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Discours-programme de Suminwa : « La crise économique, politique et sécuritaire banalisée », (Tribune de Diomi Ndongala)

Après un « combat de coqs » entre des membres du bureau de l’Assemblée nationale, les Congolais ont enfin eu droit à la présentation du programme du gouvernement et des animateurs de l’exécutif porté sur les fonts baptismaux par Judith Suminwa, Première ministre de la RDC.

Pour Eugène Diomi Ndongala qui a suivi de près cet événement, du point de vue formel, le caractère éléphantesque du gouvernement qui vient d’être investi par l’Assemblée nationale, cadre mal avec la volonté affichée de réduire le train de vie des institutions.

Le grand nombre d’anciens ministres du précédent gouvernement Sama Lukonde 1 et 2 ne permet pas à un vent nouveau de souffler sur cet exécutif. « Ce n’est pas par hasard que certains observateurs ont surnommé cet exécutif Sama Lukonde 3 », a-t-il dit.

En ce qui concerne les « soi-disant » piliers de l’action gouvernementale, poursuit-il, c’est surtout la hiérarchisation des objectifs qui étonne.

En effet, plutôt que trouver, à la première place des « piliers » de ce programme, le retour à la paix et la lutte contre « la prédation destructive » des élites qui se donnent un droit absolu de « cueillette » sur l’argent du contribuable congolais, il a été énuméré une série d’objectifs (appelés piliers) qui peuvent être le résultat d’une bonne gestion économique, mais qui ne sont pas directement réalisables, sans un véritable redressement macro-économique de la RDC.

En effet, la relance de l’emploi, contrairement à ce qu’a dit Judith Suminwa, ne pourra jamais être obtenue par la « découverte de niches » dans l’actuel panorama socio-économique d’une « économie en crise ».

L’emploi pourra être augmenté par une relance de l’investissement productif, dans l’industrie (toujours embryonnaire, en RDC), l’agriculture extensive ou bien d’une politique Keynésienne de travaux publics.

Dans un pays comme la RD Congo, descendue, selon les dernières données de son PIB (produit interne brut) publiées par le FMI (Fond Monétaires International), à la quatrième place des pays les plus pauvres au monde, invertir l’ordre des priorités est une grave erreur que les Congolais ne peuvent plus se permettre.

Quid de la situation de sécuritaire qui frappe la RDC ?

« Elle est à peine effleurée par Mme la Première ministre, avec une certaine légèreté, alors que sans pacification de la RDC, par un large dialogue politique inclusif, les objectifs de son gouvernement seront un vague inventaire de bonnes intentions ». Selon Diomi Ndongala, c’est quand même très grave qu’aucune action sérieuse ne soit envisagée pour venir en aide aux 7,5 millions de déplacés de guerre qui ont vécu, jusqu’à ce jour, avec 150 francs par an, par personne, mobilisés par le gouvernement précèdent !

La même analyse est valable pour la volonté affichée de mettre en exergue la protection du pouvoir d’achat des Congolais, comme « pilier » de l’action du gouvernement.

Plus qu’un objectif en soi, « ce pilier du gouvernement pourra être sérieusement atteint seulement dans un contexte de relance de la production agricole interne (pour atteindre l’autonomie alimentaire), mais aussi de l’industrialisation qui pourrait équilibrer la balance des payements et rendre l’économie moins dépendante des importations en devise et, par conséquent, la monnaie plus stable face au dollar.

La promotion du sport, de la culture ou bien la couverture sanitaire voulue « universelle » sont des objectifs nobles, bien que toujours dépendants du rétablissement des équilibres macro-économiques et une lutte, sans ménagement, contre la « prédation destructive » des dirigeants qui s’approprient des portions énormes du budget national, rendant impossible la mise en place des reformes essentielles dans l’Armée, la Fonction publique, la Justice et l’Administration, sans lesquelles le service public ne pourra jamais être efficace.

L’impression générale qu’a donné le ton excessivement léger et optimiste du discours programme de l’exécutif, « est celle d’une responsable qui ne veut pas assumer la gravité de la situation qui accable la RDC, en ce moment », à en croire ce leader Ne Kongo.

Les crises économique, sécuritaire, politique et humanitaire ont été tout simplement banalisées, certainement pour ne pas accabler le précédent gouvernement Sama-Lukonde, devenu légendaire pour sa passivité face aux graves problèmes qui ont secoué le Congo démocratique ces dernières années, estime-t-il.

« Cela n’est pas étonnant, vu qu’un grand nombre d’actuels ministres siégeaient dans le précédent gouvernement, dont Mme Suminwa elle-même ».

Cette tendance à la banalisation de la situation réelle de crise économique et politique de la RDC n’est pas étonnante et on la retrouve dans les chiffres gonflés des budgets nationaux à venir.

Prévoir une augmentation du budget qui serait alimentée exclusivement par l’assiette fiscale et la coopération budgétaire extérieure, apparait irréaliste, sans une pacification de la RDC et une relance, par l’investissement, de la production interne, la guerre ayant la fâcheuse tendance à absorber toutes les maigres ressources disponibles.

Sans oublier le taux d’intérêt moyen du portefeuille de la dette publique qui a été contractée entièrement par le précédent gouvernement et qui pèse aussi lourdement sur le budget national.

Ne pas mettre en exergue la lutte contre la corruption, c’est une négligence qui risque d’anéantir les efforts de la praxis gouvernementale, même si les « fameux piliers » de son action étaient placés dans le bon ordre hiérarchique.

Nier la gravité de la situation, par un diagnostic complaisant des maux qui rongent le pays, n’est jamais une bonne attitude.

« Voilà pourquoi je crains que les faiblesses de précédents gouvernements Sama-Lukonde 1 et 2, puissent se répéter dans le gouvernement de Mme Suminwa, d’ailleurs elle-même issue de cet exécutif. Voilà pourquoi j’invite Mme Suminwa à donner une chance à la paix en RDC et à ajouter aux « piliers » de l’action de son gouvernement, la lutte contre la prédation destructive qui a paupérisé toute la nation et qui risque de plomber sérieusement l’action de son exécutif, si la corruption, les détournements, les surfacturations ainsi que les excédents budgétaires alloués aux institutions ne sont pas immédiatement maitrisés », a conclu Eugène Diomi Ndongala.

Diomi Ndongala, président du parti politique Démocratie Chrétiens ( DC) tiré de LePotentiel.cd

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