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Réponse aux menaces primitives de l’AFC-M23 : entre ironie et résilience (Jo M. Sekimonyo)

Monsieur Corneille Nangaa Yobeluo,

Je dois avouer une certaine forme de désenchantement en lisant la réponse que l’on pourrait, dans un élan de générosité, qualifier de courtoise, presque civilisée, venant de l’un de vos communicateurs. Il m’a informé, avec une politesse presque savante, que vous aviez choisi de rejeter ma proposition de déposer les armes pour emprunter la voie de la raison et de la démocratie. Toutefois, ce qui m’a véritablement étonné, c’est la rapidité avec laquelle certains de vos partisans se sont empressés de m’envoyer des menaces, exigeant des excuses – pour des griefs qui, à ce jour, demeurent aussi nébuleux que ridicules. Le plus cocasse, c’est cette menace de « vengeance » qui, selon eux, s’étendrait jusqu’à la quatrième génération de ma famille. Je dois vous confesser que j’ai ri de bon cœur toute la journée à cette perspective.

Comment ne pas éclater de rire en lisant un ultimatum aussi grotesque, dans lequel vous prétendez détenir des informations qui pourraient mobiliser les Hutus, fourches à la main, contre ma famille ? Croyez-vous sérieusement que l’univers se résume aux sentiments des Hutus sur un Hutu, comme si, tel un ver prisonnier d’un radis, vous pensiez que ce petit monde borné est l’alpha et l’oméga de l’existence ? Et pourquoi seulement les Hutus ? Ce tribalisme obtus, cette vision réductrice de la valeur humaine à travers le prisme ethnique, révèle un état d’esprit aussi dégoutante qu’elle est abjecte.

Mais au-delà du risible, cette réaction témoigne d’une incapacité à comprendre la dialectique même du pouvoir et de la liberté. En déformant le sens de l’honneur à travers des menaces archaïques, vous ne faites qu’illustrer une tragédie intellectuelle : celle d’un esprit figé dans des schémas d’un autre âge.

Si vous voulez vraiment me menacer de manière digne du 21e siècle, faites preuve d’un peu de modernité : commandez mille exemplaires de mes livres, organisez un autodafé numérique en les brûlant symboliquement, puis inondez les réseaux de critiques acerbes. Détruisez mes réflexions sur le cycle économique du 21e siècle, piétinez ma croisade pour redéfinir les missions du FMI et de la Banque mondiale, et dénigrez sans retenue mes propositions économiques pour la transformation sociale et l’envol économique de la RDC. Là, je pourrais véritablement commencer à frémir !

Cela dit, ce qui me glace le plus, ce n’est pas votre tentative maladroite de menace, mais l’idée cauchemardesque de vous voir, vous et vos semblables, à la tête de notre nation. Ce serait la fin de toute dissidence, les prisons regorgeant de voix et des libres penseurs que vous avez si facilement accusé Félix Tshisekedi d’écraser. Et si vous cherchez à me réduire au silence – alors même que je suis hors de votre portée, tant physiquement qu’intellectuellement – je n’ose imaginer l’étendue des atrocités et de la terreur que vous faites endurer aux populations dans les territoires sous votre occupation.

Cette idée, plus que toute autre menace, est un véritable testament de l’abîme moral dans lequel vous vous trouvez et de même que l’essence de votre alliance.

Cela dit, je réitère mon appel, non pas par simple obstination, mais par une conviction profonde et inébranlable, dans l’intérêt supérieur de notre nation – à la fois sur le plan économique, social et moral. Je vous exhorte à réorienter votre patriotisme égaré dans la bonne direction. Déposez vos armes, rompez ce pacte obscur avec le régime de Paul Kagame, et adressez enfin des excuses sincères au peuple congolais que vous prétendez servir. Puis, engagez-vous sur la voie exigeante mais noble de la démocratie, cette voie qui, bien que semée d’embûches, est l’unique chemin vers une véritable légitimité dans la croisade de restaurer la dignité que vous prétendez défendre.

Quant à la campagne pour récolter les 100 000 signatures nécessaires à la correction de la constitution et à la mise en place des bases d’une politique économique moderne, ne vous inquiétez pas. Nous avons déjà franchi le cap des 15 000 signatures. La technologie nous est extrêmement favorable, facilitant notre démarche alors que la paranoïa de la plupart des Congolais est alimentée par des politiciens qui, de manière ironique, négligent de consulter le projet de révision constitutionnelle pourtant aisément accessible en ligne sur https://rdcconstitutionrevision2024.com/. Cette révision ne modifie pas la durée du mandat présidentiel ; elle renforce au contraire les droits et privilèges des citoyens congolais, tant individuellement qu’au niveau des entités territoriales décentralisées, pour favoriser une croissance économique nationale exceptionnelle.

Je vous prie donc, une fois encore, de recevoir, Monsieur, l’expression de mes salutations les plus sincères et patriotiques. Mais cette fois, qu’elles résonnent comme un écho de raison dans le tumulte des armes et des illusions tribales.

Jo M. Sekimonyo 

Écrivain, théoricien, défenseur des droits de l’Homme et économiste politique

Menace: https://rumbas.online/watch/l-039-afc-m23-lance-un-ultimatum-et-menace-jo-m-sekimonyo-ainsi-que-sa-famille_iGEGquCojM6WX26.html

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