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Cessons de nous leurrer : la RDC n’est même pas parmi les dix pays les plus riches en ressources naturelles (Tribune de Jo M. Sekimonyo)

La flatterie est un poison insidieux, car elle engendre une illusion pernicieuse qui peut enchaîner un individu, une communauté, ou même une nation tout entière dans un état de fausse assurance. Cette distorsion de la réalité peut mener à une surestimation de ses capacités économiques, freinant ainsi l’innovation et la croissance, tout en cultivant une dépendance malsaine aux perceptions erronées de sa propre valeur.

On chuchote que la RDC dispose de ressources naturelles évaluées à 24 000 milliards de dollars, avec d’immenses réserves de coltan et de cobalt, et qu’elle est le plus grand producteur de cuivre en Afrique. Mais, sérieusement, quelle est la véritable histoire ?

Voici un aperçu des dix pays les plus riches en ressources naturelles :

En tête de liste, la Russie se distingue avec la plus grande richesse naturelle au monde, ses réserves étant évaluées à 75,5 trillions de dollars. Les États-Unis suivent, avec des ressources naturelles estimées à environ 45 trillions de dollars. L’Arabie Saoudite arrive ensuite, avec des réserves évaluées à 34,4 trillions de dollars. Le Canada, avec des réserves totales de 33,2 trillions de dollars, détient 17,8 % des réserves mondiales de pétrole, se classant juste derrière l’Arabie Saoudite. Les ressources naturelles de l’Iran sont estimées à près de 27,3 trillions de dollars, tandis qu’en Chine, elles sont évaluées à 23 trillions de dollars. Le Brésil, avec un total de 21,8 trillions de dollars en ressources, est le premier fournisseur mondial de bois, représentant 12,3 % de l’offre mondiale. L’Australie, riche en charbon, cuivre, bois et fer, contribue à hauteur de 14,3 % de l’offre mondiale d’or et fournit 46 % de l’uranium mondial. L’Irak possède des réserves pétrolières évaluées à 115 milliards de barils, soit environ 9 % des réserves mondiales, et détient également des réserves de phosphates estimées à 1,1 trillion de dollars. Enfin, le Venezuela, avec une réserve totale de 14,3 trillions de dollars, est le sixième plus grand pays en termes de réserves de pétrole, avec 99 milliards de barils, représentant 7,4 % de l’offre mondiale.

Pour offrir un certain réconfort aux Congolais, voici le classement des dix principaux pays africains ayant exporté les plus grands volumes de ressources naturelles en 2022 :

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Avant d’applaudir, il convient de souligner que, malgré le statut de huitième plus grand acteur économique en Afrique en 2022, le code minier et le SMIG dérisoire ont conduit à ce que le gouvernement de la RDC et les Congolais travaillant dans les secteurs concernés n’aient perçu que des miettes des 13 milliards de dollars. La véritable question demeure : qui en a réellement bénéficié ?

Le plus grand péché de Joseph Kabila

Le plus grand péché de Joseph Kabila ne réside pas dans les poisons sociaux qu’il a infusés dans la culture congolaise, ni même à la manière dont il a exacerbé ces maux en trahissant les principes démocratiques. Son soutien au tribalisme, manifesté par la fragmentation des provinces en enclaves tribales, et sa manipulation cynique des lois électorales ne sont que des symptômes d’une pathologie plus profonde affectant l’essence même des Congolais.

À son palmarès, on peut ajouter les scandales anesthésiés, le culte ostentatoire de la personnalité, le népotisme insidieux, la militarisation accrue de la nation, et les groupes armés errant sans relâche à l’est du pays.

Le véritable grand péché de Kabila dépasse ces maux apparents, caché derrière le masque d’un code minier rudimentaire. 1960, le soutien des entreprises étrangères, en particulier via la Belgique, à la sécession du Katanga et d’autres initiatives similaires n’était pas motivé par un désir de contrôler le peuple ou le territoire, mais par l’accès aux richesses enfouies sous la surface. Par une vague de privatisation, Kabila et ses complices ont permis ce que les entreprises étrangères n’avaient pas réussi à réaliser entre 1960 et 1965 : obtenir un contrôle total sur les ressources congolaises. La sécession des patrimoines communs congolais révèle ainsi la véritable motivation derrière l’assistance, qui va au-delà du financement des rébellions et des groupes armés d’hier comme d’aujourd’hui. À son tour, Félix Tshisekedi, non seulement adopte les motivations de son prédécesseur et amplifie ses erreurs, mais il poursuit également cet héritage en bradant ce qui reste.

