Et si le cuivre et le cobalt congolais devenaient obsolètes ? (Tribune de Dr. John M. Ulimwengu)

Dépendance de la République Démocratique du Congo (RDC) au cuivre et cobalt est un sérieux problème stratégique. Comme souligné dans des publications antérieures, il n’est pas un secret que la RDC dépend essentiellement du secteur primaire, principalement du cuivre et du cobalt (voir Figure 1). En effet, ce secteur représente en moyenne près de 44% du PIB entre 2011 et 2020. Le secteur secondaire ne représente que 16% ! Selon le rapport 2021 de la Banque Centrale du Congo, en 2020, l’activité économique dans le secteur primaire a progressé de 7,1 % contre 1,7 % en 2019.

Sa contribution à la croissance s’est située à 3,1 points venant de 0,8 point l’année précédente. Cette évolution tient principalement du bon comportement de la branche « Extraction (le nœud même de la cueillette) », dont la contribution à la croissance a atteint 2,7 points contre 0,3 point en 2019. L’apport de la branche « Agriculture, forêt, élevage, chasse et pêche » à la croissance a été faiblement constitué, soit 0,4 point contre 0,5 point, une année plus tôt. Ce rebond est consécutif à l’accroissement de la production des produits phares exportés par la RDC, à savoir le cuivre et le cobalt.

Quant à l’industrie manufacturière, sa valeur ajoutée avait enregistré un repli de 7,2 % contre une hausse de 6,1 % en 2019, induisant une contribution négative de 0,8 point de croissance contre une contribution positive de 0,7 point, une année auparavant. Ceci explique davantage la dépendance au secteur primaire comme seule moteur de croissance. Cette dépendance s’étend jusqu’aux recettes publiques dont près de la moitié découle des activités minières.  Le narratif actuel attribuant l’accroissement des recettes en 2022 à une performance extraordinaire des services percepteurs des recettes publiques est très peu plausible car elle suppose qu’en moins d’une année, ces services auraient réglé les problèmes structurels qui minent leur performance depuis des décennies ! Comme le montre la Figure 2, la pression fiscale qui constitue le paramètre de performance des recettes percepteurs des recettes accuse une baisse significative depuis 2015 jusqu’à atteindre 6,4 % en 2020 comparée à une moyenne africaine de 15-17%.

En réalité, l’augmentation actuelle des recettes publiques, comme l’avait reconnu le ministre des finances à une émission de « Top Congo », est en grande partie due aux effets de la loi minière révisée vers la fin du mandat du Président Kabila (2016-2018). La Loi n°18/001 09 mars 2018 modifiant et complétant la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier est disponible a https://mines-rdc.cd/fr/wp-content/uploads/simple-file-list/code-minier/CODE-MINIER-DE-LA-RDC-REVISE-AU-28-MARS-2018-.pdf. Une simple lecture permet de comprendre que la modification de la loi minière a été justifiée par un certain nombre des lacunes et faiblesses de la loi de 2002 dont « la survivance du régime conventionnel et de celui du droit commun, ainsi que la clause de stabilité des droits acquis sur une période des dix ans, impactant régulièrement le rendement de régime fiscal et douanier ». 

La nouvelle loi apporte plusieurs innovations (32 au total), notamment (nous ne reprenons ici que celles susceptibles d’avoir un impact immédiat sur les recette de l’Etat à la fin des dix années de la clause de stabilité des droits acquis, c’est-à-dire EN 2022 POUR LES ENTREPRISES AYANT COMMENCE EN 2002): 4. le paiement des droits proportionnels ; 18. la restriction du régime privilégié du Code ; 19. l’élargissement de l’assiette et le relèvement des taux de la redevance minière ; 20. la cessation du bénéfice des droits d’entrée au taux préférentiel pour les titulaires qui auront accompli six ans et plus d’exploitation ; 21. l’effectivité et le contrôle du rapatriement de 60 % ou 100% de recette des ventes à l‘exportation ; 32. l’attribution de pas de porte à la société commerciale appartenant à l’Etat ayant effectué les travaux d’étude et de documentation sur le gisement.

