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Le Nigeria pourrait s’apprêter à vivre un tournant historique dans la relation entre grande industrie, capital national et épargne populaire. Aliko Dangote, premier industriel du pays et figure centrale du capitalisme africain, a annoncé son intention d’introduire en bourse sa méga-raffinerie de pétrole, évaluée à près de 20 milliards de dollars, sur le Nigerian Exchange (NGX) à l’horizon 2026. L’objectif affiché est clair : permettre aux Nigérians, y compris ceux de la diaspora, de devenir actionnaires directs de l’une des infrastructures industrielles les plus stratégiques jamais construites sur le continent africain.
Située à Lekki, dans l’État de Lagos, la Dangote Refinery est aujourd’hui la plus grande raffinerie d’Afrique et l’une des plus importantes au monde avec une capacité de traitement estimée à 650 000 barils de pétrole par jour. Conçue pour mettre fin à la dépendance chronique du Nigeria aux importations de carburants raffinés, elle incarne une ambition industrielle de souveraineté énergétique et de transformation locale des ressources. Son fonctionnement à plein régime pourrait profondément modifier la balance commerciale du pays, réduire les sorties de devises et renforcer la stabilité macroéconomique à moyen terme.
L’introduction en bourse envisagée présente une architecture financière particulièrement singulière. Les actions seraient achetées en nairas, la monnaie nationale, tandis que les dividendes seraient versés en dollars américains. Ce mécanisme vise à protéger les investisseurs locaux contre la volatilité du naira et à rendre l’investissement attractif pour les Nigérians vivant à l’étranger. Dangote a expliqué que les revenus en devises générés par les exportations de produits raffinés permettraient de soutenir durablement cette structure de distribution des profits.
Au-delà de l’ingénierie financière, Aliko Dangote présente ce projet comme un véritable legs national. Il affirme vouloir partager les bénéfices à long terme de la raffinerie avec la population nigériane et ne pas en faire un actif réservé à une élite financière restreinte. Selon ses déclarations, il n’y aurait pas de plafond strict sur le nombre d’actions pouvant être acquises par les investisseurs, et il se dit prêt à réduire sa propre participation jusqu’à 45 % du capital si les Nigérians en détiennent collectivement 55 %. Cette approche tranche avec les pratiques habituelles des grandes infrastructures stratégiques en Afrique.
Cette opération pourrait également redonner un souffle nouveau au marché financier nigérian, dont la capitalisation reste faible au regard du poids économique du pays. En ouvrant le capital d’un actif industriel majeur, Dangote contribuerait à élargir la base des investisseurs, à stimuler l’épargne productive et à renforcer le lien entre croissance économique et participation citoyenne. Pour de nombreux analystes, il s’agit d’un test grandeur nature de la capacité du Nigeria à démocratiser l’accès au capital tout en consolidant son industrialisation.
Si elle se concrétise dans les conditions annoncées, l’introduction en bourse de la Dangote Refinery pourrait marquer un précédent en Afrique. Elle poserait toutefois des défis importants en matière de régulation, de transparence et d’accès réel des petits porteurs au marché. Reste à savoir si ce projet parviendra à transformer une infrastructure industrielle colossale en un véritable instrument de partage de la richesse nationale, ou s’il restera symbolique. Une chose est certaine : le débat est désormais ouvert sur la place des citoyens dans la propriété des grands actifs stratégiques du continent.
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