Le sénateur américain Todd Young a commis un lapsus freudien à propos de l’Afrique lors d’une audition devant la commission sénatoriale des relations étrangères le 30 juillet :
Comment pouvons-nous encourager l’arrivée de capitaux, d’expertise et de normes américaines en Afrique afin que nous puissions continuer à exploiter… euhhh afin que nous puissions… explorer où nous pouvons obtenir ces minéraux ?
Pour les impérialistes, l’Afrique leur appartient
Ce glissement intervient au moment même où les États d’Afrique de l’Ouest ont formé une alliance anticoloniale. Les chefs militaires du Burkina Faso, du Niger et du Mali ont créé une confédération appelée l’Alliance des États du Sahel.
Les pays se sont séparés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), que leurs dirigeants considèrent comme un outil de la puissance coloniale occidentale.
Le président burkinabé, Ibrahim Traoré, est franc dans sa critique :
Ces impérialistes n’ont qu’un cliché en tête : l’Afrique comme empire d’esclaves. C’est ainsi qu’ils voient l’Afrique. Pour eux, l’Afrique leur appartient. Nos terres leur appartiennent. Notre sous-sol leur appartient. Ils n’ont jamais changé ce cadre, même aujourd’hui.
Les objectifs de l’Alliance des États du Sahel sont d’introduire une nouvelle monnaie au Sahel, de construire des infrastructures de communication et d’énergie, d’investir dans les secteurs agricole et énergétique, d’industrialiser et de permettre la libre circulation des personnes entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali. L’objectif final est de se fédéraliser en un seul État souverain.
L’uranium du Niger est un exemple de néocolonialisme. En France, ancien colonisateur du Niger, l’uranium du Niger alimente une ampoule sur trois. Mais au Niger, 84 % de la population n’a même pas accès à l’électricité.
En juin 2024, le gouvernement militaire du Niger a révoqué la licence de la multinationale publique française Orano pour exploiter de l’uranium dans l’une des plus grandes mines du monde au Niger.
Le président burkinabè Traoré est quant à lui considéré comme un clin d’œil au leader révolutionnaire panafricain burkinabè Thomas Sankara. Mais le gouvernement de Traoré a signé un accord avec l’entreprise publique russe Rosatom pour construire une centrale nucléaire au Burkina Faso. On ne sait pas encore à qui reviendra la propriété de la centrale. Seuls 20 % du Burkina Faso ont actuellement accès à l’électricité.
Prudence Flowers
Maître de conférences en histoire des États-Unis, Faculté des sciences humaines, des arts et des sciences sociales, Université Flinders
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