L’Article 276 al. 2 stipule que l’« Etat assure au titulaire des droits octroyés sous l’empire de la présente loi, la garantie de stabilité du régime fiscal, douanier et de change qui demeure acquise et intangible jusqu’ à la fin d’une période de cinq ans, à compter de la date de : a. l’entrée en vigueur du présent Code pour les droits miniers d’exploitation valides existant à cette date; b. l’octroi du droit minier d’exploitation acquis postérieurement en vertu d’un Permis de recherches valide existant à la date de l’entrée en vigueur de la présente loi. » En termes simples, 2022 est la première année, après une espèce de moratoire depuis 2002, où les entreprises minières ont commencé à payer ce qui est dû à l’Etat par simple application de la loi minière révisée. A moins de se tromper, ceci ne devrait pas requérir une performance particulière de la part des régies financières. C’est encore ici un autre exemple du caractère rudimentaire de l’économie congolaise : une économie de cueillette qui génère des recettes de cueillette ! Si quelqu’un doit tirer un crédit c’est peut-être les présidents Kabila qui a eu le courage de faire la révision du Code minier et Tshisekedi qui a résisté aux pressions pour revenir sur la révision.  Ceci n’est pas pour minimiser l’importance de ces ressources additionnelles, mais on doit reconnaitre qu’elles restent aléatoires parce que dépendant du secteur extractif qui lui-même dépend de la tendance de la conjoncture internationale. D’après les projections du FMI, la croissance de l’activité économique en RDC serait de 6,1 % en 2022 contre 6,2 % en 2021. Cette croissance serait attribuable principalement au bon comportement de l’activité dans le secteur minier dont la valeur ajoutée devrait augmenter de 10,6 % contre 10,1 % en 2021. Par ailleurs, la croissance du PIB réel hors mines serait de 4,1 % contre 4,5 % en 2021.

Cette dépendance du pays au cuivre et au cobalt, pose un sérieux problème stratégique qui, même s’il ne semble pas préoccuper les dirigeants congolais, devrait préoccuper l’ensemble des Congolais. Car si aujourd’hui le cuivre et le cobalt devenaient obsolètes, le pays ne semble pas être préparé, en fait le pays vit comme si le cuivre et le cobalt sont éternels ! Dans cet article, nous essayons de relever les points les plus importants.


Un bref aperçu sur les révolutions industrielles et le rôle des métaux congolais


Selon l’histoire occidentale, l’humanité a connu, à ce jour, quatre révolutions industrielles associées avec le charbon, le gaz, l’électronique et le nucléaire, et internet et les énergies renouvelables. Mais en réalité, l’histoire de l’humanité connait plutôt cinq révolutions industrielles, dont la toute première que l’Occident choisit d’ignorer fut l’invention du feu et de l’unité de mesure sur le continent africain. Cela dit, nous considérons dans cet article qu’il y a eu quatre révolutions industrielles qui sont les suivantes : la première révolution industrielle, autour de 1765, fut caractérisée par la découverte du charbon et son extraction massive, dont l’usage a propulsé le développement de la machine à vapeur et de la forge des métaux. La seconde révolution industrielle, autour de 1870, fut caractérisée par la découverte de l’électricité, du gaz et du pétrole. L’invention du moteur à combustion est allée de pair avec l’usage de carburant, pendant que la transformation des minerais bruts en métaux a modernisé la mécanique et la manufacture.  La troisième révolution industrielle, autour de 1969, fut caractérisée par l’expansion de l’électronique et l’usage de l’énergie nucléaire. Et enfin, la quatrième révolution industrielle, située autour de l’an 2000, est l’âge de l’internet et des énergies renouvelables. L’ironie de l’histoire a fait que la RDC a été impliquée à ces révolutions dès la deuxième vague, mais comme pourvoyeur périphérique des matières premières sans vraiment bénéficier de tous les effets d’entrainement. 

