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France : le plaider-coupable de Bolloré fait réagir à Lomé et Conakry

Vincent Bolloré est visé par la justice dans une affaire de corruption au Togo et en Guinée. Dans les deux pays, des voix s’élèvent pour que l’affaire soit clarifiée.

Dans le cadre d’une convention judiciaire, la société Bolloré SE a accepté le paiement d’une amende de 12 millions d’euros mais la reconnaissance préalable de culpabilité qu’il avait envisagée a été refusée à Vincent Bolloré.

L’homme d‘affaire français avait choisi de reconnaitre les faits de corruption active d’agents publics étrangers et de complicité d’abus de pouvoir. Dans une procédure négociée avec le parquet national financier, Vincent Bolloré avait donc reconnu sa culpabilité et accepté de payer une amende de 375.000 euros.

Le Groupe Bolloré fait la majeure partie de ses investissements en Afrique. Bolloré Africa Logistics, est le leader du transport et de la logistique sur le continent.

Le Groupe Bolloré fait la majeure partie de ses investissements en Afrique. Bolloré Africa Logistics, est le leader du transport et de la logistique sur le continent.

Mais lorsqu’il s’est présenté vendredi (16.02.2021) devant le tribunal judiciaire de Paris, celui-ci a refusé le plaider-coupable et a demandé la tenue d’un procès en correctionnelle.

D’après plusieurs sources proches du dossier, les avocats de Vincent Bolloré lui ont conseillé de reconnaitre sa culpabilité pour éviter que d’éventuelles poursuites ne viennent compromettre ses affaires en Afrique où son groupe reste très présent. Peine perdue donc.

Des réactions à Lomé et à Conakry

À Lomé et Conakry, le fait que Vincent Bolloré ait plaidé coupable est considéré comme un aveu dans cette affaire impliquant leurs dirigeants.

« Il n’y aura pas de retombées réelles en Afrique de cette affaire parce que ceux qui peuvent prendre des actions contre de telles pratiques, malheureusement sont ceux qui sont aujourd’hui les corrompus », a estimé le politologue togolais, Madji Diabakaté.

Pour le politologue Madji Diabakaté, seule la justice française est en mesure de faire son travail dans cette affaire. C’est aussi le constat fait par l’opposant guinéen, Rafiou Sow.

« L’affaire pourra avoir une emprise sur les autorités… que dans la mesure où leur responsabilité pourrait être établie » (Louis Keumayou)

« Nous savons qu’en 2015, c’est Bolloré qui a financé la campagne du candidat Alpha Condé et sa communication. Et en 2015, tous les panneaux publicitaires avaient été pris par un seul candidat, le candidat Alpha Condé », a déclaré Rafiou Sow.

Pour l’opposant guinéen, c’est Vincent Bolloré et son groupe qui ont favorisé la réélection d’Alpha Condé il y a six ans. C’est d’ailleurs la thèse soutenue par des acteurs des sociétés civiles des deux pays.

« Il y a nécessité de remettre les choses dans leur contexte. La communication politique est importante mais elle ne détermine pas tout et il n’est pas le seul ingrédient de la victoire à une élection présidentielle », estime néanmoins l’analyste camerounais, Louis Keumayou. 

Les autorités togolaises disent être sereines

Du côté de Lomé, pas de réaction officielle pour l‘instant. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a fait savoir que „le gouvernement ne commente pas une affaire judiciaire dans un pays étranger“.

Même si les autorités togolaises disent être sereines, le risque que cette affaire ternisse leur image est réel. « Si la culpabilité des responsables togolais et guinéens est avérée, cela nuirait naturellement à leur image“, a estimé Louis Keumayou.

« L’affaire reste très française et ne pourra avoir une emprise sur les entités guinéennes et togolaises que dans la mesure où leur responsabilité pourrait être établie et pour l’instant, on n’en est pas à ce stade », a fait remarquer l’analyste Keumayou.

Selon une source proche du dossier, la justice aura du mal à établir un lien direct entre les prestations de l’agence de communication Havas, propriété du Groupe Bolloré, et le bail à cette société d’un terminal au port de Lomé avec des avantages fiscaux. Car aucun document formel n’existerait à ce jour pour le prouver.

Au sujet des avantages fiscaux, la même source a affirmé que c’est une mesure que les gouvernements décident souvent pour attirer des investisseurs.

Havas est accusée d’avoir sous-estimé ses services de communication pour le président togolais lors de la campagne présidentielle de 2010, quelques mois après la cession d’un terminal à conteneurs au Groupe Bolloré dans le port de Lomé.

Deutsche Welle (DW)

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