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Afrique du Sud : lacunes critiques en matière d’apprentissage précoce, de protection sociale et de soins de santé

Il y a près de dix ans, l’Afrique du Sud a exprimé son engagement à investir dans la santé et le développement des jeunes enfants. La Politique nationale de développement intégré de la petite enfance de 2015 détaille l’intention du gouvernement de fournir un ensemble complet de services aux femmes enceintes, aux jeunes enfants et à leurs familles d’ici 2030. Cela comprend les soins de santé, le soutien nutritionnel, la protection sociale, le soutien aux parents et les programmes d’apprentissage précoce.

Les investissements précoces dans les soins aux jeunes enfants constituent une base essentielle pour la santé et le développement tout au long de la vie. Le cerveau en développement est très malléable et façonné par l’exposition des jeunes enfants aux soins ou à l’adversité d’une manière qui peut être difficile à modifier plus tard dans la vie. Il est donc essentiel de construire une base solide pour la santé et le développement tout au long de la vie, dès avant la naissance du bébé.

Alors, dans quelle mesure l’Afrique du Sud a-t-elle réussi à créer un environnement propice et favorable aux jeunes enfants, et que faut-il faire pour améliorer leur développement ?

L’édition 2024 du South African Child Gauge , un rapport annuel de l’Institut pour les enfants de l’Université du Cap, souligne la manière dont l’Afrique du Sud a sous-estimé ses enfants et n’a pas réussi à réaliser ce qu’elle s’était fixé comme objectif il y a près de dix ans.

Bien que l’accès aux services de santé maternelle et infantile se soit amélioré, des lacunes critiques subsistent :

un nourrisson sur cinq n’est pas complètement vacciné à son premier anniversaire

un enfant sur six vivant dans la pauvreté ne reçoit pas d’allocation de soutien à l’enfant

Seuls 2 enfants sur 3 âgés de 3 à 5 ans ont accès à un programme d’apprentissage précoce.

Ces écarts dans la fourniture des services essentiels risquent de se creuser à mesure que les coupes budgétaires attendues du gouvernement érodent encore davantage l’accès des enfants aux services de santé, d’éducation et sociaux.

Sous-financement chronique

Les allocations financières aux services de la petite enfance sont un signal clair de l’engagement d’un pays envers ses plus jeunes enfants, mais l’ensemble des interventions en faveur de la petite enfance reste chroniquement sous-financé, les investissements étant orientés vers les enfants plus âgés.

Seul un programme d’apprentissage précoce sur trois peut accéder à la subvention de l’État pour le développement de la petite enfance, d’un montant de 17 rands (environ 95 cents américains) par enfant et par jour.

Cette subvention n’a pas augmenté depuis 2019 et ne suffit pas à couvrir les coûts de fonctionnement d’une garderie ni même les salaires des intervenants en développement de la petite enfance.

La plupart des centres dépendent des frais de scolarité payés par les parents. Cela peut compromettre l’accès et la qualité des programmes d’apprentissage, en particulier pour les enfants issus de familles pauvres. En revanche, les enfants plus âgés peuvent fréquenter des écoles gratuites.

Il n’est donc pas surprenant que moins de la moitié des enfants âgés de 4 à 5 ans qui participent à des programmes d’apprentissage précoce soient en bonne voie de développement pour leur âge.

Dans le même temps, la pauvreté infantile augmente :

7 jeunes enfants sur 10 vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté de 1 558 rands (87 dollars américains) par personne et par mois

3 enfants sur 10 souffrent d’un retard de croissance – un signe de malnutrition chronique qui entrave la croissance physique et le développement cognitif, avec des répercussions à long terme sur leur santé, leur éducation et leurs perspectives d’emploi.

Ce qui est particulièrement préoccupant est l’augmentation de la mortalité des moins de cinq ans, un enfant sur 25 mourant avant son cinquième anniversaire.

Ce qui doit être fait

Les principales recommandations couvrent cinq domaines : la santé, la nutrition, l’apprentissage précoce, les soins et le soutien aux parents et aux personnes qui s’occupent des enfants, et le soutien aux enfants ayant besoin de soins supplémentaires.

1.) L’Afrique du Sud doit renforcer les investissements dans la santé et les soins des femmes enceintes et des jeunes enfants afin d’intervenir précocement pour relever des défis tels que la violence domestique, l’insécurité alimentaire et les menaces pour la santé et le développement des enfants.

2.) Les familles ont besoin de soutien, notamment de services de garde d’enfants abordables et d’un accès rapide à l’allocation de soutien aux enfants, car le recours à cette aide reste faible au cours de la première année de vie.

3.) Le rétablissement de la valeur de l’allocation de soutien aux enfants de 530 R par mois au seuil de pauvreté alimentaire de 760 R, le soutien à l’allaitement maternel et à une alimentation complémentaire appropriée et la réglementation de la commercialisation d’aliments malsains destinés aux enfants contribueraient à lutter contre le fardeau croissant de la malnutrition.

4.) La qualité des programmes d’apprentissage précoce peut être améliorée en rationalisant leur inscription, en augmentant la valeur de la subvention et en soutenant le développement professionnel des praticiens du développement de la petite enfance.

5.) Une identification et une intervention précoces sont nécessaires pour protéger les jeunes enfants des dangers et pour maximiser le potentiel de développement de ceux qui sont les plus à risque, ainsi que des enfants vivant avec un handicap et d’autres problèmes de santé à long terme.

À l’heure où l’Afrique du Sud cherche des solutions à des défis sociétaux complexes, les résultats du dernier Child Gauge nous rappellent que les réponses se trouvent dans la petite enfance. Nous appelons donc le gouvernement et l’ensemble de la société à accroître les investissements dans la santé, les soins et le développement optimaux de nos plus jeunes enfants.

Linda Biersteker

Développement de la petite enfance, Université du Cap

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