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RDC – élections 2023 : le principe et la ligne de démarcation redoutés qui font le plus peur aux gardiens du statu quo (Tribune de Jo Sekimonyo)

La requête en inconstitutionnalité des articles 22,104,118 et 121 de la loi 06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles législatives, provinciales urbaines, provinciales et locales déposée à la Cour Constitutionnelle par mes avocats en ma place est une lettre d’amour à toute la génération présente et future.

Des organisations telles que Bicester Village et DRC Vision l’ont compris et se sont prononcées pour.

Par contre, dans un sens ironiquement positif, les contre-coups et avertissement contres ne peuvent être regroupés par sexe, âge, condition sociale ou tribu. Toutefois, quoi dire des pauvres et fauchés qui font partie des irréductibles qui justifient les dispositions discriminatoires fondées sur la richesse comme 100 000 USD pour être candidat à la présidentielle. Comment comprendre que les âmes indépendantes tiennent au maintien d’une caution très élevée et prohibitive pour la plupart des Congolais ainsi qu’un seuil de 1 % des suffrages exprimés au niveau national, qui exclut les indépendants de la répartition des sièges dans les députés nationaux.

La requête met en lumière les deux conceptions congolaises différentes de ce qu’est la démocratie, quant à savoir qui peut être candidat, un système participatif pour certains inclusif et pour d’autres carrément exclusif.

Indigénat

Bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer, il existe de nombreux aspects de la société congolaise dont les traces sont visibles bien avant l’indépendance et qui sont encore puissantes aujourd’hui.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’un des fondateurs de La Voix du Congolais Paul Lomami-Tshibamba avait exprimé sa colère dans laquelle il trouvait inacceptable que les « habitants développés du Congo belge » ou « évolués » soient encore traités comme tous les « indigènes ».

Les évolués, les Congolais pendant la colonisation qui avaient fréquenté des écoles missionnaires, et par la suite travaillaient pour les Européens et imitaient leur mode de vie pour être considérées comme « civilisés », espéraient qu’un statut spécial les libérerait de la juridiction des tribunaux traditionnels et des décisions arbitraires d’un fonctionnaire territorial.

Ce que Lomami-Tshibamba contestait, et plus tard le rédacteur en chef Antoine-Roger Bolamba exprima, c’est la division existante entre les « indigènes civilisés » et les Européens au sein de l’ordre juridique colonial, mais pas la colonisation ou le droit à tous les indigènes.

En réponse, de nombreux lecteurs ont exprimé dans des lettres des opinions divergentes. Certains s’opposaient à l’idée de devoir justifier d’un certain niveau d’études, suggérant que la maîtrise d’une langue européenne est suffisante, d’autres défendaient le critère de loyauté envers les Européens, d’autres soutiennaient que la réforme du statut doit garantir la meilleure rémunération avancée.

L’éventail des opinions exprimées par les lecteurs de la Voix du Congolais portait principalement sur qui doit et ne doit pas être considéré comme un évolué, le premier pas vers l’égalité juridique avec les Européens, c’est-à-dire les conditions, mais sans rejeter la colonisation.

Pendant ce temps, Louis Ballegeer, un avocat belge qui se considérait comme un défenseur des intérêts des Congolais, prônait un développement progressif en tant que collectif. Dans un texte inopportunément intitulé « Plaidoyer pour les Sauvages », il préconisait de la solution d’intégration et estimait que l’accent mis par l’État colonial sur les évolués représentait une menace pour la cohésion de la société. La formation d’une « classe évoluée », pensait-il, éloignerait encore plus ce groupe des masses. D’autre part, lui aussi a favorisé la moralisation des élites pilotées par des Européens, sans rejeter la colonisation.

Coincé au point de départ

L’indigénat était un système rassemblant conventions et principes légales édictées par la puissance coloniale et s’appliquant exclusivement aux dits indigènes. Sur la base d’une différence légitimée en termes racistes, la Belgique a adopté des lois spéciales et imposé des sanctions répressives, souvent collectives, avec l’aide de chefs traditionnels « indigènes », séduits ou créés et imposés.

Les Congolais doivent se demander si la ségrégation sociale et juridique ainsi que l’absence de droits civiques, de participation politique et de liberté d’opinion sont toujours à l’ordre du jour. Une chose est sûre, cet état d’esprit est prédominant et se reflète dans les articles de la loi électorale que je demande à la Cour constitutionnelle d’annuler.

