Éditoriaux

RDC – élections 2023 : Jo M. Sekimonyo dénonce le conseil d’État de trainer leur pas de se prononcer sur sa candidature à la présidentielle

On me reproche souvent de faire de la politique à l’américaine en RDC. Cela pourrait être vu ainsi parce que ma démarche et mes stratégies pour faire de la démocratie congolaise une démocratie sont étroitement liées à des positions idéologiques au lieu d’être ancrées sur ce qui est établi comme une réalité humiliante ou pour plaire à une soi-disant autorité morale.
Il n’est donc pas surprenant que j’aie choisi pour rester cohérent avec ma position idéologique qui met en avant mon combat pour le droit des citoyens ordinaires à participer à notre démocratie, non seulement en tant qu’électeurs mais, surtout, en tant que candidats.
Sur la base de ce principe, il y a une bataille au Conseil d’État avec l’État et la CENI au sujet de ma candidature à l’élection présidentielle de cette année.


En raison d’un « trébuchement » administratif imprévu au Conseil d’État, au lieu du vendredi 29 septembre 2023, l’audience sur la requête en référé-liberté ROR 697 s’est tenue le lundi 2 octobre 2023. Le juge a insisté pour que nous déposions la note de plaidoirie dans les 24 heures afin qu’il puisse à son tour statuer 48 heures plus tard, le mercredi ou jeudi, le délai requis pour une requête en référé-liberté.
Ce qui a été fait. Je l’ai déposé le mardi 3 octobre 2023.


Cela a laissé une large marge de manœuvre au Conseil d’État avant que la CENI ne clôture l’accueil des candidats à l’élection présidentielle le dimanche 8 octobre 2023 à 15 heures.


Malheureusement, pour une raison que je ne peux ni expliquer ni justifier, le même juge qui semblait soucieux de rendre son jugement dans les 48 heures, a laissé le temps s’écouler.

Pendant ce temps !


Il n’y a pas longtemps que j’ai été approché par un homme frêle qui m’a avoué qu’il mourait de faim. Comme je n’ai pas d’habitude d’argent liquide sur moi, j’ai demandé à un de mes collègues de lui donner ce qu’il avait. Ensuite, j’ai curieusement demandé à l’homme pour qui il voterait à la prochaine élection présidentielle, il m’a répondu, le président Tshisekedi. J’ai alors demandé pourquoi, il a répondu à cause de son « social », programme social ce que je suppose. Et cette ironie peut démontrer à la fois la naïveté ou désarrois du peuple congolais, pour la plupart pauvre et quotidiennement humilié socialement et économiquement, mais beaucoup plus combien les accrochages entre acteur politiques sont hors de propos.


Nous subissons aujourd’hui les conséquences du débat que j’ai initié l’année dernière à la Cour constitutionnelle sur les lois électorales, sur lesquelles cette Cour refuse de se prononcer et a été largement ignorée par l’opinion publique.
D’une part, parce que le recours à la caution au lieu des pétitions comme je le préconisais, au niveau des élections législatives, les Congolais sont appelés à trier des grosses poubelles. Et il ne devrait être surprenant que des personnes, soi-disant autorités morales, qui ont pu aligner et payer la caution pour leurs candidats et qui ont rempli les conditions de recevabilité de leurs listes soient à la tête des institutions publiques et des ministres.


On peut aussi se pleurnicher qu’il n’y ait qu’une seule femme sur la liste actuelle de 24 candidats à la présidentielle. C’est également à cause de la notion de caution. Je suis plus que certain qu’en utilisant les pétitions, le nombre et la qualité des femmes à l’élection présidentielle seraient bien meilleurs.


Malgré cela, ce qui est plus inquiétant, c’est que les candidats commencent déjà à aboyer les uns contre les autres au lieu de présenter leur menu et de s’affronter sur les questions qui tiennent à cœur au peuple congolais. Comment briser l’humiliation sociale, politique et surtout économique que subit les congolais depuis plus d’un siècle ?
Je crois sincèrement que c’est parce que sur le plan idéologique, qu’il soit social, politique ou économique, il n’y a aucune différence entre eux. Ils proposent tous aux Congolais de faire mieux ce qui s’est avéré faux depuis l’indépendance de notre nation.

Etat de droit


On dit que la justice élève la nation. J’ai dit que la justice est ce qui justifie l’existence d’une nation en tant que ciment social et politique chargé de créer une notion de certitude pour le commerce. Ce faisant, la citoyenneté devient une expérience agréable pour tous.
Concernant la bataille au Conseil d’Etat, il n’y a aucune raison de paniquer. Toute âme saine qui pourrait digérer et comprendre la manœuvre de mon équipe, conclurait que je suis dans le bon. Même si la CENI crie fin du match et victoire, elle devra se plier à l’arrêt de la cour.
Pire encore pour le Conseil d’Etat, le nœud est devenu encore plus complexe et plus serré au niveau du cou. Si la cour s’était prononcée dans le délai de 48 heures, que ce soit mercredi ou jeudi, et s’était rangée pour un mauvais motif du côté de la CENI, mon équipe aurait eu suffisamment de temps pour s’ajuster et mettre en œuvre rapidement le plan B.


Là encore, je ne nierais pas avoir vécu à plusieurs reprises certaines bévues de la part d’acteurs paranoïaques dans leur quête de protection du système ou du pouvoir en place par tous les moyens nécessaires.


J’appelle donc le président Félix Tshisekedi à s’impliquer non pas en sa qualité actuelle de candidat à la réélection, mais en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, pour que le Conseil d’État tranche avant l’échéance de validation des candidatures présidentielles expire. Et le Conseil d’État doit être tenu responsable et reconnaître les erreurs commises en laissant passer le temps et faire le nécessaire pour que je puisse jouir de mes droits de candidat à la présidentielle cette année.


Au-delà de son héritage et de la crédibilité qu’il recherche pour le cycle électoral actuel, c’est une question de pertinence.


Jo M. Sekimonyo

roi makoko

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