La République démocratique du Congo vient de décrocher la médaille en bronze en étant couronnée quatrième nation la plus pauvre de la planète. Vu le ton et l’expression des élections de l’année dernière, on peut dire que nous sommes tous complices, ou plutôt, que nous contribuons joyeusement à cette descente fulgurante au bas de toutes les échelles sociales et économiques mondiales. Bravo à nous !
Depuis janvier, je me sens comme une boule de cristal ambulante, avec des gens me demandant si le deuxième mandat de Tshisekedi va ressembler à un remix du premier. Pour donner une réponse digne de ce nom, j’ai attendu sagement la liste du nouveau gouvernement. En tout cas, ça m’a donné une idée plus claire de ce qui nous attend, et peut-être même des différences entre les deux mandats.
L’État prime sur les citoyens ?
L’orientation idéologique du chef de l’exécutif est cruciale, car elle influence les politiques et réformes à mettre en place. Par exemple, une politique économique libérale encouragerait les investissements privés, tandis qu’une orientation sociale renforcerait les programmes éducatifs et de santé. Cette dimension idéologique est essentielle pour anticiper les priorités et les différences entre les mandats.
En examinant la feuille de route tracée par la Première ministre lorsqu’elle était ministre du Plan, une préoccupation majeure est le passage d’une économie agricole à une industrialisation. Cependant, je considère cela comme une approche franchement primitive en matière d’économie politique. L’absence de considération pour l’augmentation du salaire minimum et l’ignorance totale du fait que l’industrialisation ne garantit pas nécessairement la modernisation sont des points préoccupants.
Ce qui, à mon avis, est encore plus alarmant, ce sont les promesses faites par l’État de créer des emplois plutôt que de créer un environnement propice à la création d’emplois par les individus. Et avec quelqu’un comme M. Mukoko en tant que metteur en scène donne l’impression de maintenir l’ancien esprit des années 80 et les pratiques coloniales pour le développement d’une nation, une approche qui n’était pas adoptée par les anciennes métropoles. De plus, l’accent mis sur le contrôle plutôt que sur la régulation est troublant.
En surface, le jonglage des indicateurs et des chiffres va donner l’impression que l’économie s’améliore, comme sous Matata Ponyo, le budget de l’état va s’accroitre mais n’aura guère d’impact sur la vie quotidienne des Congolais.
Le partage du gâteau
Une coalition représente une fusion négociée de programmes où chaque partie conserve son idéal politique. Par exemple, dans une coalition entre un parti écologiste et un parti centriste, des compromis peuvent être faits pour intégrer les préoccupations environnementales tout en maintenant une approche modérée de la croissance économique. Cette structure permet de concilier différentes visions tout en respectant les valeurs de chaque membre. C’est ainsi que nous pouvons comprendre les dynamiques internes et les priorités stratégiques qui influenceront les politiques gouvernementales à venir.
Mais en RDC, la formation du gouvernement tout comme à du bureau l’Assemblée nationale ne correspond pas strictement à une coalition traditionnelle. Il s’agit plutôt de compromis et d’accords entre les différents hommes forts de la majorité parlementaire, révélant ainsi des indications importantes sur l’orientation du gouvernement. Autrement dit, c’était une tentative d’équilibrer les diverses aspirations de ses membres sans nécessairement suivre une idéologie spécifique ou programme.
De plus, les frustrations exprimées par ceux qui n’ont pas été inclus dans le gouvernement semblent être davantage liées au sentiment de ne pas avoir été récompensés pour leurs efforts lors de la campagne électorale en faveur du président Tshisekedi et pour avoir assuré une super majorité parlementaire. Cette situation soulève des doutes quant à la priorité accordée par la majorité parlementaire à l’amélioration de la qualité de vie des citoyens.
En somme, cette observation soulève des questions fondamentales sur les motivations et les priorités de l’exécutif et du législateur, mettant en lumière l’absence d’une approche plus centrée sur les besoins et les intérêts des citoyens.
Verdict ?
Politiquement, le président Tshisekedi a déjà prouvé que c’est son terrain de jeu préféré. On peut donc s’attendre à ce qu’il marque quelques buts supplémentaires lors de son deuxième mandat. Cependant, sur le plan social et économique, c’est une autre histoire. Disons qu’il n’a pas exactement le GPS idéologique pour guider la RDC vers la prospérité. En fait, il faudrait une armée d’exorcistes pour moderniser sa vision économique et faire passer la RDC du bas des classements mondiaux à une position plus enviable.
D’un autre côté, même si la porte tournante entre l’exécutif et le législatif handicape la capacité du gouvernement à maintenir le cap ou à prendre des mesures bénéfiques, les institutions fonctionnent mieux avec une opposition qui joue réellement son rôle de contre-expertise. Malheureusement pour les Congolais, mais heureusement pour Tshisekedi, l’opposition semble affligée des mêmes maux que la majorité parlementaire : un manque d’idéologie et de volonté, pour ne pas dire une inaptitude à jouer le rôle de contre-expert. Ils se contentent souvent de dire « non » sans offrir d’alternatives.
Bref, la question n’est plus de savoir si le second mandat de Tshisekedi sera meilleur que le premier, mais plutôt comment éviter que la qualité de vie des Congolais ne se dégrade davantage. Et quant à la solution, comme pour la guerre à l’est, ma recette est largement accessible dans les médias depuis des années. Spoiler : il n’y a pas de solution miracle, mais un peu de bon sens et un revirement idéologique sur le plan de politique économique ne ferait pas de mal.
Jo M. Sekimonyo
Écrivain, théoricien, défenseur des droits de l’Homme et économiste politique
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