Il est douteux qu’il y ait progrès car la nation est submergée de diplômés supérieurs à ceux que les écoles missionnaires accordent aux indigènes lors de la colonisation, mais aussi incapables de se transformer en intellectuels.

Des variantes de Lomami-Tshibamba et d’Antoine-Roger Bolamba occupent le devant de la scène politique alors que les Louis Ballegeers dictent aux Congolais les dialogues d’économie politique en RDC.  Les Congolais à l’intérieur et à l’extérieur du pays, comme tout le monde, défendent une version actualisée l’indigénat et applaudissent chaque « Plaidoyer pour les Sauvages » moderne.

Pour faire un bouquet de ces irrationalités, au XXIe siècle, les Congolais réclament un leader fort, un Bula Matadi, plutôt que de prospecter des leaders modernes.

Principe de discrimination positive

Tout d’abord, il est étonnant que les élections les plus importantes dans un système démocratique, celles qui ont lieu au niveau local, n’aient jamais eu lieu et que personne ne semble s’en soucier.

Qu’y a-t-il de mal à ce qu’un million de candidats se présentent pour n’importe quel poste ? et force est de constater que la prudence n’est pas une question d’argent puisque la CENI reçoit son budget de l’Etat. Donc, s’il y a discrimination, nous savons déjà comment le faire et le faire bien pour les électeurs. Si vous avez moins de 18 ans au dernier jour de l’inscription, quels que soient votre sexe, votre taille, votre situation économique, votre doctorat, vous ne pouvez pas voter.

Dans le même ordre d’idées, les candidats devraient être tenus de recueillir des pétitions, c’est-à-dire si un pauvre ou un riche, une femme ou un homme, un jeune ou un vieux convainc un certain nombre de personnes, disons 100 000 pour l’élection présidentielle, 50 000 pour la gouvernorat, pauvres, riches, femmes, hommes, jeunes ou vieux, du bien-fondé ou de la pertinence de sa vision et de sa politique, ou usant tout simplement l’outil favori des intellectuels pygmées, leur apparence ou billet de banque, au point qu’ils y souscrivent en apposant sa signature sur un papier, l’individu doit être autorisé à inscrire son nom sur la liste électorale. Et voilà !

L’énigmatique ligne de démarcation

Dans une démocratie, contrairement à la croyance primitive du tiers-monde, au lieu d’argent, il faut à un candidat ou groupe des arguments sociaux et économiques qui sous-tendent de nouvelles politiques pour faire de la politique. L’argent entre en jeu dans la diffusion des idées. La somme est basée sur l’analphabétisme technologique de l’équipe d’acteurs politiques. Bref, les élections dans une démocratie c’est avant tout une bataille d’idéologies plutôt que d’argent.

Il va sans dire que ceux qui savent peu sont souvent intolérants à un point de vue contraire au leur. L’amertume causée par les débats sur les questions publiques est proverbiale. De vieux amitiés ont été déchirés dans des disputes amères sur des notions de développement économique et de progrès social par des émotions primitives tel le tribalisme ; et lorsqu’une question vitale de ce sens engage différents groupes ou soi-disant experts, ils abandonnent souvent l’argument principal ou la question posée pour s’abuser les uns les autres.

Comment repérer une démocratie primitive ? on parle de groupes d’opposition, d’alternatives, plutôt que de différents courants de pensée, de changement. Dans le premier cas, il n’y a pas de fissures mais plutôt une continuité.

Les Congolais doivent trouver des moyens de coexister sur tous les plans en tant qu’individus dans ce qui est un sous-continent démographique et culturel, la RDC. Ceci est l’essence même de la démocratie, le marché des idées, de la créativité, le moteur de la prospérité au XXIe siècle. C’est ainsi que Jus soli est au cœur de la croisade des libéraux congolais, et l’individu au lieu de l’État est au centre de leur proposition de changer les politiques sociales et économiques nationales.

Pour que les élections de 2023 en RDC soient pertinentes, dont le reste du monde est paranoïaque à ce sujet, au lieu d’un autre tamponnement des egos d’une même école de pensée, l’affrontement idéologique entre les dogmes des congolais conservateurs et libéraux sur toutes les notions doit avoir lieu et soit par la suite tranché par le souverain primaire. Pour que cela se produise potentiellement, nous devons rendre la participation inclusive. Et c’est sur cela que porte ma requête à la Cour constitutionnelle.

Jo M. Sekimonyo

Auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique

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