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Canada : la pandémie a eu peu d’impact sur les ventes légales de cannabis

La pandémie a vu un boom des ventes légales de cannabis récréatif à travers le Canada. De mars 2020 à février 2021, les ventes ont totalisé 2,5 milliards de dollars , soit le double des 1,25 milliard de dollars des 12 mois précédents. Des enquêtes ont également signalé plus de consommateurs de cannabis et une consommation plus fréquente en 2020 que l’année précédente.

Les augmentations ont souvent été imputées, malgré le manque de preuves, à la pandémie de COVID-19 et aux perturbations sociétales connexes. Beaucoup de gens étaient coincés seuls à la maison et se sentaient stressés. Certains commentateurs sont ensuite revenus sur leurs affirmations après qu’il soit devenu clair qu’il n’y avait pas de données pour les étayer , mais le récit persiste toujours .

Bien qu’il s’agisse d’une anecdote convaincante, nos nouvelles recherches ont révélé que la croissance des ventes de cannabis était plus susceptible de provenir de l’expansion de l’industrie que de la pandémie .

Une industrie en pleine expansion

Le nombre de magasins agréés a augmenté rapidement après que le Canada a légalisé le cannabis récréatif en octobre 2018. Il y avait à peine plus de 100 magasins ouverts ce premier mois, mais en mars 2019, ce nombre avait doublé et en février 2021, le total avait atteint 1 500.

Les ventes mensuelles à l’échelle nationale ont commencé à 42 millions de dollars en octobre 2018 et ne totalisaient toujours que 59 millions de dollars en mars 2019. Mais en février 2021, elles dépassaient 262 millions de dollars. Les ventes nationales dépassent désormais 347 millions de dollars par mois, en partie grâce à la présence d’au moins 3 100 magasins sous licence.

Nous savons que la croissance des ventes était en partie liée à la croissance des magasins , mais la sélection de produits s’est également élargie à mesure que davantage de producteurs et de formats de produits sont entrés sur le marché. Plus particulièrement, les aliments, les boissons et les huiles de vapotage infusés au cannabis ont commencé à arriver dans les rayons des magasins en janvier 2020. Les vapos de cannabis sont rapidement devenus le deuxième format de produit le plus vendu après le cannabis à fumer.

Pas de bond des ventes en mars 2020

Notre équipe de recherche multidisciplinaire a analysé les ventes mensuelles de cannabis récréatif par habitant, à l’échelle nationale et provinciale, à l’aide des données de Statistique Canada de mars 2019 à février 2021. Cela couvrait les 12 premiers mois de la pandémie et les 12 mois qui l’ont précédée.

Étonnamment, nous n’avons trouvé aucun signe d’une augmentation soutenue des ventes après la pandémie de mars 2020. De nombreux magasins ont été frénétiquement occupés pendant quelques jours alors que les gens s’approvisionnaient avant le début des fermetures, mais ces brèves poussées ont apparemment été contrebalancées par des jours plus calmes par la suite. Au lieu de cela, nous avons détecté une petite baisse des ventes en janvier 2020 qui provenait vraisemblablement de consommateurs qui ont réduit leurs dépenses après les vacances.

Nos calculs ont révélé une modeste accélération de la croissance des ventes d’un mois sur l’autre en 2020. Cependant, cette impulsion a davantage coïncidé avec l’arrivée des vapos et autres nouveaux produits en janvier, plutôt qu’avec le début de la pandémie en mars.

Dans l’ensemble, nous n’avons constaté aucune augmentation des ventes de cannabis liée à la pandémie suffisamment importante pour inquiéter les régulateurs ou intéresser les économistes. Au lieu de cela, la croissance semblait largement due à l’augmentation continue des magasins et des produits.

Les implications de la croissance

Il est important de comprendre pourquoi les ventes de cannabis ont augmenté, car les régulateurs canadiens doivent comprendre que l’augmentation était une caractéristique de l’industrie, et non un effet secondaire de la pandémie. Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient en tenir compte lorsqu’ils travaillent à ajuster la réglementation sur le cannabis.

L’absence d’effets pandémiques durables sur les ventes est également importante pour les entreprises de cannabis. La pandémie a sûrement augmenté la complexité et les coûts d’exploitation des producteurs, mais on ne peut pas lui reprocher des revenus en demi-teinte.

Nos résultats sont également pertinents pour la santé publique. Entre 2018 et 2020, le pourcentage de Canadiens qui ont déclaré consommer du cannabis est passé de 14 % à 20 % . La proportion déclarant une consommation quotidienne ou quasi quotidienne a également grimpé à 7,9 %, contre 5,4 %. On estime qu’un tiers de ces utilisateurs pourraient éventuellement développer un trouble lié à la consommation de cannabis.

Notre recherche implique fortement que les impacts économiques ne sont pas une anomalie temporaire de la pandémie. Cela suggère également que la pandémie n’est peut-être pas une bonne explication de l’augmentation de la consommation de cannabis.

Problèmes de santé liés au cannabis

Les premiers indicateurs suggèrent que l’augmentation de la consommation régulière pourrait entraîner d’autres effets nocifs sur la santé. Par exemple, les visites liées au cannabis dans les salles d’urgence partout au Canada ont considérablement augmenté en 2020 et 2021.

Nos conclusions pourraient également intéresser les décideurs à l’extérieur du Canada. De nombreux autres pays, allant de Malte  au Mexique , sont en train de légaliser le cannabis.

Pendant ce temps, le Congrès américain continue de se débattre avec la législation sur le cannabis . L’Amérique a cruellement besoin de réviser son patchwork désordonné de lois sur le cannabis , mais ses politiciens n’ont pas été en mesure de s’entendre sur la manière de procéder.

Mieux comprendre l’expérience de légalisation du Canada peut non seulement informer les organismes de réglementation, les entreprises et les fournisseurs de soins de santé canadiens, mais aussi offrir des leçons à de nombreux autres pays.

Michael J.Armstrong

Professeur agrégé, Recherche opérationnelle, Université Brock

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