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RDC : avis très défavorable à une énième intégration de miliciens dans l’armée nationale

Les dernières pressions exercées sur le président Félix Tshisekedi par les nations les plus impliquées dans le désordre et la frénésie meurtrière de la région pour négocier à Nairobi avec les milices et groupes armés qui terrorisent l’Est de la RDC nous a de nouveau sensibilisés aux préoccupations concernant la politisation de l’armée, ainsi que du corps diplomatique, de la communauté du renseignement et de la communauté des forces de l’ordre.

Bien que le sujet exige notre attention, il a largement échappé au niveau d’examen et de compréhension qu’il mérite. Peu d’entre nous comprennent le sujet, encore moins pourquoi il est important. Essayer de le définir est encore plus difficile.

L’armée congolaise appartient-elle au président ? La réponse est inconditionnellement non.

Nous sommes censés avoir un système de gouvernance basé sur la souveraineté populaire, le pouvoir du peuple, par et pour le peuple, l’armée, surtout une armée professionnelle, à plein temps et rémunérée, appartient au peuple qu’elle est chargée de représenter. Comme ce n’est pas tout à fait le cas, cela pose un problème.

Le président peut-il alors faire ce qu’il veut avec l’armée ? La réponse est encore une fois non, mais conditionnellement. La forme de gouvernement que nous avons choisie, la démocratie représentative, est constituée d’institutions égales et dotées d’un pouvoir constitutionnel, chargées de se contrôler et de s’équilibrer les unes les autres.

Lorsque la démocratie représentative est la forme de gouvernement choisie, le pouvoir du peuple réside dans l’autorité de ses représentants. En conséquence, le Congrès est censé exercer cette autorité avec l’assurance de contrôler l’armée. Là où cette autorité n’est pas exercée, le président, en tant que commandant en chef nommé par la Constitution, doit faire à peu près ce qu’il veut avec l’armée.

Le contrôle est régulièrement contesté, voire abusé. C’est le prétexte que les militaires doivent choisir entre la loyauté et le devoir, la dissidence et la désobéissance, le silence et la voix. C’est là que la politisation et la neutralité politique entrent le plus clairement en jeu dans une société aux connotations tribales, au pire partout.

La question que cela soulève est de savoir à qui s’applique la politisation de l’armée : simplement être influencé par la politique, ou activement biaisé, associé ou réellement impliqué dans la politique ? S’agit-il d’activités ou d’affiliations partisanes, de positions et de préférences politiques, ou de l’approbation d’hommes politiques, ou de la poursuite d’une fonction publique elle-même ? Mais plus important encore, la dissidence et la désobéissance compromettent le traitement objectif et équitable des autres, ou interférer avec la gouvernance démocratique, ou trahir les valeurs et principes professionnels ?

L’armée mérite d’être entendue dans l’intérêt d’un discours public sain, et ses dirigeants sont sans doute obligés de donner aux dirigeants civils leurs meilleurs conseils stratégiques.

Mais la politique implique l’utilisation du pouvoir individuel et collectif pour un avantage partisan dans la recherche et la tenue d’un poste et le contrôle de l’agenda du gouvernement. C’est là que la tradition veut que les militaires n’appartiennent pas et qu’on ne devrait pas s’attendre à ce qu’ils appartiennent.

Par ailleurs, est-il acceptable d’interdire à ceux qui portent l’uniforme de s’opposer à la politique, tout en leur permettant et en les encourageant de s’exprimer en faveur de la politique ? Pour y répondre il faut savoir si y a-t-il une distinction à faire entre la haute politique et la basse politique. La haute politique concerne la conduite de l’art de gouverner. La basse politique est la partisanerie, la rhétorique et la posture qui servent l’intérêt personnel des candidats/titulaires de charge et de leurs électeurs.

Ainsi, si un état idéal des relations civilo-militaires est celui qui demande des chefs militaires supérieurs qui fournissent des conseils stratégiques judicieux aux autorités civiles stratégiquement compétentes, il ne fait aucun doute que nous voulons et avons besoin des militaires impliqués dans la haute politique de l’art de gouverner ; mais pas dans les vilaines querelles intestines égoïstes de la basse politique.

Ne devrions-nous pas également faire la distinction entre la dissidence et la désobéissance ? Être en désaccord, c’est exprimer son désaccord. Désobéir, c’est, au sens le plus strict, refuser explicitement un ordre. Dans l’abstrait, le premier est généralement considéré comme sain, et le second malsain. Ces expressions d’opposition opposées sont au cœur de la politisation. Ils révèlent également de nombreuses ambiguïtés inhérentes à l’interprétation. Les deux prennent une autre dimension lorsqu’il s’agit d’un mélange tribal et militaire.

Quand la neutralité politique est-elle une raison réelle et légitime d’être apolitique, et quand n’est-elle qu’une couverture rhétorique pour la lâcheté ? ne pas se lever pour être compté quand ça compte, ne pas parler ou s’exprimer face au comportement flagrant et égoïste des « supérieurs » civils ou mettre votre réputation en jeu ? Ce sont des questions clés que ces milices ne présentent en tant qu’organisations terroristes que pour masquer leur véritable intention et leur identité.

À bien des égards, le genre importé du tribalisme a de plus en plus transformé la RDC en une gigantesque république bananière ; et la politisation de l’armée et d’autres institutions de sécurité clés en est l’un des reflets les plus flagrants.

Dire que la sensibilisation et la compréhension du public est la réponse semble trop boiteux à moitié ; pourtant c’est une grande partie de la réponse. Face à des politiciens pour qui la politisation est le personnel de la vie, un Congrès entropique et dysfonctionnel,  et un grand public apathique et mal informé partageant tous l’appréciation superficielle du sujet traité, un appel à une plus grande enquête et délibération publiques est plus qu’approprié.

Cependant, c’est l’armée en uniforme elle-même, et plus particulièrement le président en tant que son chef suprême, qui doit non seulement assumer le fardeau d’affronter et de résister à la politisation dont elle a trop longtemps souffert en intégrant des armes pour apaiser les tueurs en série et quelques très mauvais Napoléons, mais aussi réveiller l’opinion publique (et ses élus fonctionnaires) aux implications démocratiques et politiques de constitutions manifestement politisées. On pourrait dire que c’est leur devoir.

NBSInfos.com

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