Éthiopie : lectures clés sur le conflit du barrage

Les États-Unis ont relancé les efforts diplomatiques pour résoudre le différend suscité par le projet éthiopien du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil. Le Soudan et l’Égypte, qui dépendent le plus du débit d’eau du Nil, considèrent le réservoir de 4,6 milliards de dollars américains comme une menace sérieuse pour les approvisionnements vitaux en eau. Mais l’Éthiopie le considère comme essentiel pour son électrification et son développement.

L’Egypte et le Soudan se sont opposés à la construction du barrage dès le départ. Mais le projet est allé de l’avant et a été commandé le 20 février 2022. Cinq articles de nos archives retracent la genèse et la montée en puissance du conflit autour des eaux du Nil, et les pistes potentielles de résolution.

Le passé impérialiste

La Grande-Bretagne a occupé l’Égypte en 1882 et a maintenu une forte influence jusqu’en 1956. Ses industries textiles dépendaient du coton égyptien, qui reposait sur l’irrigation à l’aide de l’eau du Nil. Des hydrologues britanniques ont élaboré un plan pour réguler le débit du Nil en construisant des barrages et des réservoirs dans les pays en aval.

Mais le plan avait un défaut majeur. Il n’a pas tenu compte des intérêts de neuf pays en amont, dont l’Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda.

L’Égypte et le Soudan veulent que leurs « droits historiquement acquis » soient la base de toutes les négociations sur le barrage. Mais l’Éthiopie considère cela comme déraisonnable et non conforme aux principes adoptés par les trois pays en 2015.

Le dernier cycle de pourparlers, en 2018, a échoué.

L’Égypte a blâmé l’Éthiopie pour l’impasse. Mais de nombreux chercheurs citent les traités de l’époque coloniale comme la raison de l’impasse.

Du conflit à la coopération

Certains ont émis l’hypothèse que le différend pourrait dégénérer en une «guerre de l’eau». Il ne fait aucun doute que le barrage est devenu une source de graves tensions pour l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan. Mais, en fait, le barrage a également contribué à modifier des relations de pouvoir de longue date et pourrait ouvrir la voie à une plus grande coopération entre tous les pays qui dépendent du Nil.

À ce jour, aucun pays n’a mené de guerre pour les ressources en eau. Il n’y a aucune raison pour que ce cas soit différent.

Sans données telles que les plans de stockage, il est difficile pour les pays impliqués dans le conflit de savoir quel effet le barrage aura sur leur sécurité hydrique. Avoir ces données et les partager changerait la donne.

Il est possible d’intégrer la recherche scientifique dans les négociations en cours.

Lire la suite : Comment transformer la confrontation au sujet du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique en coopération

Solaire et éolien

Le réservoir du GERD sera suffisamment grand pour stocker le débit annuel complet du Nil Bleu. Mais devrait-on permettre à quiconque d’exercer un tel contrôle sur le Nil ?

Une situation gagnant-gagnant peut être trouvée pour le fonctionnement à long terme de GERD. Si l’Éthiopie, le Soudan, l’Égypte et leurs voisins devaient déployer des parcs solaires et éoliens à grande échelle et établir un réseau électrique régional intégré, et si l’Éthiopie acceptait d’exploiter le GERD en synergie avec l’énergie solaire et éolienne, les avantages à long terme de cet énorme l’investissement dépasserait les coûts.

Sébastien Sterl

Chercheur, Énergie & Climat, Vrije Universiteit Brussel

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