Les élections en RDC et l’impératif éthique : une perspective chrétienne sur la fraude électorale !

Une fois de plus, dans quelques jours, la République démocratique du Congo (RDC) sera encore confrontée à un dilemme récurrent qui met à l’épreuve l’intégrité de sa démocratie : la fraude électorale. Cette question transcende les simples machinations politiques et touche au cœur même de la conduite éthique, en particulier lorsqu’elle est considérée à travers une lentille chrétienne.

Cette exhortation s’efforce de disséquer pourquoi la fraude électorale en RDC devrait être universellement condamnée comme un vice, en particulier par ceux qui se déclare de la foi chrétienne. Il est clair que de telles pratiques frauduleuses contreviennent aux valeurs démocratiques et aux enseignements éthiques et chrétiens, sapant ainsi le tissu moral de la société. Tissu moral qui constitue la fondation de la marche vers le développement intégral auquel aspire le peuple congolais !

La fraude électorale est un vice !

La fraude électorale est un vice fondamental dans tout système démocratique. Il ne s’agit pas simplement d’une violation de la loi, mais d’une attaque directe contre les principes fondamentaux de la démocratie : l’équité, l’égalité et le droit du peuple à choisir ses dirigeants.

Un assaut contre les principes démocratiques : Au cœur de la démocratie se trouve le principe selon lequel chaque vote a le même poids et que la décision collective de l’électorat façonne la gouvernance. La fraude électorale fait voler en éclats ce principe en manipulant les résultats, réduisant ainsi au silence la véritable voix du peuple. Il fausse le paysage électoral, favorisant injustement certains individus ou certains partis par rapport à d’autres. Cet avantage injuste sape le concept de règles du jeu équitables, essentiel à une véritable démocratie.

Conduit à une érosion de la confiance du public : L’un des effets les plus insidieux de la fraude électorale est l’érosion de la confiance du public dans le système électoral. Lorsque les citoyens croient que leur vote ne compte pas ou qu’il est susceptible d’être manipulé, cela engendre le cynisme et l’apathie à l’égard du processus politique. Ce désengagement est dangereux pour la démocratie, car il conduit à une baisse de la participation électorale et à une population désintéressée et désillusionnée à l’égard de son gouvernement.

Produit un leadership illégitime : La fraude électorale se traduit souvent par l’ascension de dirigeants qui ne représentent pas véritablement la volonté du peuple. Un tel leadership n’a pas le mandat moral et souvent le mandat pratique de gouverner efficacement. Les politiques et les décisions prises par un tel gouvernement sont entachées de l’illégitimité de son origine, ce qui conduit à une gouvernance qui ne répond souvent pas aux besoins et aux aspirations réels de la population.

La nature de la fraude électorale dans le contexte de la RDC

L’histoire électorale de la RDC est entachée de fraudes, de manipulations et de violences. Ces événements ont non seulement entaché le processus électoral, mais ont également contribué à l’instabilité et aux conflits généralisés. Qu’il s’agisse d’un décompte douteux des voix ou de l’intimidation des électeurs, l’éventail des malversations électorales en RDC a sapé la légitimité de son système politique.

Malgré les réformes et la surveillance internationale, les élections en RDC continuent d’être entachées d’allégations de fraude. Le manque de transparence dans le décompte des voix, les informations faisant état de bourrages d’urnes et la privation du droit de vote des électeurs sont symptomatiques de problèmes profondément enracinés. Ces malversations corrodent l’essence même de la gouvernance démocratique, conduisant à une crise de gouvernance et à une diminution de la confiance du public dans le processus électoral.

Principes éthiques chrétiens et intégrité électorale

Le christianisme accorde une immense valeur à la vérité et à l’honnêteté. Le texte de Proverbes 12 :22 (Les lèvres fausses sont en horreur à l’Eternel, Mais ceux qui agissent avec vérité lui sont agréables.) souligne cela, en considérant les lèvres mensongères comme odieuses à Dieu. Dans le contexte des élections, ce principe exige un engagement inébranlable en faveur d’une représentation exacte et honnête de la volonté du peuple. Bien plus, la foi chrétienne met l’accent sur la justice et l’équité, comme en témoigne Michée 6 :8 (On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu). Des élections équitables sont le fondement d’une gouvernance juste, garantissant que toutes les voix sont entendues et représentées équitablement. La fraude électorale est un affront direct à ces valeurs, car elle perpétue l’inégalité et l’injustice.

L’impact sociétal de la fraude électorale

La fraude électorale érode la confiance fondamentale entre le gouvernement et ses citoyens. Cet abus de confiance conduit au cynisme, à l’apathie et même à l’agitation sociale, alors que la population est de plus en plus désillusionnée par le processus démocratique. Les élections frauduleuses entraînent souvent la marginalisation des groupes vulnérables. Ce résultat est à l’opposé de l’appel chrétien à protéger et à élever les plus petits d’entre nous, comme le souligne Matthieu 25 :40 (Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites). En faussant les résultats des élections, les voix des personnes marginalisées sont encore plus étouffées, perpétuant ainsi les cycles de pauvreté et d’injustice.

Responsabilité chrétienne et engagement civique

Les chrétiens ont l’obligation morale de plaider en faveur de la vérité et de la justice, y compris dans l’arène politique. Ce devoir s’étend à la garantie que les élections sont libres, justes et transparentes, reflétant la volonté du peuple. L’Église et les communautés chrétiennes doivent jouer un rôle important dans la promotion de l’intégrité électorale. Cette implication peut aller de l’éducation des fidèles sur leurs droits et responsabilités civiques à la surveillance active et au signalement des irrégularités électorales.

Il existe des exemples inspirants où des groupes chrétiens ont eu une influence positive sur l’intégrité électorale, en servant de chiens de garde et de défenseurs des pratiques équitables. Ces exemples fournissent des modèles pour un engagement chrétien efficace dans la sphère politique. Le chemin de la lutte contre la fraude électorale est semé d’embûches, notamment des menaces de violence et de corruption systémique. Cependant, guidés par l’éthique chrétienne, des réponses peuvent être formulées qui donnent la priorité à la paix, à la justice et au bien commun.

Il n’y aucune gloire a promouvoir la fraude électorale et encore moins pour un chrétien ou une chrétienne!

La fraude électorale en RDC est un vice qui non seulement déstabilise le processus démocratique, mais qui s’oppose aussi aux principes éthiques chrétiens. Pour une société qui aspire à des valeurs de justice, d’équité et de vérité, la lutte contre de telles malversations est un impératif à la fois politique et moral. Les chrétiens, guidés par leur foi, ont un rôle essentiel à jouer dans cette affaire. En participant activement au processus électoral et en le soumettant aux normes éthiques les plus élevées, ils peuvent contribuer à forger une RDC qui reflète véritablement la volonté de son peuple, ancrée dans les principes de la démocratie et de la morale chrétienne.

Dr. John M. Ulimwengu

Chargé de recherches senior – Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)