La Roumanie, membre stratégique de l’Union européenne et de l’OTAN, est plongée dans le chaos politique après une décision de la Cour constitutionnelle annulant les élections présidentielles en cours. Cette décision, motivée par des soupçons d’ingérences russes, a provoqué une onde de choc dans tout le pays et au-delà.
L’annulation intervient dans un contexte déjà tendu. Călin Georgescu, ultranationaliste et figure inattendue du paysage politique, avait surpris en remportant le premier tour le 24 novembre dernier. Selon des documents déclassifiés des services de renseignement roumains, sa campagne aurait bénéficié d’un soutien massif sur TikTok, similaire aux opérations d’influence du Kremlin en Ukraine et en Moldavie. Ces rapports, confirmés par les États-Unis, décrivent la Roumanie comme cible d’actions hybrides agressives orchestrées par Moscou.
Le second tour, prévu pour dimanche, avait déjà commencé dans les communautés roumaines de la diaspora. Les électeurs, stupéfaits, ont découvert que leurs votes ne seraient pas comptabilisés, laissant la population dans l’incertitude et l’incompréhension. Le gouvernement doit maintenant établir un nouveau calendrier pour des élections présidentielles à reprendre intégralement.
Réactions enflammées et accusations de manipulation
Călin Georgescu, figure controversée, a dénoncé l’annulation des élections comme un coup d’État institutionnel. Il a appelé ses partisans à rester mobilisés, tout en critiquant violemment ce qu’il considère comme un complot des élites politiques contre le peuple. Georgescu, connu pour son opposition à l’OTAN et à l’Union européenne, a renforcé les craintes d’un éventuel basculement géopolitique de la Roumanie vers Moscou.
De l’autre côté, les forces pro-européennes ont exprimé leur indignation face à ce qu’elles perçoivent comme une tentative de saboter le processus démocratique. Elena Lasconi, candidate réformiste du parti libéral USR, qui devait affronter Georgescu au second tour, a vivement critiqué cette décision, tout comme de nombreux partisans des institutions occidentales.
Nicolae Ciucă, président du Sénat et candidat malheureux du premier tour, a plaidé pour le calme, insistant sur la nécessité de garantir des élections justes et transparentes. Le Premier ministre Marcel Ciolacu, du Parti social-démocrate, a soutenu l’annulation, arguant que les preuves d’ingérence étrangère rendaient le scrutin invalide.
Les preuves d’ingérence russe et leurs implications
Des documents déclassifiés cette semaine montrent que plus de 25 000 comptes pro-Georgescu sur TikTok ont été activés deux semaines avant le premier tour, dans une campagne coordonnée attribuée à Moscou.
Ces révélations ont accentué les divisions politiques et les craintes quant à la stabilité du pays. Les critiques de Georgescu envers l’OTAN et son intention déclarée de suspendre toute aide à l’Ukraine ont inquiété les alliés occidentaux, renforçant les soupçons d’une tentative russe de détourner la Roumanie de ses alliances stratégiques.
Un pays au bord de la fracture démocratique
L’annulation des élections a laissé une grande partie de la population en colère et désabusée, notamment les partisans de Georgescu qui se sentent marginalisés par le système politique. Les appels à des manifestations ont été lancés, mais la tension est palpable, avec une forte présence policière dans les rues de Bucarest pour éviter tout débordement.
Cette crise politique, sans précédent dans l’histoire récente de la Roumanie, soulève des questions cruciales sur l’avenir du pays. Avec des alliances européennes et transatlantiques en jeu, la Roumanie se trouve à un carrefour décisif. La stabilité de ce pays de 19 millions d’habitants, situé à la frontière orientale de l’Union européenne, est désormais un enjeu majeur pour la région.
Le président sortant, Klaus Iohannis, a prolongé son mandat jusqu’à l’investiture d’un nouveau président, cherchant à rassurer les alliés occidentaux sur la stabilité du pays. Malgré ses assurances, l’annulation des élections jette une ombre sur les institutions démocratiques roumaines et laisse entrevoir une période d’incertitudes et de divisions profondes.
Susana Monso
Professeur agrégé de philosophie au Département de logique, d’histoire et de philosophie des sciences, UNED – Universidad Nacional de Educación a Distancia
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