Le cuivre congolais

La deuxième et la troisième révolutions industrielles sont à juste titre dénommées l’âge des métaux. Et le métal qui s’est avéré très important, si pas le plus important, c’était le cuivre, à cause de ses multiples applications industrielles. Or, qui dit cuivre, dit Congo-Zaïre.  C’était déjà constaté et reconnu durant la période de Congo-Belge que le cuivre du Congo était le meilleur cuivre du monde tant en qualité qu’en quantité.  Les exportations du Congo-Belge vers la métropole étaient donc dominées par le cuivre. Le cuivre congolais rapporta ainsi des milliards de dollars à la Belgique. Après l’indépendance du Congo en 1960, le Congo-Zaïre a hérité ce portefeuille juteux d’exportation du cuivre, continua ainsi à exporter des tonnes de lingots de cuivre vers la métropole. A cause des applications industrielles du cuivre qui ne faisaient que s’étendre et s’élargir, le coût de cuivre ne faisait que monter sur le marché mondial, et le Congo-Zaïre s’est depuis comporté comme si cours élevé était une réalité permanente. Parcourons brièvement ces multiples applications industrielles du cuivre.

Le cuivre étant un bon conducteur d’électricité, ses applications dans le domaine de transmission d’énergie électrique sont abondantes : citons les fils et câbles, les transformateurs, les interrupteurs, les composants de prise et connecteurs, les filaments des ampoules incandescentes, etc. ; les fils de stator et de rotor pour fabrication de moteurs, les fils utilisés pour des câbles de communication, les câbles de hautes tension et les lignes électriques résidentiels, etc.

De l’électricité à l’électronique, le cuivre est utilisé dans des appareils vacuum électroniques tels que tubes à haute et ultra haute fréquence, magnétron, ainsi que des circuits intégrés pour l’interconnexion et les grilles de connexion dans toutes sortes d’appareils électroniques et électroménagers.


Dans le domaine de l’industrie du transport, le cuivre est utilisé pour les radiateurs, les systèmes de freinage, les équipements hydrauliques, les engrenages, les garnitures de frein, les systèmes de distribution d’énergie, les pièces de jointure, des raccords et toutes sortes des accessoires.
Dans les industries de l’énergie et de la pétrochimie, les tubes et plaques des condenseurs principaux des centrales électriques au charbon, les chauffe-eau solaires sont constitués des tubes en cuivre. Différents types de réservoirs de fluides corrosifs, des systèmes de tuyauterie, des filtres, des pompes et des vannes sont faits de cuivre. Equipement et matériels pour les plates-formes de forage en mer et autres installations sous-marines sont en cuivre.


La liste des applications industrielles et manufacturières de cuivre est longue et inclue des fours électriques et des bobines d’induction,  des tuyauteries de toute dimension en construction commerciale et résidentielle. Les ustensiles de cuisine tels que les casseroles et les poêles, ainsi que les climatiseurs, les dissipateurs de chaleur, les chauffe-eau et les unités de réfrigération sont faits de cuivre. Des horloges et montres utilisent des broches et des engrenages en cuivre. Des œuvres d’art en cuivre sont nombreux, et la plus célèbre est peut-être la Statue de la Liberté qui a été plaquée avec plus de 80 tonnes de feuilles de cuivre, attachées avec plus de 1500 selles en cuivre et 300 000 rivets en cuivre, ce qui lui donne sa couleur de patine verte. Des instruments de musique tel que fanfares, trompettes, trombones et saxophones sont en cuivre.  Monnaie : jusqu’en 1981, la pièce d’un centime américain (penny) était principalement composée de cuivre.


Pendant ces deux révolutions industrielles, le cuivre était le roi des métaux, et le cuivre du Congo-Zaïre était en grande demande sur le marché mondial. Donc Congo-Zaïre ne faisait qu’exporter des lingots de cuivre comme matière brute. Et c’est ailleurs que ces lingots de cuivre sont transformés pour fabriquer tous ces produits finis ci-dessus mentionnés, et sont revendus au Congo-Zaïre beaucoup plus cher que le prix d’exportation des lingots de cuivre du Congo-Zaïre.

