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Temps et capitalisme : l’économie de l’horloge

Parmi les ruptures les plus profondes initiées par l’émergence du capitalisme industriel figure le réarrangement de notre sens du temps. Autrefois lié à des temporalités saisonnières, festives, voire cosmiques, le temps dans la société capitaliste n’était pas seulement caractérisé par la régularité de l’horloge, mais spécifiquement comme « l’heure de travail » ou le temps de travail salarié. Le temps de travail a trois dimensions : la durée, l’intensité et la répartition. 

Sans la capacité de mesurer de telles dimensions en unités quantifiables et fongibles, les aspects les plus fondamentaux de la production industrielle capitaliste – et une grande partie de la discipline normative de l’économie – ne seraient pas possibles. Comme Marx le note, imposer ce sens du temps, même à petite échelle, était une affaire difficile et sanglante. Les disputes sur la journée de travail étaient aux racines mêmes de la production capitaliste. La force de travail est la source de la plus-value et des profits ; la façon de l’extraire est via le temps de travail excédentaire. Et ainsi, dès les premiers jours de la production capitaliste, il y a une lutte sur la durée de la journée de travail, sur les salaires, sur le temps et sur son utilisation. 

Walter Benjamin note qu’au début de la Révolution de Juillet en France, « les tours de l’horloge étaient tirées simultanément et indépendamment de plusieurs endroits à Paris ». C’était, comme il cite un témoin oculaire, « l’expression non d’une notion aberrante, d’un caprice isolé, mais d’un sentiment répandu, presque général ». Les langages de l’économie et des affaires courantes se construisent à partir de ces unités temporelles. De la vie d’usine pré-tayloriste à la fabrication et à l’expédition juste à temps, les changements dans les systèmes de production tentent de surmonter les obstacles à la maximisation du temps de travail excédentaire. En termes historiques et internationaux, comment les trois dimensions du temps de travail se jouent-elles dans différents systèmes de production et à différentes époques ? Quelle est l’économie de l’expérience du temps ?

Pour explorer l’économie du temps capitaliste, on doit commencer par une définition théorique marxiste du temps de travail et de la production de plus-value absolue et relative. Il faut examiner l’importance de tels concepts pour comprendre le capitalisme en général et les approches féministes de l’économie et du temps en particulier. Ensuite, il faut analyser les conflits du temps de travail après la révolution industrielle et leur focalisation sur la durée de la journée de travail. 

Quels sont les processus sociaux impliqués dans l’établissement de la journée de travail ? Y a-t-il une tendance générale concernant l’évolution du temps de travail ? Si oui, quelles sont ses forces motrices ? Existe-t-il des différences culturelles, régionales et nationales en matière de temps de travail ? Et en terme de développement ? Quelles sont les dimensions genrées du temps de travail et quelle est sa pertinence pour le système capitaliste ? Quelles sont les dimensions racialisées et coloniales d’une économie politique critique du temps ? Comment la temporalité et la discipline du temps de travail ont-elles été remises en cause ? Comment le capitalisme néolibéral augmente-t-il et modifie-t-il le temps de travail à une échelle véritablement mondiale ? Il est important de souligner la manière dont les aspects économiques et sociaux de la période fordiste, notamment après la Seconde Guerre mondiale, ont facilité une normalisation encore plus précise des modèles de temps de travail et les tendances autour de la flexibilisation du temps de travail induite par le capitalisme néolibéral sur le lieu de travail formel, à la maison et dans le travail informel. 

NBSInfos.com

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