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Canada : la disparition de «l’agriculteur moyen»

L’industrie agricole du Canada a subi d’importants changements au cours des 45 dernières années. Depuis les années 1970, le nombre d’exploitations n’a cessé de diminuer, mais toutes les exploitations n’ont pas été touchées de la même manière – les exploitations de taille moyenne ont été les plus durement touchées , à mesure que le nombre de petites et de grandes exploitations augmente.

La catégorie des fermes de taille moyenne couvrait autrefois la majorité des exploitations agricoles. Celles-ci étaient généralement exploitées par un seul agriculteur travaillant à plein temps pour subvenir aux besoins d’une seule famille agricole. Aujourd’hui, il existe une gamme de tailles d’exploitations, les plus petites étant souvent exploitées par des agriculteurs ayant un emploi hors ferme, et les plus grandes étant exploitées par plusieurs agriculteurs.

Alors que les fermes de taille moyenne étaient autrefois la ferme moyenne , il est maintenant difficile de définir ce qu’est la ferme moyenne. Cela a des implications sur la détermination de la nécessité d’une intervention politique et sur ce à quoi cette politique ressemblera. Il est clair que l’approche uniforme de l’élaboration des politiques ne fonctionne plus.

Changements dans la taille de la ferme

L’évolution de la taille des exploitations au cours des deux dernières générations est illustrée de plusieurs manières. La première est attribuable à la baisse du nombre total de fermes au Canada. Le nombre d’exploitations a diminué de 44 % , passant de 338 552 exploitations en 1976 à 189 874 exploitations en 2021.

Deuxièmement, il y a eu une baisse significative du nombre d’exploitations de taille moyenne. Bien que le nombre total d’exploitations ait diminué, la baisse est particulièrement évidente parmi les exploitations de taille moyenne. En 1976, la plupart des fermes étaient de taille moyenne, mais en 2021, ce nombre avait diminué de 59 % pour atteindre 21 587.

Troisièmement, il y a eu une augmentation de la part des catégories de taille d’exploitation les plus petites et les plus grandes. Le nombre de grandes fermes est passé de 7 868 en 1976 à 16 966 en 2021. Le nombre de petites fermes est demeuré relativement constant à 12 000 depuis 1976, mais cela représente maintenant 7 % du total, alors qu’il ne représentait que 4 % en 1976.

Enfin, la forme de la distribution de la taille des exploitations est passée d’une distribution normale en forme de cloche en 1976 à une forme plus plate et plus uniforme en 2021. Les exploitations sont désormais réparties plus également entre les différentes catégories de taille. Il met en évidence le passage de l’agriculteur moyen, qui est typique de la catégorie de taille moyenne, à des exploitations plus susceptibles d’être petites ou grandes.

Un secteur agricole en mutation

Le changement dans la distribution de la taille des exploitations a plusieurs implications cruciales. La première est que les plus grandes fermes représentent une part croissante de la production alimentaire globale au Canada.

Alors que 4 % des fermes n’ont réalisé aucune vente en 2021, 10 % des fermes ont réalisé des ventes de plus d’un million et 4 % de plus de deux millions, ce qui signifie que 10 % de toutes les fermes génèrent désormais plus des deux tiers des ventes. au Canada. Les 70 % de fermes dont les ventes sont inférieures à 250 000 $ représentent moins de 10 % des revenus totaux du secteur agricole.

L’augmentation de la taille des fermes et des ventes peut être attribuée en grande partie aux progrès technologiques des 45 dernières années , qui ont permis aux gens de gérer eux-mêmes de plus grandes superficies. Les fermes canadiennes ont dû évoluer et se moderniser pour suivre l’évolution du paysage agricole.

Les exploitations agricoles doivent désormais opérer sur un marché hautement concurrentiel avec de faibles marges et, à ce titre, elles ont dû augmenter à la fois en taille et en main-d’œuvre pour générer des revenus suffisants. D’autres fermes se sont adaptées en vendant des produits alimentaires au prix fort pour pouvoir exister à plus petite échelle.

Politique de soutien nécessaire

L’évolution de la répartition par taille des exploitations agricoles canadiennes a également d’importantes répercussions sur les politiques. Il n’y a plus un agriculteur moyen qui peut être ciblé par des programmes de vulgarisation ou de gestion des risques commerciaux. Au lieu de cela, il y a une part de plus en plus importante d’exploitations ayant des besoins distincts et, par conséquent, des approches politiques distinctes sont également nécessaires.

Par exemple, si les produits locaux et le développement rural sont les objectifs de la politique, il est nécessaire de prendre en compte les petites exploitations pour créer des politiques agricoles globales. Cependant, si la durabilité et la compétitivité du secteur sont les objectifs politiques, l’accent doit être mis sur les grandes exploitations qui gèrent le plus de terres et génèrent le plus de rendement.

Afin de maintenir la diversité de la taille de ses exploitations, le Canada a besoin d’une variété de politiques pour soutenir les petites, moyennes et grandes exploitations. En particulier, les décideurs devraient chercher à soutenir les petites et moyennes fermes sans discriminer les grandes fermes , car elles jouent un rôle essentiel dans l’économie alimentaire canadienne.

Cela est possible, mais nécessitera un dialogue entre l’industrie agricole et le gouvernement afin de traiter de manière appropriée la stratification qui a eu lieu.

Alfons Weersink

Professeur, Département d’économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources, Université de Guelph

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