Du cobalt congolais

Comme pour le cuivre du Congo-Zaïre, le cobalt pour la fabrication des batteries des voitures électriques est devenue chanson dans la bouche des dirigeants congolais.  Le cobalt est actuellement en grande demande et coûte cher sur le marché mondial. La même chanson concerne le coltan pour la fabrication des composantes des téléphones portables et des tablettes. En effet, la quatrième révolution industrielle, située autour de l’an 2000, est surnommée l’âge de l’internet et des énergies renouvelables. L’internet est utilisé via ordinateurs, tablettes et téléphones portables. Le coltan extrait à l’EST de la République Démocratique du Congo (RDC) est au centre de cette révolution informatique. Mais est-ce que la RDC elle-même sait comment transformer le coltan en feuille métallique pour découper, modeler et en faire des composantes utilisables dans des ordinateurs, tablettes et téléphones portables ? Non, pas du tout.


Le monde contemporain est devenu plus conscient des effets négatifs de pollution et des conséquences du changement climatique. Il est constaté que les voitures, les véhicules et trains, les avions et d’autres moyens de transport utilisant des moteurs à carburant dégagent du dioxyde de carbone qui est parmi les causes majeures du réchauffement de la planète terre et du changement climatique. L’une des solutions proposées est le remplacement des moteurs à carburant par des moteurs électriques faisant usages des batteries. Communément utilisées, les batteries sont faites de plomb-acide : les électrodes négatives et positives constituées de plomb métallique sont immergées dans l’acide sulfurique pour permettre une réaction chimique contrôlée. Cette réaction chimique est ce qui fait que la batterie produit de l’électricité. Mais les déchets des batteries plomb-acide sont dangereusement mortels pour les vies végétales, animales et humaines, polluent le sol et les eaux. En outre, l’énergie produite par batterie plomb-acide est faible.

Avec la demande extrêmement croissante des batteries pour les véhicules électriques, les drones, les centrales électriques solaires, et d’autres appareils, les batteries plomb-acide sont non seulement inefficace mais l’augmentation de la production de ces batteries va polluer la planète et menacer les vies sur la planète. D’où, la course aux nouveaux types de batteries plus efficaces, plus performantes, avec moins ou sans effets négatifs sur l’environnement. Les nouvelles batteries plus performantes et les plus durables pour remplacer les batteries plomb-acide sont les batteries à cobalt. Encore ici, le cobalt du Congo-Zaïre est le meilleur en qualité et en quantité dans le monde.  Ainsi la RDC aujourd’hui ne jure que par cobalt, comme ce fut le cas du cuivre dans les années soixante – soixante-dix.

Tentatives de rendre obsolètes les cuivre et cobalt congolais

Mais curieusement, pendant tout ce temps, Congo-Zaïre comme peuple et nation n’a pas investi dans ses populations pour développer des compétences locales capables d’utiliser une partie de ces lingots de cuivre pour fabriquer certains de ces multiples produits qui sont encore fabriqués ailleurs à base des lingots de cuivre du Congo-Zaïre. Ce dernier se contente de creuser et ramasser du cuivre qu’il exporte sans une transformation majeure : une véritable économie de creusage, ramassage ou de cueillette. D’autre part, Congo-Zaïre ignore complètement, ne sait pas, ne pense pas, n’imagine pas, que des recherches se font dans le monde pour trouver des minerais ou matériaux alternatives au cuivre, afin de baisser le prix du cuivre sur le marché mondial.

Ces recherches ont abouti par exemple, à faire usage d’aluminium comme alternative au cuivre pour des câbles électriques et beaucoup d’autres applications industrielles et manufacturières dont le cuivre détenait jusque-là le monopole.  Le fil d’aluminium s’est avéré plus facile à utiliser que le cuivre car il est plus léger et plus malléable, ce qui en fait un matériau de câblage idéal à utiliser sur de longues distances. En outre, l’aluminium ne représente qu’un tiers du prix et du poids du cuivre, même s’il n’est pas un excellent conducteur comme le cuivre.  

