15 à 64 ans qui sont chômeurs ou employéesLa somme des personnes âgées de 15 ans et plus qui sont chômeurs ou employées  
Personnes en emploi (PE)La somme des personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont travaillé au moins une heure sept jours avant l’enquêteLa somme des personnes âgées de 15 ans et plus qui ont travaillé au moins une heure sept jours avant l’enquête  
Chômeursla somme des personnes répondant aux trois critères : 1) être sans emploi ;2) disponible pour travailler dans 2 semaines et 3) être à la recherche active.la somme des personnes répondant aux trois critères : 1) être sans emploi ;2) disponible pour travailler dans 2 semaines et 3) être à la recherche active ou non.

1.1.      Croissance économique, emploi et chômage en RDC

 

1.1.1.         Croissance économique

La croissance économique[1] désigne la variation positive de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, généralement une longue période. En pratique, l’indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut (PIB). Il est mesuré « en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l’inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB.  Elle est un processus fondamental des économies contemporaines, reposant sur le développement des facteurs de production, lié notamment à la révolution industrielle, à l’accès à de nouvelles ressources minérales (mines profondes) et énergétiques (charbon, pétrole, gaz, énergie nucléaire, etc.) ainsi qu’au progrès technique.

A cet effet, elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de biens et de services. À long terme, la croissance a un impact important sur la démographie et le niveau de vie des sociétés qui en sont le cadre. De même, l’enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la pauvreté.

Certaines conséquences de la croissance économique comme la pollution et les atteintes à l’environnement, l’accentuation des inégalités sociales ou l’épuisement des ressources naturelles (pétrolemétaux notamment) sont souvent considérés comme des effets pervers qui obligent à distinguer croissance et progrès.

1.1.2.         Croissance, emploi et chômage

La croissance créée de la valeur et de l’emploi. Elle est provoquée par plusieurs évènements, notamment les mouvements internationaux de capitaux réalisés pour créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger (IDE) ou Investissement public à travers les grands travaux.

Cependant, deux motivations principales sont à l’origine des IDE : d’une part, la réduction des coûts : exploitation à distance de ressources naturelles coûteuses, voire impossibles, à transporter ; utilisation d’une main-d’œuvre moins onéreuse, d’où la crainte que les IDE puissent participer au mouvement de délocalisation ; optimisation fiscale. D’autre part, la conquête de nouveaux marchés, difficiles à pénétrer par les seules exportations. Si l’effet des IDE est généralement considéré comme positif sur la croissance des pays d’accueil, notamment grâce aux transferts de technologie induits, il est plus discuté et ambigu sur le commerce international, sur l’emploi dans les pays investisseurs, sur les conditions de travail et sur l’environnement.

En économie, le chômage se traduit par des faibles opportunités d’emplois caractérisées par l’incapacité du marché du travail d’absorber les demandes d’emplois d’actifs sortis des universités et des instituts supérieurs, des écoles techniques et professionnelles, d’une part et de l’impossibilité de l’économie nationale d’offrir des opportunités d’emplois en quantité et en qualité suffisante, d’autre part. 

En effet, entre 2005 et 2016, le taux de chômage (lu1%) a baissé de 28,3% à 17,8% en 2012 pour s’établir à 16,1% soit une baisse de 0,57 point d’indice. Autant pour le taux de chômage combiné du sous-emploi qui a également baissé de 74,2% à 66,9% (0,90 point). Cela s’explique par la relance économique observée en 2003 et la stabilité macroéconomique plus d’une décennie (2003-2016).

1.1.3.         Croissance, emploi et chômage en RDC de 2000 à 2016

De 2000 à 2016, l’économie nationale a été caractérisée par trois phases ci-dessous et celles-ci avaient d’une manière ou d’une autre influencé le marché du travail.

Première phase : de 2000 à 2003, cette phase est expliquée par une forte récession économique due à la rupture de coopération entre le gouvernement et les partenaires multilatéraux, elle est assortie du déséquilibre macroéconomique avec des taux de croissances négatives en dessous de (0%), des taux d’inflations à 3 chiffres (+500%), des faibles revenus par habitant (+/-80$) et des faibles budgets nationaux en dessous d’un milliard de dollar assortis d’importants déficits.

Deuxième phase : de 2004 à 2014 ; marquée par le fait qu’en 2003, le pays a renoué avec la croissance, une année après l’économie entre dans une longue période de prospérité économique caractérisée par la stabilité du cadre macroéconomique assortie des taux de croissances positives continues et soutenues variant de (3 à 9,5%), la baisse du taux d’inflation passant de 450% à 25%, l’augmentation du budget national de plus d’un milliard de dollars, le Revenu par habitant passé de 80$ à 150$, l’investissement direct étranger et public ayant augmenté suite à la conclusion des accords économiques avec les institutions de Bretton-wood. La stabilité du taux de change et de la maitrise du taux d’inflation. Parmi les acquis économiques et sociaux, on cite le rétablissement d’une zone monétaire commune estompée par les crises politiques et sociales des années 1990.

Cette phase a vu  ces acquis se consolider, le budget de l’Etat a atteint plus de 3 milliards de dollars, la stabilité politique de l’époque conduit à la mise en œuvre, suivi et évaluation des plusieurs programmes formels  conclus avec les bailleurs de fonds ; le Revenu par habitant atteindra 500$, le PIB a franchi pour la première fois le cap de 10 milliards de dollars, le réserve de change a atteint plus d’un milliards de dollars, les déficits budgétaires ont été maitrisés. Par conséquent, le taux de chômage passe le rouge (28,3%) pour s’établir à 17,8% en 2012.


Jean-Jacques ENDUBU

Analyste de données sociales

 

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