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RDC : respectons le calendrier électoral (Tribune de Jo Sekimonyo)

La République démocratique du Congo fait face à deux interprétations de l’État de droit. Selon la première, la loi est un instrument de gouvernement, plaçant le gouvernement au-dessus de la loi. La seconde interprétation stipule que tous les membres de la société, y compris le gouvernement, sont tenus par la loi. Cette question fondamentale à travers mes requetés est adressée d’abord à la Cour constitutionnelle, puis au Conseil d’État.

La justice électorale, crucial lien entre la démocratie et l’État de droit, veille à la conformité des actions, procédures et décisions électorales à la loi. Elle garantit la protection et la restauration des droits électoraux, permettant aux personnes lésées de déposer plainte, d’être entendues et de recevoir un jugement.

En effet, la justice électorale est un instrument clé de l’État de droit et la garantie ultime du respect du principe démocratique de la tenue d’élections libres et équitables.

Reste à savoir si l’éminent professeur Tasoki, défenseur d’une justice basée sur les droits de l’homme et l’État de droit, indiquera que la Cour constitutionnelle a enfreint la loi et se prononcera donc sur ma candidature avant la publication de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, prévue selon le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le 18 novembre 2023.

Là encore, il y a quelque chose de plus troublant dont nous devrions tous nous préoccuper ; non-respect du calendrier électoral.

Les règles existent-elles simplement pour être transgressées ?

Il est indéniable que l’erreur du CSAC en publiant le calendrier des débats entre les candidats à la présidentielle, débutant avant la publication de la liste définitive, et les candidats aux législatives, qui ont ouvertement lancé leur campagne illégalement, est préoccupante.

Mais plus alarmant encore, j’ai été consterné de voir, le lundi 13 novembre 2023, comment la CENI, à l’origine de ce calendrier, ainsi que d’autres candidats, y compris le chef de l’État, garant du bon fonctionnement des institutions publiques, bafouent sans scrupules les normes démocratiques minimales.

Tout le monde, et je souligne bien tout le monde, notamment le quatrième pouvoir qu’est la presse, semble accorder le moins d’importance au principe fondamental d’une élection démocratique : le respect du calendrier électoral.

C’est avec amertume que j’ai dû constater que cette négligence s’applique également à la constitution, même si elle renferme la loi fondamentale et que l’État de droit exige l’application de ces principes avant toute autre loi.

Crédibilité vs Pertinence

Les évaluations effectuées par les observateurs internationaux jouent un rôle de plus en plus crucial dans la formation des opinions sur la qualité démocratique et la légitimité globale du processus électoral en RDC. Un consensus général, en RDC et au-delà, souligne désormais l’impératif d’élections véritablement démocratiques en 2023, dit-on crédibles et apaisées, considérées comme cruciales pour l’établissement de l’autorité légitime du gouvernement.

Le monde cherche à imposer à tort des élections pacifiques, la nation semble disposée à s’y conformer. Malheureusement, cette apparente bonne nouvelle cache en réalité un processus électoral minutieusement orchestré, mettant en péril l’avenir de la nation tout entière et négligeant même la pertinence des élections dans la réalité sociale et économique des Congolais en RDC.

Faut-il rappeler que l’ancien président américain Donald Trump a mis en doute la crédibilité de l’élection américaine, demandant un audit sur la prétendue « arnaque à l’élection présidentielle de 2020 » et refusant de concéder l’élection, alléguant une fraude électorale généralisée ? Cependant, Biden et les États-Unis ont depuis longtemps dépassé la controverse, suggérant que dans le monde développé, la pertinence l’emporte sur la crédibilité, car ils n’ont pas le temps de perdre et doivent continuer à sprinter économiquement plus vite que la Chine.

Il est important de souligner que, en termes d’élections crédibles, elles se caractérisent par l’inclusion, la transparence, la responsabilité et la compétitivité. Plus encore, les élections sont compétitives lorsque les citoyens ont des possibilités raisonnables et équitables de se présenter aux élections, ainsi que le droit de vote.

C’est ma croisade, tout comme celle des autres libéraux congolais.

La zone brumeuse

La compétition idéologique, ou les confrontations d’idéaux visant à améliorer, ou dans le cas d’un pays du tiers monde comme la RDC, à moderniser le niveau de vie des citoyens, constitue un élément central des élections démocratiques qui reflètent véritablement la volonté du peuple. Cela souligne la notion de pertinence du processus électoral en termes sociaux et économiques pour la vie des citoyens.

D’une part, dans une démocratie, les citoyens votent pour des dirigeants qui les représentent ainsi que leurs idées, et les dirigeants soutiennent les intérêts des citoyens. Cependant, il incombe aux candidats, en particulier à l’élection présidentielle, de présenter leur « menu » de solutions et de mettre en lumière leurs divergences idéologiques sur les plans politique, social et surtout économique. Cela permet d’enrichir le dialogue et d’éviter la duplicité des motivations.

D’un autre côté, les citoyens sont censés participer activement au processus politique. Cela nécessite toutefois que les citoyens croient en leur capacité à influencer le cours de la politique, en d’autres termes, qu’ils se sentent politiquement efficaces.

Dans l’état actuel de la liste, notamment en ce qui concerne l’élection présidentielle, il est impératif de se préparer à un processus apaisé, malgré certains embarras, car la chorégraphie n’est pas bien calibrée. Les acteurs impliqués semblent poursuivre l’objectif unique d’acquérir le pouvoir ou l’influence, sans avoir une compréhension sérieuse de la situation, ajoutant à cela une bonne dose de tribalisme et de désirs primitifs.

Il est essentiel de prendre conscience qu’après tous ces remous et agitations, une fois de plus, le résultat ne contribuera pas à l’amélioration de la vie des Congolais, mais pourrait plutôt conduire à de nouvelles années de détérioration.

Néanmoins, le spectacle serait plus abouti s’il suivait la chronologie qu’elle-même a établie et présentée aux spectateurs enthousiastes. Observons scrupuleusement le calendrier électoral, la CENI et la presse nationale devant donner l’exemple en la matière.

Jo M. Sekimonyo

Candidat à la présidentielle 2023 ?!

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