La miniaturisation en électronique exigeait la miniaturisation des transistors et des composantes des circuits intégrés. Les interconnexions en cuivre souffrent de divers problèmes indésirables, qui deviennent plus importants à mesure que la taille des interconnexions diminue. Les électrons traversent lentement les nanofils de cuivre et génèrent une chaleur intense. En effet, les électrons « entraînent » avec eux des atomes de cuivre. Ces atomes mal placés augmentent la résistance électrique du fil de cuivre et dégradent la capacité du fil à transporter des électrons. Cela signifie que moins d’électrons sont capables de traverser le cuivre avec succès, et tous les électrons persistants sont dissipés en chaleur. Cette chaleur crée des effets négatifs sur les performances des circuits électroniques qui fonctionnent mal et causent des pannes techniques.

Pour surmonter cet obstacle, l’industrie et les milieux universitaires ont recherché vigoureusement de nouveaux candidats pour succéder au cuivre pour interconnexions (diodes, transistors et circuits intégrés). Plusieurs candidats sont identifiés, examinés, testés avec succès, et sont aujourd’hui en application. Il s’agit de graphène (feuille d’atomes de carbone). Le graphène est essentiellement une seule couche de graphite que l’on trouve couramment dans nos crayons ou le charbon de bois que nous brûlons pour cuisiner. C’est l’introduction des semi-conducteurs pour la production des microprocesseurs, et aujourd’hui les interconnexions, les transistors et les circuits intégrés sont entièrement en semi-conducteurs, en remplacement du cuivre. Ce qui a mis fin à la longue ère des interconnexions et transistors en cuivre.

En électricité, les ampoules à LED (Light Emitting Diode) ont remplacé les ampoules à filaments de cuivre. En construction et plomberie, les tuyaux plastiques PVC (polyvinyl chloride) ont remplacé les tuyaux en cuivre. Le développement de la technique des alliages où l’on combine plusieurs métaux selon des proportions déterminées pour augmenter la résistance ou la force et minimiser le poids du matériau a rendu possible le remplacement du cuivre dans beaucoup des applications industrielles et manufacturières. Ces recherches et développements ont abouti aux matériaux alternatifs au cuivre, et ont réduit le besoin du cuivre sur le marché mondial.

Après le cuivre, c’est le tour du cobalt. La question que les Congolais doivent se poser est : quel est l’avenir du cobalt d’ici cinq, dix ans ? Premièrement, il faut noter que même si l’on parle beaucoup de cobalt pour les batteries de véhicules électriques, il n’est pas unique ou n’a pas le monopole pour produire des batteries de bonne qualité pour des engins électriques. Il y a en effet cinq principaux minéraux utilisés dans bon nombre des principales batteries de véhicules électriques (VE) d’aujourd’hui : cobalt, lithium, nickel, manganèse et graphite. En outre, l’instabilité, l’insécurité et les violences qui sont permanentes en RDC forcent les consommateurs de cobalt à trouver des alternatives au cobalt. Il y a déjà des recherches avancées qui se font en Europe, aux USA, en Corée du Sud, au Japon, en Chine, pour trouver des alternatives qui peuvent totalement ou en grande partie remplacer le cobalt.


Les alternatives au cobalt déjà en usage incluent le manganèse. Ce dernier diminue la combustibilité des batteries qui est problématique avec les batteries infusées au cobalt. En outre, le manganèse est une alternative beaucoup plus abordable (avec une valeur commerciale de mille sept cent dollars américains (1.700 $ US) la tonne, contre quarante mille dollars américains (40. 000 $ US) la tonne pour le cobalt). Avec le manganèse, les coûts sont réduits et les marges bénéficiaires sont augmentées tout au long de la chaîne de production de batteries. Et finalement, le manganèse est abondant dans des pays stables comme le Canada et les USA.


