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Sommet de la Francophonie 2024 : Macron, le message est passé cinq sur cinq chez les Congolais (Tribune de Jo M. Sekimonyo)

Sur le plan de la politique économique, le Sommet de la Francophonie ressemble à une jolie vitrine de néo-colonialisme, où les intérêts économiques et géopolitiques de la France passent avant tout, souvent aux dépens des États africains. En maintenant les pays africains dans des relations économiques bancales, la Francophonie agit comme un outil de « soft power » qui installe confortablement l’Afrique francophone dans son rôle de subordonnée à la France, dans le grand théâtre du capitalisme mondial. C’est un dispositif ingénieux qui prolonge l’hégémonie française, tout en sapant gentiment la souveraineté politique et économique des nations africaines.

Sur le plan culturel, c’est la même chanson. Sous prétexte de promouvoir la langue française et la coopération culturelle, le Sommet perpétue les vieilles dynamiques coloniales. Créé en 1970, alors que les anciennes colonies rêvaient d’émancipation, ce joyeux rassemblement conserve des rapports de pouvoir asymétriques hérités de l’histoire coloniale. Le français, autrefois imposé comme outil de contrôle, reste un symbole de pouvoir, reléguant les langues locales à un rôle secondaire.

Mais bon, il ne faudrait pas trop blâmer les Français ni les efforts de Macron, qui ne voudrait surtout pas voir la Françafrique s’effondrer sous son mandat. D’ailleurs, les présidents africains, chefs de nations souveraines, se précipitent avec leurs grandes escortes pour répondre à l’invitation, sourire aux lèvres, prêts à rendre hommage et respect à leurs anciens colonisateurs. Le tout, avec l’assurance tranquille de ceux qui savent que le colonialisme, qu’il soit économique, politique ou culturel, poursuit son petit chemin… même aujourd’hui.

Les Congolais ont pris note !

Il est troublant de constater qu’au Sommet de la Francophonie, Macron prend soin, dans son discours, de passer en revue les conflits mondiaux, mais omet étrangement de mentionner la guerre dévastatrice en RDC, l’agression du Rwanda. Ce silence n’est certainement pas anodin et révélé un biais flagrant en faveur de Kigali. Les liens diplomatiques et économiques étroits entre la France et le Rwanda semblent peser lourdement dans la balance, à tel point que Macron préfère éviter de critiquer un allié stratégique dans la région, même si cela implique de fermer les yeux sur les atrocités que subit le peuple congolais.

En ignorant ce conflit, Macron envoie un message déconcertant : la souffrance du Congo n’est pas une priorité tant que les intérêts français, notamment ceux alignés avec le Rwanda, sont protégés. Ce favoritisme est difficile à dissimuler, et il montre une France prête à sacrifier la paix et la justice en RDC pour ne pas froisser Kigali. Alors que des millions de vies périssent, le silence de Macron résonne comme une validation tacite des actions du Rwanda, au détriment de la souveraineté et de la stabilité du Congo.

Mais est-ce vraiment Macron qu’il faut blâmer ? Après tout, le président Tshisekedi ne fait que ressasser les mêmes vieilles rhétoriques, les « pleurnichages », appelant à des sanctions économiques contre le Rwanda sans avoir le courage de prendre lui-même la première initiative dans ce sens.

Deux poids, deux mesures : politique et économique

D’un côté, nous avons le Rwanda, petit mais ambitieux, qui a su, sous la houlette de Paul Kagame, séduire la France avec des promesses de modernité, de digitalisation et d’innovation. Après les tensions liées au génocide de 1994, Macron, tel un joueur d’échecs, a orchestré un rapprochement stratégique avec Kigali, ouvrant les vannes des investissements français dans les secteurs des technologies, de l’éducation et de l’entrepreneuriat. En 2019, Macron a signé des accords juteux, offrant à la France un pied dans un pays en plein essor numérique et financier. Là, les partenariats se font autour de start-ups, de hubs technologiques et d’une vision futuriste. Bref, une belle histoire d’amour économique où les intérêts français trouvent écho dans une nation considérée stable et en croissance rapide.

