Justice, sécurité et unité : Les clés pour aborder 2025 en RDC, (Tribune d’Émile Mapatano Kamboris)

La République démocratique du Congo (RDC) est à la croisée des chemins, confrontée à des défis politiques, sociaux et sécuritaires majeurs. Parmi les sujets qui polarisent l’attention, la question de la révision constitutionnelle suscite des débats passionnés. Ce sujet épineux divise la classe politique et une partie de la société congolaise, mais il pourrait également offrir une opportunité pour renforcer le dialogue et la cohésion nationale.
Les divergences autour de cette révision reflètent les visions contrastées des acteurs politiques et sociaux sur la manière d’aborder les multiples problèmes du pays. Certains estiment que la révision constitutionnelle est nécessaire pour adapter le cadre juridique aux défis actuels et futurs, notamment ceux liés à la gouvernance, à la stabilité institutionnelle et au développement. D’autres, en revanche, voient dans ce processus une tentative de consolider des intérêts politiques au détriment de l’unité nationale et de la démocratie.

Cette polarisation, bien que préoccupante, pourrait devenir un levier pour renforcer le débat démocratique et rechercher des solutions inclusives. « La révision constitutionnelle, si elle est menée dans la transparence et avec une réelle volonté de dialogue, peut être un outil pour consolider les institutions et répondre aux attentes des citoyens », explique Émile Mapatano, acteur de la société civile basé à Kinshasa. Cependant, pour atteindre cet objectif, il est essentiel d’éviter les discours clivants qui risquent d’approfondir les divisions sociales et politiques.

En parallèle aux débats constitutionnels, la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC, notamment au Nord-Kivu, reste une préoccupation majeure. Cette région, en proie à des conflits armés depuis des décennies, continue d’enregistrer un afflux massif de déplacés internes. Des milliers de familles vivent dans des conditions précaires, sans accès aux besoins de base.

Émile Kamboris, figure connue pour ses prises de position sur les questions nationales, a récemment attiré l’attention sur ce drame. Pour lui, il est impératif d’adopter une approche plus soutenue pour répondre aux besoins des déplacés tout en traitant les causes profondes de l’insécurité. « La situation au Nord-Kivu est une tragédie nationale qui nécessite une réponse immédiate, mais aussi une vision à long terme. Nous devons bâtir une paix durable à partir d’un vivre-ensemble basé sur la confiance et la justice », a-t-il déclaré.

Le « vivre-ensemble » évoqué par Kamboris passe par des politiques de sécurité inclusives, qui ne se limitent pas aux opérations militaires, mais intègrent également le développement économique et social des communautés affectées. Cela suppose aussi une lutte acharnée contre l’impunité, afin que justice soit rendue aux victimes des atrocités commises dans cette région.

La question de la justice est au cœur des préoccupations de nombreux observateurs. En RDC, l’impunité reste un obstacle majeur à la réconciliation nationale et à la stabilité. De nombreuses violations des droits humains, notamment dans l’est du pays, n’ont pas été sanctionnées, alimentant un sentiment de méfiance envers les institutions.

Selon Kamboris, la justice ne doit pas être vue comme une simple répression, mais comme un instrument pour restaurer la confiance entre l’État et les citoyens. « Sans justice, il est impossible d’espérer une paix durable. La bonne gouvernance commence par une gestion responsable et équitable des affaires publiques, où chacun se sent protégé et entendu », a-t-il ajouté.

Cette bonne gouvernance, souvent évoquée, est également indispensable pour relever d’autres défis, notamment ceux liés à l’économie et à l’éducation. La cohésion nationale ne peut être renforcée que si les citoyens se sentent impliqués dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne. Cela nécessite une gouvernance transparente et inclusive, où les ressources publiques sont gérées de manière équitable et où les droits de tous sont respectés.

2025 : une année déterminante pour l’avenir de la RDC
Alors que l’année 2025 approche, les tensions politiques s’intensifient. Cette année électorale s’annonce cruciale pour l’avenir de la RDC. Des élections libres, transparentes et crédibles seront essentielles pour éviter une escalade des tensions et renforcer la confiance des citoyens dans les institutions. Cependant, la réussite de ce processus dépendra largement de la capacité des acteurs politiques à privilégier l’intérêt national sur les ambitions personnelles.

Pour beaucoup, 2025 doit être l’année de la réconciliation et du renouveau. La RDC, riche de sa diversité culturelle et de ses ressources naturelles, dispose d’un potentiel immense pour se reconstruire et prospérer. Mais cela ne sera possible que si un effort collectif est consenti pour surmonter les divisions actuelles.

« Seul, on va vite, mais ensemble, on va plus loin », rappelle un proverbe africain. Cette sagesse trouve une résonance particulière dans le contexte congolais actuel. La RDC a déjà traversé de nombreuses crises, mais elle a également montré une résilience remarquable. Aujourd’hui, plus que jamais, cette résilience doit être mise à contribution pour bâtir un avenir où chaque Congolais pourra vivre dans la dignité et la paix.

Les défis auxquels fait face la RDC sont nombreux et complexes, mais ils ne sont pas insurmontables. La question de la révision constitutionnelle, les crises humanitaires à l’est, les besoins en justice et en sécurité : tous ces enjeux sont liés par un fil conducteur, celui de la gouvernance.

Pour relever ces défis, il faudra non seulement des dirigeants visionnaires et responsables, mais aussi une mobilisation de tous les segments de la société. La classe politique, la société civile, les communautés locales et les partenaires internationaux doivent travailler ensemble pour tracer une voie vers un avenir meilleur.

L’année 2025 offre une occasion unique de prouver que la RDC peut surmonter ses divisions et s’engager sur le chemin de la stabilité et du développement. Mais cette opportunité ne pourra être saisie que si chacun accepte de faire des concessions pour le bien commun. La cohésion nationale, bien plus qu’un idéal, est une nécessité pour construire une République démocratique du Congo à la hauteur de son nom et de ses ambitions.

Émile Mapatano Kamboris, entrepreneur et libre-penseur

Tirée de LePotentiel/Kinshasa

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