Le nickel est un autre candidat pour remplacer le cobalt. Quoi que générant un peu moins de voltage que le cobalt, une déficience qui est corrigible par la méthode d’alliage (combine avec d’autre métal ou matière première), les prototypes de ces batteries à base de nickel ont une densité d’énergie plus élevée et une durée de vie plus longue que les cellules à base de cobalt. En outre, l’Australie et l’Indonésie (pays plus stables que la RDC) possèdent les plus grandes réserves de nickel du monde, et exportent à coût inférieur au cobalt.



Des chercheurs de l’université du Texas à Austin, USA, ont créé un nouveau matériau pour batterie à base de sodium. Le prototype de batterie à base de sodium parait extrêmement plus stable, capable de se recharger plus rapidement qu’une batterie cobalt-lithium.


Le graphite est déjà utilisé en lieu de cobalt comme matériau d’anode dans les batteries lithium-ion. La Chine a de graphite à gogo et produit aussi des graphites synthétiques. Au cours des dernières années, des nouveaux sites d’extraction de graphite sont identifiés et mis en exploitation au Mozambique, en Tanzanie et à Madagascar.

 
Beaucoup des recherches sont actuellement en cours sur de nouveaux matériaux d’anode en remplacement de cobalt. Toutes ces alternatives auront d’ici-là un impact sur la demande de cobalt. En effet, des batteries sans cobalt existent déjà ; elles utilisent à la place de cobalt d’autres matériaux y compris du phosphate de fer au lithium (ou LFP) comme matériau d’électrode positive. Entre temps, en RDC, la chanson de cobalt et coltan continue bon train.



Quelles perspectives ?

Mettre en place des fonds souverains que les années « avec cuivre et cobalt » puissent aider le pays pendant les années « sans cuivre et cobalt».

Cette question avait déjà été abordée dans une publication antérieure, mais nous y revenons comme tenu de son importance. Alors que les premiers fonds souverains remontent au XIXe siècle, la vague moderne de fonds n’a cessé de croître au cours des 50 à 60 dernières années grâce à un boom des matières premières dans des endroits tels que le Moyen-Orient,  la Norvège et bien d’autres. Dans les premières années, un certain nombre d’idées mal interprétées se sont formées autour du rôle des fonds souverains, les critiques les annonçant comme des barbares à la porte, cherchant à acheter les actifs stratégiques des autres. Cependant, à la suite de la crise financière mondiale de 2008-09, les fonds souverains sont soudainement devenus très demandés en raison de leur fourniture de capitaux à long terme pour toutes sortes d’industries et de secteurs dans la plupart des pays. Il y a également eu beaucoup plus de connaissances et de compréhension créées entre les pays hôtes et bénéficiaires du capital des fonds souverains, en grande partie grâce à la création des pratiques et principes généralement convenus – principes de Santiago pour le comportement d’investissement des fonds souverains.

Le terme « fonds souverain » est généralement connu pour désigner un ensemble d’actifs financiers appartenant à l’État qui sont gérés (investis) à des fins économiques spécifiques. Ces objectifs économiques entrent généralement dans un certain nombre de catégories spécifiques qui ont un impact et affectent le comportement d’investissement des organisations. Il y a plusieurs types de fonds souverain.

Fonds de stabilisation. En général créés dans le but d’aider à équilibrer les positions budgétaires à court terme d’un gouvernement. Ils sont conçus pour protéger le budget et l’économie contre la volatilité – généralement les fluctuations des prix des produits de base – et constituent un outil politique supplémentaire pour respecter les paiements gouvernementaux et les engagements de change dans les pays dont les marchés des capitaux et/ou les monnaies fixes sont moins développés. Par exemple, lorsque les prix des produits de base sont bas, les réserves s’écoulent et sont utilisées pour stabiliser le budget, protégeant ainsi contre les déficits. Lorsque les prix sont élevés, les réserves excédentaires affluent dans le fonds. Il existe des exemples de fonds de stabilisation au Botswana, au Chili, au Mexique, en Russie et ailleurs. 