Les profits financiers générés par les ressources naturelles du Congo profitent principalement aux entreprises étrangères et aux aventuriers financiers internationaux via les pays voisins, tout en alimentant l’illusion d’opulence des entrepreneurs politiques, également connus sous le titre d’autorités morales des partis politiques. Pendant ce temps, le peuple congolais reste profondément marginalisé dans la répartition de sa propre richesse.

Cependant, il est impératif de crier haut et fort que ni les ressources naturelles ni l’agriculture ne peuvent permettre à la RDC de rattraper le monde moderne. Au contraire, ils ne sont que des ingrédients d’un parfum colonial dont on pourrait se passer, et dont les flatteries nous détournent dangereusement du véritable joyau actuel de la RDC.

Ce qu’on préfère garder secret aux Congolais (sous clé et sous le tapis)

Alors que les Congolais sont souvent dépeints comme pauvres et sans valeur, il est paradoxal que les Kenyans s’empressent de prendre le contrôle du secteur bancaire congolais, tandis que d’autres entreprises étrangères investissent dans des secteurs tels que les communications, qui ne sont pas encore véritablement rentables. Tous semblent pourtant scruter l’avenir avec une vision à long terme, là où le véritable potentiel se dessine, tout en sachant que le Congolais reste pauvre non pas parce qu’il fainéant ou bête mais plutôt pris dans l’engrenage d’une économie à faible revenu.

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Ce tableau indique que la RDC est le 15e pays le plus peuplé au monde, abritant plus de 100 millions d’habitants et affichant un taux de croissance démographique impressionnant de 3,30 %, l’un des plus élevés au monde. Plus de 40 % de sa population réside en milieu urbain. Pour l’illustrer, si l’on rassemblait 100 personnes représentant la population mondiale, l’une d’elles serait congolaise. Mais encore, en 2023, la Banque mondiale estimait que 700 millions de personnes dans le monde vivaient dans l’extrême pauvreté. La RDC avec 73 millions de ses citoyens dans cette situation, est le pays qui compte le plus grand nombre de personnes vivant dans la misère. Pour le dire autrement, si on rassemblait 100 personnes représentant la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté, 10 d’entre elles seraient congolaises. Ainsi, dans cette salle hypothétique de 100 personnes représentant la population mondiale, celle représentant la RDC serait presque à l’agonie, affamée.

Et donc, la RDC doit prêter une attention particulière à sa jeunesse, dont l’âge médian est de 16 ans. Cette génération pourrait soit devenir le moteur d’une renaissance économique, soit se transformer en une menace sociale. La richesse d’une nation se mesure à la qualité des compétences, des connaissances, et de l’expérience de ses citoyens, ou, en termes d’éthosisme, à la capacité individuelle d’initier ou de s’engager dans des entreprises, des commerces, ou des dialogues modernes.

Accorder aux citoyens l’accès à des moyens modernes et sophistiqués pour s’offrir un niveau de vie digne est une chose, mais la négligence persistante des gouvernements congolais, qui s’accrochent à leurs chimères de transformation sociale et de développement économique, réside dans leur incapacité à financer ces initiatives. J’ai largement abordé cette question, et la réalité est que le monde moderne continue de tricher et ne semble pas prêt à changer.

Donald Trump, par exemple, promet de venir en aide à ses amis riches, une initiative qui pourrait ajouter 5 trillions de dollars à une dette déjà supérieure à 32 trillions.

Ainsi, je persiste et signe : le président qui succédera à Félix Tshisekedi en 2028 devra impérativement démontrer une maîtrise approfondie de la politique économique moderne. Cette exigence doit être claire et reconnue bien avant la publication de cet article. À bon entendeur, salut !

Jo M. Sekimonyo

Écrivain, théoricien, défenseur des droits de l’Homme et économiste politique

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