Royaume-Uni : les enfants de plus en plus petits et affamés

La vie des enfants au Royaume-Uni est en train de changer. Ils sont de plus en plus petits . Ils sont plus nombreux à souffrir de la faim qu’il y a quelques années. Récemment, le nombre de décès est plus élevé  chaque année qu’il y a quelques années. La pauvreté croissante, la misère croissante et les effets de l’austérité en sont les principaux responsables.

Mais pourquoi cela est-il arrivé à nos enfants ? Cette augmentation de la pauvreté infantile est un changement qui ne s’est produit dans la même mesure nulle part ailleurs dans le monde, parmi tous les endroits où les Nations Unies mesurent de la même manière.

Au Royaume-Uni que la pauvreté infantile a le plus augmenté. Le cinquième des ménages les plus pauvres du Royaume-Uni est plus pauvre que le cinquième le plus pauvre de la plupart des pays d’Europe de l’Est. Pour de nombreux Britanniques, cela constituera une surprise. Certains refuseront de croire que la situation peut être aussi grave.

La preuve de cette pauvreté se manifeste par la baisse de la taille des enfants de cinq ans depuis 2010.

En 1990, un enfant de 5 ans serait né en 1985 et sa taille aurait été influencée principalement par l’alimentation au cours des années 1985-1990. Ce furent des années difficiles pour le Royaume-Uni : la pauvreté était généralisée, car plus de trois millions de personnes étaient au chômage au début des années 1980. Mais la taille moyenne des enfants continuait d’augmenter.

Ce n’est qu’en 2010, pour les enfants ayant vécu entre 2005 et 2010, que nous avons vu pour la première fois leur taille stagner puis chuter, coïncidant avec les années d’austérité qui ont suivi 2010.

Mon prochain livre tente de donner un sens à ce qui est arrivé au Royaume-Uni : pourquoi, en 2024, il n’est pas seulement l’un des pays d’Europe où le taux de pauvreté infantile est élevé, mais le seul pays parmi tous ceux que l’ONU a désigné comme ayant connu la plus forte augmentation de la pauvreté infantile parmi tous ceux qu’elle a étudiés.

Sept enfants

Pour essayer de mieux comprendre la vie des enfants au Royaume-Uni, j’ai construit sept enfants typiques . J’ai divisé les 14 millions d’enfants vivant au Royaume-Uni en sept groupes de 2 millions, en fonction du revenu de leurs familles en 2018 et 2019. J’ai ensuite choisi l’enfant du milieu de chaque groupe de 2 millions. J’ai ensuite examiné ce qui était arrivé à ces familles entre 2018 et 2024.

La première chose à noter est à quel point les enfants qui sont mieux lotis que nos sept enfants typiques sont incroyablement aisés .

Environ 6 % des enfants du Royaume-Uni vivent dans des ménages plus riches que l’enfant moyen le plus aisé selon mon analyse . Ces 6 % d’enfants, les plus aisés de tous, vivent dans des familles qui reçoivent et dépensent chaque année un tiers de tous les revenus du Royaume-Uni.

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Ces 6 % ne sont pas typiques, pas plus que les 6 % les plus pauvres : les plus démunis, ceux dont les familles sont les plus susceptibles de recourir aux banques alimentaires. Si vous prenez sept enfants typiques, répartis de manière égale sur l’échelle des revenus, alors ces extrêmes ne font pas partie de ce que vous voyez.

Mais quatre de nos sept enfants vivent aujourd’hui une vie que la plupart des gens plus aisés considéreraient comme une vie de pauvreté. Les trois autres sont loin d’être aisés.

Les familles les plus défavorisées sont celles qui ont du mal à payer leurs factures et qui font des sacrifices auxquels les autres n’ont pas à penser. Par exemple, épargner 10 livres par mois ou souscrire une assurance contre les effets d’une inondation, d’un incendie ou d’un vol. De plus en plus souvent, elles ne peuvent pas se permettre ces deux options.

Mais même le plus aisé de nos sept enfants vit dans une famille qui se préoccupe de payer ses vacances annuelles. C’est rare parmi les deux millions de familles les plus aisées, mais c’est possible.

En 2024, le Royaume-Uni montre au monde ce que signifie vivre avec de fortes inégalités dans un pays autrefois riche. Cela signifie que quelques enfants utilisent bien plus de ressources que la grande majorité des autres enfants, comme avoir accès à beaucoup plus d’enseignants – par enfant – par rapport aux autres, une meilleure nourriture, un meilleur logement, plus de chaleur, plus de jouets, de meilleurs équipements matériels ; souvent plus que ce dont on pourrait penser qu’un enfant a besoin.

À l’avenir, presque tous nos enfants raconteront comment ils ont grandi au Royaume-Uni dans les années 2020 et – espérons-le – ce qui a changé pour améliorer les choses. Il est difficile d’imaginer que la situation puisse empirer.

Danny Dorling

Professeur de géographie Halford Mackinder, Université d’Oxford