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Agression rwandaise sur le sol congolais : « Si le président Félix Tshisekedi a opté pour la voie diplomatique, c’est pour éviter les pertes en termes des vies humaines et matérielles. Toutefois, il n’exclut pas la voie militaire », estime Laurent Mbuyamba

La situation sécuritaire et humanitaire empire dans l’Est de la RDC. Ce pays est agressé par les groupes rebelles. Par conséquent, le pays devient instable. Étant expert en Intégration régionale, M. Laurent Mbuyamba répond aux questions de Nbsinfos.com où il est revenu sur l’option prise par le gouvernement congolais pour désamorcer la crise. Selon lui, si Félix Tshisekedi a opté pour la voie diplomatique, c’était pour éviter les pertes en termes des vies humaines et matérielles. Toutefois, il n’exclut pas la voie militaire, car elle marche avec la diplomatie. Elles constituent deux éléments sur lesquels repose la force d’un pays dans ses rapports internationaux. Aussi, est-il revenu sur les relations nouées avec la RDC avec la Communauté d’Afrique de l’Est pour aboutir aux échanges commerciaux.

1. Étant aussi expert en Intégration régionale. Comment réagissez-vous à l’appel lancé au Sommet USA-Afrique par le président américain Joe Biden aux dirigeants africains de ne pas se laisser faire face l’influence russe ?

Chaque pays travaille au gré de ses intérêts. Lors du 42e Sommet de la Sadc, les États membres avaient dénoncé cette attitude des USA qui tend à punir les États africains qui vont coopérer avec la Russie. La Sadc s’était dite non concernée par la loi américaine votée dans ce sens. Donc, les pays africains en majorité ont prôné le non alignement, notamment dans les conflits entre l’occident et la Russie. 

2. Face aux agressions rwandaises sous couvert du M23 sur le sol congolais, le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi insiste sur la voie diplomatique pour désamorcer la crise. Selon vous, la diplomatie peut-elle faire taire les armes dans cette partie du pays ?

En ce qui concerne la deuxième question, il faut savoir que l’armée et la diplomatie sont comme deux faces d’une même médaille. Elles constituent deux éléments sur lesquels repose la force d’un pays dans ses rapports internationaux. Négliger l’un au profit de l’autre serait une erreur, parce que ce que l’on ne peut pas obtenir par les armes, on peut l’obtenir par la diplomatie et vice versa. Il n’est pas facile de l’emporter sur une guerre ayant des complicités des puissances étrangères pour le contrôle des ressources naturelles, mais la référence aux instruments juridiques internationaux comme la charte de l’Organisation des nations unies (ONU) et les différents traités peut amener diplomatiquement les autres à vous appuyer au nom des valeurs et de la moralité internationale (paix, non agression, droits de l’Homme…). Aussi, on ne saurait oublier que la coopération depuis la fin de la deuxième guerre mondiale est présentée par la charte des Nations unies comme le moyen civilisé d’acquisition des biens. Dans ce contexte de la mondialisation, on parle de plus en plus de l’intégration régionale. Ceci constitue l’aspect diplomatique de la question.

Pour ce qui est de l’aspect militaire, il vaut son pesant d’or, parce que la force de la diplomatie est dans certaines mesures tributaire de la force armée. Autrement dit, la solution diplomatique rapide dépend aussi du rapport de force sur le théâtre de conflit. Une armée dissuasive ou une forte pression militaire pousse l’ennemi à négocier et même à faire de larges concessions lors des négociations diplomatiques. Donc, la diplomatie et l’armée ont des activités inextricablement liées. C’est pour cela qu’en diplomatie, on parle des notions telles que la guerre partielle quand le but est d’amener l’ennemi sur la table de négociation et de la guerre totale quand on a la possibilité de tout obtenir rien que par la guerre. Dans le contexte actuel où tous les instruments juridiques internationaux prônent la résolution pacifique des différends, la théorie de la guerre totale ne peut fonctionner que difficilement. Donc, la diplomatie et la force militaire sont liées, car la mise en œuvre de l’un en ignorant complètement  l’autre serait une erreur.

Si le chef de l’Etat insiste sur la voie diplomatique, c’est certainement pour la simple raison qu’elle permet d’éviter des pertes en termes des vies humaines et matérielles. En scrutant la situation, il se serait rendu compte que la RDC peut s’en sortir en usant de la diplomatie. Mais, je ne pense pas qu’il ait dit qu’il faut ignorer la voie militaire. 

3. En mars de cette année, la RDC a été admise au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est. Aujourd’hui, peut-on parler des avancées enregistrées en ce qui concerne les échanges commerciaux ?

En l’absence des statistiques fiables, il est hasardeux de se prononcer avec précision sur la question, mais de manière générale tout observateur averti sait que l’insécurité ne peut nullement faire bon ménage avec la promotion du commerce.   Il est vrai qu’il existe un grand potentiel commercial  entre la RDC et les pays de l’EAC.

4. L’Est du pays est toujours en proie à l’insécurité grandissante, la situation sécuritaire empire, la crise humanitaire….alors qu’on tend vers la tenue des élections en 2023. Quelle est votre lecture ?

L’intensification des actes de violence à la suite de la pression militaire et diplomatique exercée par le chef de l’Etat et le gouvernement congolais constitue les signes avant coureurs du dernier soupir de cette agression que l’on veut faire passer pour une rébellion pour continuer à faire main basse sur les ressources naturelles de la RDC. Il faut donc garder l’optimisme quant à la tenue des élections sur toute l’étendue de la RDC en 2023.

5. La RDC avait imposé une guerre économique contre le Rwanda après les attaques meurtrières par les rebelles du M23 dans le sol congolais. Est-ce que cette guerre a-t-elle changé la donne ? Si non,  comment peut-on gagner cette guerre économique ?

Oui beaucoup de choses ont changé. D’abord tout le monde sait que l’économie rwandaise est fortement dépendante de la RDC. La suspension des accords économiques combinée à la mise en œuvre de l’état de siège dans l’Est de la RDC a eu un impact négatif sur l’économie rwandaise. Le coup est tellement fatal que l’agitation du côté Rwandais a fini par prouver à l’opinion tant nationale qu’internationale que le Rwanda fonde l’essentiel de son économie sur la déstabilisation de la RDC. Ce qui constitue un avantage à capitaliser par le gouvernement pour restaurer la paix à travers l’usage des instruments juridiques internationaux. L’on peut à ce jour constater que le Rwanda est presque sans argument, chaque fois que la RDC l’accuse d’agression au niveau des organisations internationales, régionales et sous régionales.

Propos recueillis par notre correspondant

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