Éditoriaux

RDC : le gouvernement Suminwa a failli, il faut repartir à zéro

Depuis sa nomination, le gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa a soulevé l’espoir d’un changement véritable. Un vent nouveau semblait souffler sur la République démocratique du Congo, avec des promesses de réformes, de justice sociale, de développement, et surtout de sécurité. Mais aujourd’hui, plusieurs mois après son investiture, le constat est amer, accablant, et même révoltant : le gouvernement Suminwa a failli à sa mission. Pire encore, il semble s’être éloigné des réalités du peuple pour s’enfermer dans les schémas politiques classiques, faits de privilèges, de négligences et de mépris du bien commun.

Une insécurité galopante et sans réponse

L’une des premières responsabilités d’un gouvernement, c’est de garantir la sécurité des citoyens. Or, de Kinshasa à Goma, de Beni à Kwamouth, les Congolais vivent dans la peur. Les tueries se multiplient, les groupes armés prolifèrent, les zones rouges s’élargissent. Malgré les discours officiels et les visites symboliques, aucun plan concret n’a été mis en œuvre pour enrayer durablement l’insécurité. On ne gère pas un pays avec des promesses creuses ni des messages de compassion à la télévision. La sécurité n’est pas une émotion, c’est une action.

Un échec économique manifeste

Alors que le coût de la vie grimpe en flèche, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) reste scandaleusement bas. Pendant que les ministres roulent en véhicules de luxe, la majorité des Congolais n’arrivent plus à se nourrir convenablement. Dans ce contexte, comment justifier que plus de 85 millions de dollars aient été dépensés pour sponsoriser des clubs de football européens, alors même que nos hôpitaux manquent de lits, que nos écoles s’écroulent et que nos enseignants survivent plutôt que vivre ? C’est une gifle infligée à une population déjà meurtrie.

Énergie, emploi, routes : les grandes promesses oubliées

Le déficit énergétique est chronique. Kinshasa, capitale du pays, s’enfonce régulièrement dans le noir, pendant que des barrages potentiels comme Inga demeurent inexploités. Le rêve de l’électrification rurale a disparu des radars. Et que dire de l’emploi des jeunes ? Ces jeunes à qui l’on a promis des millions de postes se retrouvent encore et toujours dans les ghettos de l’oisiveté, du chômage, ou dans les bras de la délinquance.

Nos routes, elles, sont dignes d’un pays en guerre. Nids-de-poule, poussière, inondations, coupures… La logistique nationale est un cauchemar. Comment un pays aussi vaste peut-il prétendre au développement sans investir sérieusement dans ses infrastructures de base ?

Éducation et savoir : la grande humiliation

Sur la scène africaine, aucune université congolaise ne figure dans le classement des 70 premières institutions du continent. Un tel résultat n’est pas un hasard : il est le reflet d’un abandon programmé du secteur éducatif. Laboratoires inexistants, enseignants sous-payés, étudiants sans bourses… Comment rêver de devenir une nation forte quand le savoir est méprisé ? L’éducation est le pilier de toute renaissance. Et aujourd’hui, ce pilier est fissuré de toutes parts.

Une police contre le peuple

Nos forces de l’ordre, loin d’inspirer confiance, sont perçues comme des agents d’intimidation et de violence. Il suffit d’un mot, d’un geste, ou d’une simple manifestation pacifique pour que la gâchette soit facile. La police congolaise n’est pas encadrée, elle n’est pas éduquée à servir le peuple, mais à lui faire peur. Là encore, où est le plan de réforme ? Où est la volonté politique de professionnaliser ces corps censés protéger et non persécuter ?

Il est temps de tout recommencer

Face à cette faillite multidimensionnelle, il ne suffit plus de remplacer une tête ou deux, ni de prononcer des discours convenus. Il faut repartir à zéro. Cela signifie :

Dissoudre ce gouvernement inefficace.

Nommer de nouvelles figures, compétentes, intègres et ancrées dans les réalités du pays.

Mettre fin à la politique des récompenses entre amis et instaurer une véritable méritocratie nationale.

Rendre compte au Parlement et au peuple de chaque franc dépensé.

Recentrer l’action publique sur la sécurité, l’éducation, la santé, les infrastructures, l’énergie et l’emploi.

Le président Félix Tshisekedi doit comprendre que la patience du peuple n’est pas éternelle. Gouverner ne signifie pas gérer des alliances politiques, mais changer concrètement la vie des citoyens. Si ce gouvernement continue dans cette voie, il portera la lourde responsabilité d’avoir trahi l’espoir d’un peuple qui croyait, encore une fois, à un renouveau.

Il est temps, Monsieur le Président, de chasser les incompétents, de rompre avec les habitudes politiques anciennes et de donner à la RDC une nouvelle chance. Car cette nation, si riche, si belle, si puissante dans ses potentialités, mérite mieux. Beaucoup mieux.

Nbsinfos.com

roi makoko

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