Et puis, il y a la RDC. Ici, le scénario est bien différent. Avec ses ressources naturelles abondantes, la RDC n’intéresse la France que pour ses entrailles. Peu importe que des millions de Congolais soient pris dans un conflit sans fin. Ce qui compte vraiment, c’est de sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques. La France est bien présente, certes, mais discrètement, en comparaison avec d’autres acteurs comme la Chine, qui raflent la mise. Les Congolais, eux, restent souvent spectateurs d’un jeu où leurs ressources sont exploitées pendant que leur économie reste étranglée par la prestation et les motivations de leur propre gouvernement. Les relations France-RDC ressemblent plus à un mariage de convenance où l’on aime la terre mais on oublie ceux qui y vivent.

Et c’est là le cœur du problème : la France mise sur le Rwanda pour les partenariats humains et technologiques, tandis que la RDC n’est vue que comme une mine à ciel ouvert, déconnectée de son peuple. Macron semble moins troublé par les millions de morts congolais, car après tout, que valent-ils face aux Rwandais, ces partenaires si précieux dans sa quête de prestige géopolitique ?

En fin de compte, toute cette asymétrie revient aux orientations politiques et économiques des deux pays. Et soyons honnêtes, les Congolais devraient d’abord regarder vers leur propre gouvernement avant de jeter des pierres sur Macron, même s’il les mérite aussi.

Pendant ce temps à Kinshasa, le spectacle continue, tambours battants et trompettes assourdissantes

Les médias sont censés refléter l’âme d’une nation. Mais au lieu de gaspiller de l’énergie à censurer des ados sur TikTok, qui, soyons honnêtes, ne font que ce que des ados font, être un peu bêtes et immatures, il serait temps de bannir ces membres du gouvernement et des institutions qui envahissent les écrans et la presse écrite avec leurs pitreries dignes d’une farce nationale. Certains appellent ça un cirque, moi je dirais que c’est une parade de paons vaniteux, se pavanant sans vergogne. Et pendant qu’ils sont payés grassement et choyés pour travailler au service du peuple, ils s’évertuent à nous prouver, de manière spectaculaire et bruyante, qu’ils « travaillent ». Mais les résultats ? Ah, c’est une autre histoire. Pendant ce temps, le monde nous regarde avec un mélange d’étonnement et de consternation.

Parlons justement de résultats, parce qu’il faut bien être clair. Je n’aurais jamais pensé que le coup d’échecs de Mukoko Samba allait faire sensation chez les Congolais, tout comme son ancien apôtre Matata Ponyo. On ne produit pas une goutte de pétrole, et on n’a même pas de raffinerie. Alors, comment baisser le prix à la pompe ? C’est simple ! On distribue des subventions aux propriétaires de stations-service. En d’autres termes, on prend l’argent de l’État, donc, votre argent, pour enrichir un petit groupe des commerçants, dominé par des étrangers, juste pour donner l’illusion que le carburant est moins cher. Et les Congolais applaudissent ! Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes comme les salaires stagnants et le chômage rampant, le ministre de l’économie nationale ressort les vieilles ficelles du paternalisme colonial, comme si cela allait résoudre quoi que ce soit. Mais bon, c’est vous qui continuez à applaudir, hein ? Pas moi. Moi, je tape des pieds, encore une fois.

En quelque sorte, Macron a adressé un « doigt d’honneur » symbolique aux Congolais, un geste qui devrait réveiller notre propre sens des responsabilités et nous pousser à exercer une véritable pression sur notre gouvernement. Et puis, si je peux me permettre de poser la question : qu’en est-il de ma proposition d’une guerre économique, de sanctions économiques contre le Rwanda et les Rwandais, que je préconise depuis le début de la rentrée meurtrière du M23 et que je ne cesse de clamer haut et fort ?

Rire et Pleure !

Jo M. Sekimonyo

Écrivain, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique

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