Etienne Tshisekedi n’est plus, son parti l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) aussi ! Mon argument est fondé sur l’idéologie qu’offrait cette formation politique. Le décès du «Sphinx de Limete» a consacré l’explosion de son parti politique. La guerre a bien éclaté lors de la restructuration du rassemblement de l’opposition qu’il dirigeait avant de mourir. À ce jour, le parti présidentiel se meurt sous l’oeil du chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi ( Président national ). Bien qu’elle soit au pouvoir, cette organisation, qui a lutté plusieurs années dans l’opposition, bat de l’aile.
L’actuel secrétaire général du parti Augustin Kabuya est désavoué par la majorité des militants. En effet, les affrontements et accusations entre les pro et anti-Kabuya deviennent quotidiens à l’UDPS. Bref, la crise a atteint son paroxysme.
Le 11 août 2024, la Convention démocratique du parti (CDP) a destitué définitivement le secrétaire général. Pour assurer la continuité à la tête du parti, la CDP a désigné Déogratias Bizibu Balola, jusqu’alors secrétaire général adjoint chargé des questions politiques et administratives, comme secrétaire général intérimaire pour une durée de six mois.
Pour moi, je pense qu’iI s’agit de l’acte qui cristallise les tensions déjà palpables, opposant deux camps irréconciliables.
À chacun son « UDPS »
Analysons ensemble la sortie médiatique du député national André Mbata, élu sous la bannière de l’UDPS.
Il est allé au fait en dépeignant son collègue Augustin Kabuya comme « l’un des plus piètres dirigeants » que l’UDPS n’a jamais connu. Quant à l’ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale, Kabuya aurait trahi les idéaux de leur organisation politique. Il l’accuse de se livrer à des pratiques contraires aux valeurs prônées par le cofondateur, le feu Étienne Tshisekedi Wa Mulumba (père biologique de l’actuel chef de l’État, Félix Tshilombo).
Pire encore ! Les militants pro-Kabuya et les frondeurs s’attaquent sur la toile. Des injures vont de tous les sens. Ce conflit d’intérêts s’est réellement cristallisé.
En dépit de cela, les inconditionnels du SG Kabuya ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une « mascarade ». Pour eux, la destitution de Kabuya est une farce orchestrée par une minorité de frondeurs.
UDPS au banc des accusés
Dans les systèmes compétitifs, les partis sont organisés pour gagner les élections.
Dans les régimes autoritaires, ils sont établis pour contrôler les comportements et actions des populations. Dans tous les cas, il faut une organisation structurelle, des moyens financiers, des cadres compétents, des militants et un règlement intérieur pour le fonctionnement du parti (Weiner, cité par Salih ). Malheureusement, l’UDPS connait un problème de conflit d’intérêts lié à la recherche du positionnement de ses membres. Étant un parti de masse, il perd ses repères et son identité depuis la mort d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba qui prêchait l’Unité au sein du parti. Toutefois, chacun cherche à se tailler la part du lion, en occupant une fonction au gouvernement.
Entre-temps, les parlementaires Debout sont au chômage. Mais, ils continuent à crier »Beton » pour louer les actions du président de la République. Les cadres n’ayant pas trouvé leurs comptes s’insurgent contre leur SG Kabuya. Ils les accusent d’être incapable de bouger les lignes. Les alliés de l’Union sacrée de la nation ( UDPS) profitent de cette guéguerre pour préparer le terrain en 2024.
Dans cette tempête, l’avenir du parti est plus incertain que jamais. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette confrontation interne débouchera sur une réconciliation ou si elle marquera un schisme réel au sein du parti. Interrogé sur le sujet lors de sa dernière sortie médiatique, Félix Tshisekedi avait qualifié la chienlit de la vitalité démocratique. « L’Udps, c’est mon école, je suis issu de là. J’ai fait toutes mes classes politiques à l’UDPS. Le président n’est pas inquiet du tout. Je me réfère d’ailleurs à un terme de mon mentor, notre leader historique, Etienne Tshisekedi, qui appelait ça vitalité démocratique. De ce choc des mots jaillira la lumière », avait-il déclaré.
Cette crise, selon moi, qui aboutit à la bataille éternelle au sein de l’UDPS. L’effondrement, l’anarchie et l’émiettement ou éclatement sont relatifs au conflit d’intérêts.
Tshisekedi tourne-t-il le dos à l’UDPS ?
Face à cette bicéphalité du parti, Félix-Antoine Tshisekedi ne fait plus confiance à l’UDPS. »La confiance se mérite », dit-on. Il compte sur ses alliés pour gérer.
A titre illustratif, il a porté son choix sur Sama Lukonde au perchoir du Sénat en lieu et place d’Idriss Afani, candidat pour le compte de l’UDPS. Pour son second mandat, Félix-Antoine Tshisekedi a recruté les personnes sur la base de ses »besoins » et non en fonction de son obédience politique, d’autant plus que c’est son dernier mandat. Il n’a plus droit à l’erreur.
En fait, les partis sont des instruments pour l’action humaine collective de l’élite politique, soit des politiciens tentant de contrôler un gouvernement soit des cadres gouvernementaux ou publics qui tentent de contrôler les masses. Mais, cette définition reste inconnue et n’est pas exploitée.
Étienne Tshisekedi mort avec son idéologie
Il fut le principal opposant de l’histoire de la RDC. Mort il y a plus d’un an, le président national de l’UDPS Etienne Tshisekedi semble avoir emporté avec lui l’âme de son parti politique.
Aussitôt après sa mort, l’UDPS, vieux parti politique de l’opposition a été morcelé et chacun de ses ailes se dit détenir, aujourd’hui, l’héritage du patriarche Etienne Tshisekedi.
Après sa disparition, ses héritiers se sont livrés à un antagonisme, où chacun revendique porter son héritage. Donc, cette lutte est éternelle.
Créé en février 1982 pour s’opposer au régime de feu président Mobutu dit : «le dictateur», le parti politique d’Etienne Tshisekedi (UDPS) est vidé de sa substance en termes d’idéologie.
Reconnu par son endurance contre le mal et son entêtement dans la lutte pour la démocratie, Etienne Tshisekedi a cheminé avec «son UDPS» jusqu’à l’âge de 84 ans, avant de mourir d’une embolie pulmonaire le 1er février 2017 à Bruxelles où il était hospitalisé.
Après Mobutu, le MPR était condamnée à suivre son géniteur à Rabat au Maroc , même sort pour le MNC de Patrice Emery Lumumba, le PALU d’Antoine Gizenga Fundji, le PPRD de Joseph Kabila… Ainsi va la politique à l’africaine. Dans l’entre temps, Étienne Tshisekedi poursuit sa douleur à N’sele. J’appelle les dirigeants du parti présidentiel (UDPS) à prendre en compte la politique à la Congolaise.
Hervé Ntumba, activiste de droit de l’Homme et professionnel de l’information
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