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L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) constate, avec une profonde inquiétude, l’évolution dramatique du conflit à l’Est de la République démocratique du Congo. Après la prise de Goma, puis de Bukavu, la chute d’Uvira confirme la progression fulgurante des forces adverses l’AFC-M23 appuyé par le Rwanda face à un affaiblissement préoccupant du Front de nos forces loyalistes nationales incarné par les FARDC.
L’ODEP rappelle qu’à la suite de la chute de Goma, plusieurs recommandations avaient été soumises au Président de la République. Parmi celles-ci figuraient :
Il est regrettable de constater que ces propositions n’ont pas été prises en compte. Aujourd’hui, plus de sept mois après la chute de Goma, les conséquences de cette absence de mesures correctives sont visibles et particulièrement préoccupantes, et elles nous ont coûté une nouvelle perte stratégique : celle d’Uvira.
Au regard de cette nouvelle étape critique marquée par la chute très regrettable d’Uvira, l’ODEP présente les scénarios possibles pour la suite des événements :
1° Éviter la honte d’une victoire totale de la rébellion : Démission du Président de la République
Le premier scénario vise à prévenir une humiliation nationale qui résulterait d’une victoire totale de la rébellion, pouvant mener jusqu’à la prise de Kinshasa après la conquête progressive du Grand Katanga notamment le Tanganyika, le Haut-Katanga, Lubumbashi et d’autres zones stratégiques.
Le Président Félix TSHISEKEDI a disposé de tout le temps nécessaire pour réformer en profondeur l’armée et organiser une résistance cohérente face aux agresseurs, conformément aux articles 83, 85 et 86 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, qui disposent notamment que :
Cet article renforce son rôle décisionnel en matière de sécurité et de défense, lui permettant de mobiliser toutes les ressources de l’État face à une agression.
Or, près de sept ans après son accession à la magistrature suprême, force est de constater que rien de sérieux n’a été entrepris pour renforcer les capacités et l’efficacité de l’appareil militaire, ce que démontrent les faits actuels sur le terrain.
Ainsi, le premier scénario envisagé serait que le Président de la République présente sa démission afin de préserver la dignité de la fonction et d’éviter une humiliation historique.
Dans ce cas, l’article 75 de la Constitution s’appliquerait :
« En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions du Président de la République sont exercées provisoirement par le Président du Sénat. »
La vacance doit être formellement constatée par la Cour constitutionnelle, conformément à l’article 76, qui précise également que l’élection du nouveau Président doit être convoquée dans les délais prévus, sauf cas de force majeure dûment constaté.
Dans cette configuration, le Président du Sénat, devenu Président de la République par intérim, aurait pour mission d’engager des consultations avec l’ensemble des forces vives politiques, militaires, sociales et communautaires afin de définir la forme que devra prendre la transition dans un pays partiellement occupé, ainsi que le programme garantissant le retour d’une paix durable.
Actions fortes devant accompagner ce processus
L’objectif de ces mesures est d’éviter une victoire totale de l’ennemi, comme celle de l’AFDL en 1997, qui avait entraîné de graves conséquences économiques (pillage), humaines (assassinats, violations massives) et sécuritaires. La formule proposée vise à réduire l’ampleur d’une telle victoire, qui risquerait de détruire le processus démocratique et de replonger le pays dans une dictature comparable à l’époque du Président Laurent-Désiré KABILA, obligeant le pays à repartir de zéro.
Composantes essentielles du programme de transition
Une fois les consultations organisées sous la conduite du Président du Sénat, assurant la fonction de Président de la République par intérim, et après la dissolution du Parlement ainsi que la mise en place d’un gouvernement de crise, les mesures suivantes devraient être intégrées dans le programme de transition :
Ces mesures visent à assurer une transition pacifique, inclusive et crédible, capable de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et de préparer la RDC à des élections transparentes et consensuelles.
2° Organiser une résistance armée
Ce deuxième scenario est souvent présenté comme l’une des options les plus pertinentes. Cependant, sa mise en œuvre apparaît aujourd’hui extrêmement difficile au regard de la manière dont le régime actuel a géré cette crise. En réalité, une telle résistance aurait dû être structurée dès la chute de Goma, mais l’incapacité et le manque de volonté politique illustrés par des promotions militaires sans mérite, le détournement et la mauvaise gestion des fonds alloués à l’armée sans sanctions pour les responsables, ainsi que le désordre persistant dans la chaîne de commandement, qui explique l’absence de résultats tangibles sur le terrain pour les FARDC ont conduit à privilégier la diplomatie au détriment d’une véritable stratégie de résistance.
Un adage bien connu dans le domaine des négociations et des rapports de force dit simplement : « on ne négocie jamais en position de faiblesse ». Ce principe rappelle qu’une partie affaiblie ne peut obtenir de conditions favorables et risque de compromettre ses intérêts.
Depuis janvier 2025, la gestion de la crise s’est par ailleurs caractérisée par un népotisme et un tribalisme marqués dans la composition des équipes gouvernementales. Au lieu de constituer un véritable gouvernement de crise, le Président Félix TSHISEKEDI a choisi de reconduire les mêmes figures associées aux échecs passés, notamment dans la perte de plusieurs villes clés, dont Goma.
À ce jour, aucun signe réel d’un changement d’approche n’est perceptible, ce qui rend la perspective d’une résistance armée encore plus difficile à envisager dans le contexte actuel.
3° Ne rien faire, attendre et continuer à compter sur la diplomatie
Ce troisième scénario consiste à maintenir la stratégie actuelle : attendre et continuer à s’en remettre exclusivement à la diplomatie. Pourtant, l’ODEP a, à plusieurs reprises, recommandé au Président Félix TSHISEKEDI d’opter plutôt pour une résistance armée, en réformant sérieusement l’armée et en y allouant les moyens nécessaires, au lieu de poursuivre les processus engagés à Washington et à Doha.
Lors de la signature des accords de paix à Washington, l’ODEP avait déjà averti que ces accords ne garantiraient aucune paix durable. Au contraire, ils risquent de placer de nouveau notre pays sous influence extérieure, compromettant l’indépendance chèrement acquise au prix des luttes, des sacrifices et du sang des martyrs congolais.
Si cette voie est maintenue, le pays risque de revivre un scénario similaire à celui de l’AFDL :
Une telle situation entraînerait un recul brutal de la démocratie, pouvant aller jusqu’à la suspension temporaire des partis politiques. Il est donc nécessaire d’éviter toute prise de position qui faciliterait une victoire totale de la rébellion, comme cela fut le cas à l’époque du Président Laurent-Désiré Kabila.
Florimond MUTEBA TSHITENGE
Président du Conseil d’Administration, Observatoire de la Dépense Publique
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