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Canada : pourquoi abaisser l’âge de voter est une si bonne idée

Trois initiatives visant à abaisser l’âge de voter aux élections fédérales canadiennes relancent les conversations sur l’émancipation des jeunes. Un groupe de jeunes poursuit le gouvernement fédéral , affirmant que la privation du droit de vote des moins de 18 ans est inconstitutionnelle.

Le député néo-démocrate Taylor Bachrach a présenté un projet de loi d’ initiative parlementaire visant à abaisser l’âge de vote à 16 ans. La première lecture à la Chambre des communes s’est achevée à la fin de l’année dernière .

Une loi similaire (projet de loi S-201) visant à faire passer l’âge minimum de vote au Canada de 18 à 16 ans est actuellement en deuxième lecture au Sénat . La sénatrice Marilou McPhedran a présenté un projet de loi similaire en 2021 et il a été adopté en deuxième lecture. Mais les élections de l’automne 2021 ont mis fin à ce processus.

Lisez la couverture médiatique basée sur des preuves, pas sur l’alarme.

Il s’agit de la 11e tentative d’abaisser l’âge de vote au Canada depuis qu’il est passé de 21 à 18 ans en 1970 .

Certaines juridictions municipales  et provinciales au Canada ont envisagé d’abaisser leur âge de voter. Il en va de même pour d’autres pays, dont le Royaume-Uni , l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Treize pays , allant du Brésil au Nicaragua, en passant par l’Équateur, l’Autriche, l’Estonie et Malte, ont déjà l’âge de voter inférieur à 18 ans . Le Conseil de l’Europe a exhorté ses pays membres à emboîter le pas.

Au Canada, le NPD fédéral et le Parti vert appuient publiquement un âge électoral plus jeune. Les partis fédéraux conservateur, néo-démocrate et libéral permettent déjà aux membres dès l’âge de 14 ans de voter dans les courses à la direction.

Les partisans des projets de loi au Parlement et au Sénat , ainsi que les candidats à la Cour supérieure de justice de l’Ontario , espèrent poursuivre sur cette lancée.

Il y a quatre arguments principaux pour abaisser l’âge de vote :

1. Les jeunes les plus touchés par les problèmes urgents d’aujourd’hui

Bon nombre des problèmes clés d’aujourd’hui – comme le changement climatique, la dégradation de l’environnement, la pandémie de COVID-19 et la justice sociale et raciale – ont de graves conséquences pour les jeunes, aujourd’hui et à l’avenir.

De nombreux défenseurs de l’environnement canadiens et internationaux de premier plan ont moins de 18 ans. Autumn Peltier, par exemple, a été nommée commissaire en chef des eaux de la nation Aniishnabek à l’âge de 14 ans et s’est adressée à l’Assemblée générale des Nations Unies à 13  et 15 ans .

Les enfants et les jeunes ont subi de manière disproportionnée les conséquences éducatives , sanitaires et  économiques de la pandémie de COVID-19.

De nombreux jeunes de moins de 18 ans sont activement impliqués dans des mouvements de justice sociale, notamment Black Lives Matter et Every Child Matters.

En vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, qui est presque universellement ratifiée, les enfants ont le droit de participer aux décisions qui les concernent.

Abaisser l’âge de voter est une façon de fournir un processus formel de prise de décision et de responsabilisation par les représentants élus. En fait, le droit de vote est un droit humain , protégé par le droit national et international.

2. Pourrait alimenter l’engagement politique

Abaisser l’âge à un moment où les jeunes sont inscrits dans des cours d’éducation civique au lycée pourrait accroître la participation politique formelle et renforcer la démocratie.

Malgré la conscience politique et l’engagement des enfants et des jeunes, il existe encore une apathie généralisée et une baisse de la participation parmi les jeunes électeurs adultes.

Les recherches menées dans les juridictions qui ont introduit le vote des moins de 18 ans indiquent que l’impact est « souvent positif en termes d’engagement politique et d’attitudes civiques ».

3. S’alignerait sur d’autres âges minimums

L’âge actuel pour voter ne correspond pas à l’âge minimum de nombreuses autres activités qui exigent maturité et jugement, comme la conduite, les relations sexuelles consensuelles et le travail rémunéré.

Plus révélateur, l’âge de la responsabilité pénale au Canada est de 12 ans en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents .

Si des enfants aussi jeunes que 12 ans sont considérés comme suffisamment mûrs pour être tenus pénalement responsables de leurs actes, pourquoi les jeunes de 16 ans ne peuvent-ils pas voter ?

Si les enfants peuvent travailler et payer des impôts, pourquoi n’ont-ils pas leur mot à dire sur la façon dont leurs impôts sont dépensés ?

Ces contradictions mettent en évidence les normes centrées sur les adultes et la discrimination quotidienne fondée sur l’âge qui se manifeste par des seuils d’âge arbitraires et chronologiques.

4. Éliminerait les hypothèses âgistes

Les suppositions âgistes contre les moins de 18 ans reflètent des arguments historiquement sexistes et racistes visant à priver les femmes et les peuples autochtones de leurs droits .

L’un de ces arguments est que les moins de 18 ans n’ont pas la maturité cognitive, émotionnelle et morale pour voter. Cependant, la recherche psychologique suggère que les jeunes ont une capacité cognitive de niveau adulte à l’âge de 16 ans.

D’autres soutiennent que les parents influenceront le comportement électoral de leurs enfants. Mais certaines études indiquent que les pairs , plutôt que les adultes, ont une plus grande influence sur le comportement politique et la socialisation. Les résultats de Vote étudiant Canada, bien qu’ils ne soient pas représentatifs, montrent des résultats de vote différents pour l’élection de 2021 parmi les étudiants par rapport aux résultats officiels .

Certains pourraient soutenir que les personnes de moins de 18 ans manquent de connaissances suffisantes sur les politiques et la démocratie pour prendre des décisions éclairées.

Cependant, de nombreux adultes canadiens manquent également de littératie civique de base . Les électeurs adultes ne sont pas nécessairement plus informés sur les questions politiques que les jeunes lorsqu’ils font des choix politiques .

Les droits de vote au Canada ont changé au fil du temps pour devenir plus inclusifs. La lutte contre la discrimination fondée sur l’âge dans le système électoral canadien pourrait être la prochaine étape dans l’expansion et le renforcement de notre démocratie.

Christina Clark-Kazak

Professeur agrégé, Affaires publiques et internationales, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

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