La pauvreté au Nigéria a atteint des niveaux critiques, selon des données récentes. Environ 31 % des Nigérians vivaient dans la pauvreté avant l’épidémie de COVID-19. Depuis, 42 millions de personnes supplémentaires sont devenues pauvres, portant le taux de pauvreté à environ 46 % en 2024.
Plus de 133 millions de personnes vivent dans une pauvreté multidimensionnelle, malgré les efforts déployés par le gouvernement pour réduire les difficultés.
La pauvreté multidimensionnelle signifie être privé de bien-être de plusieurs manières. Elle va au-delà du revenu.
L’indice national de pauvreté multidimensionnelle indique que 67,5 % des enfants nigérians âgés de 0 à 17 ans sont pauvres. Et la moitié des Nigérians pauvres (51 %) sont des enfants.
Au fil des années, les gouvernements successifs ont essayé un certain nombre de mesures pour réduire la pauvreté.
Le Programme national d’éradication de la pauvreté a été établi en 2001 et le Programme de réinvestissement des subventions et d’autonomisation en 2012. Le Programme national d’investissement social a été introduit en 2016.
Pourtant, les niveaux de pauvreté continuent d’augmenter. La question est de savoir pourquoi.
Je suis un politologue dont les recherches portent sur les intersections entre la surveillance législative, la réduction de la pauvreté et la dynamique des conflits.
J’ai récemment mené une étude qui examinait pourquoi les programmes gouvernementaux de réduction de la pauvreté au Nigéria n’ont pas été efficaces.
L’étude s’est concentrée sur la responsabilité des législateurs de demander des comptes aux gouvernements et sur la manière dont cela s’inscrit dans le programme de réduction de la pauvreté du Nigéria. Elle a examiné la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de lutte contre la pauvreté.
Les résultats ont montré que la pauvreté persiste non pas à cause d’un manque de programmes, mais à cause de défaillances de gouvernance. Trois facteurs ressortent : la faible responsabilisation du pouvoir législatif, l’ingérence politique et l’absence de politiques centrées sur l’humain.
Lire la suite : L’économie du Nigeria est en croissance, mais la pauvreté rurale augmente : 5 politiques clés pour combler le fossé
Trois facteurs sont responsables
1. Faiblesse de la responsabilité législative : Les législateurs sont censés jouer un rôle de surveillance et veiller à ce que les mesures soient prises. En pratique, ce contrôle est souvent faible, sous-financé ou compromis.
Les commissions parlementaires chargées de surveiller les programmes manquent souvent de ressources, de données et d’indépendance pour examiner les actions gouvernementales. Dans bien des cas, les législateurs sont peu incités à contester l’exécutif, surtout lorsqu’ils appartiennent au même parti au pouvoir. Par conséquent, les agences gouvernementales peuvent éviter de rendre compte de leurs actions, voire de leurs omissions.
De nombreuses initiatives s’effondrent peu après leur lancement, faute de suivi de l’atteinte des objectifs. Les programmes de lutte contre la pauvreté deviennent des gestes symboliques plutôt que des vecteurs de changement réel.
2. Ingérence politique : Au Nigéria, la lutte contre la pauvreté est rarement dissociée de la politique. Les programmes sont plutôt conçus et mis en œuvre avec des objectifs politiques à l’esprit, notamment en période électorale.
Les gouvernements utilisent ces programmes pour fidéliser ou récompenser leurs sympathisants. Ils développent les réseaux de clientélisme au lieu de s’attaquer aux racines de la pauvreté. Par exemple, les nominations aux conseils d’administration ou aux agences de programmes reposent souvent sur des considérations politiques, et non sur une expertise technique. Les listes de bénéficiaires sont parfois biaisées en faveur des fidèles du parti au pouvoir plutôt que des communautés les plus pauvres.
Cette mainmise politique rend les programmes éphémères. Une fois au pouvoir, une nouvelle administration abandonne souvent les actions menées par la précédente. Cela entraîne des doublons, des gaspillages et des discontinuités.
3. Absence de conception de politiques centrées sur les personnes : Le constat le plus frappant est peut-être que de nombreuses politiques de lutte contre la pauvreté ne sont pas conçues en plaçant les pauvres au centre. Il s’agit plutôt de stratégies imposées d’en haut, éloignées des réalités quotidiennes des communautés pauvres.
Ces politiques visent des restructurations économiques de grande envergure ou des réformes macroéconomiques plutôt que des besoins immédiats comme la sécurité alimentaire, les soins de santé, l’emploi local ou l’accès à l’éducation. Les bénéficiaires sont rarement consultés lors de la conception ou du suivi des programmes.
Lorsque les communautés considèrent les initiatives de lutte contre la pauvreté comme non pertinentes ou inaccessibles, il est probable que les objectifs ne seront pas atteints.
Que faut-il faire
Il est important de comprendre les raisons de l’échec des programmes de lutte contre la pauvreté, car la pauvreté au Nigéria n’est pas seulement un problème économique. C’est un problème de gouvernance et de responsabilité.
Si les faiblesses en matière de surveillance, de politique et de conception des politiques ne sont pas corrigées, les nouvelles initiatives risquent elles aussi d’échouer.
Pour changer de cap, l’Assemblée nationale doit prendre plus au sérieux le contrôle législatif. Elle doit examiner systématiquement les données probantes relatives aux programmes gouvernementaux. Cela nécessite de doter ses commissions de ressources adéquates et d’une collaboration renforcée avec des auditeurs indépendants. Les commissions doivent bénéficier d’un soutien suffisant de la part de chercheurs et d’experts.
Des rapports publics réguliers devraient permettre aux agences de rendre des comptes sur les fonds et les résultats obtenus.
L’ingérence politique doit cesser. La présidence et le Parlement doivent collaborer pour préserver les organismes de lutte contre la pauvreté de tout contrôle partisan. Cela peut se faire en nommant des professionnels et des représentants des communautés pour les gérer. Les organismes de lutte contre la corruption doivent intervenir lorsque des fonds sont détournés ou que des programmes sont accaparés par des intérêts d’élite.
Les politiques de lutte contre la pauvreté doivent être conçues en plaçant les citoyens au cœur de leurs préoccupations. Les communautés doivent être consultées avant le lancement des programmes et l’expérience des bénéficiaires doit être prise en compte.
Moyosoluwa Dele-Dada
Maître de conférences adjoint, Covenant University
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