Fonds d’épargne ou de réserve. Ils sont constitués dans le but d’investir les réserves excédentaires au profit des générations futures. La source des réserves provient généralement des mannes actuelles des produits de base. Il existe certains fonds d’investissement de réserve qui sont utilisés pour compléter les réserves de change et gérés par la banque centrale d’un pays. L’objectif ici est d’investir les réserves excédentaires dans des actifs un peu plus risqués pour aider à renforcer les rendements.

Réserves de retraite ou fonds « tampons ». Ce sont des excédents d’épargne qui seront utilisés à des fins précises à l’avenir. Les fonds proviennent de recettes exceptionnelles de produits de base ou de l’assiette fiscale actuelle d’un pays dans le but de prévoir des engagements de retraite conditionnels et non spécifiés dans un bilan public provenant de sources autres que les cotisations de retraite individuelles . Il y a une différence entre un fonds de réserve des pensions et un fonds de pension du gouvernement en ce sens que les passifs des fonds de réserve sont versés directement au gouvernement et que le gouvernement utilise le fonds pour compenser les lacunes du système de retraite. Dans le cas d’un fonds de pension gouvernemental, le flux de passif est versé directement aux personnes qui y contribuent. Il existe des exemples de fonds de réserve de pension en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il n’y aura peut-être pas de responsabilité explicite pour ces fonds, mais il y aura un but spécifique à leur développement.  Dans le cas de la Nouvelle-Zélande, il s’agit d’alléger le fardeau fiscal futur de fournir un revenu de retraite en raison du profil démographique vieillissant du pays.

Fonds de développement. Ils sont créés avec pour objectif principal de financer des projets socio-économiques ou d’investir dans des secteurs spécifiques dans un pays. La mission des fonds de développement est généralement de soutenir les industries nationales tout en attirant potentiellement les capitaux des investisseurs institutionnels étrangers. Les fonds de développement ont également été qualifiés de « fonds d’investissement stratégique ». 

Créer un marché intérieur pour le cuivre et le cobalt congolais.

Comme expliqué précédemment, il existe de nombreuses applications pour le cobalt et le cuivre. Le cobalt a toujours été utilisé comme un puissant  agent colorant,  mais il a aussi trouvé une application industrielle dans  la galvanoplastie et l’alliage d’autres métaux, y compris dans le secteur aérospatial. Aujourd’hui, il est de plus en plus utilisé dans les applications de  batteries, y compris dans les appareils portables (téléphones mobiles et ordinateurs portables), les applications stationnaires (stockage d’énergie) et la mobilité électrique (véhicules électriques ou hybrides et stations de recharge). 

Actuellement, les batteries lithium sont au cœur de la transition vers la mobilité électrique, car elles surpassent les autres types de batteries. Bien que le cobalt ne soit pas présent dans toutes les batteries lithium, il est largement utilisé dans les batteries installées dans les voitures électriques en raison de sa densité énergétique élevée et de sa bonne durabilité en tant que matériau cathodique. D’autres éléments couramment associés aux batteries lithium comprennent le nickel, l’aluminium et le manganèse (Cobalt Institute, sans date).  Le cuivre a également des applications industrielles majeures. En raison de ses propriétés de malléabilité, de  conductivité thermique et électrique et de résistance à la corrosion, le cuivre a été largement utilisé dans l’industrie électronique,  la construction et les machines industrielles. En outre, la transition vers la mobilité électrique implique également une expansion probable du rôle du cuivre dans le transport routier. Il est non seulement utilisé  dans les batteries, les moteurs et le câblage, mais aussi dans les infrastructures de charge. Par exemple, une voiture électrique contient quatre fois plus de cuivre qu’une voiture à moteur à combustion interne comparable (respectivement 80 kg et 20 kg). En 2018, plus de  300 millions de bus à deux et trois roues et près de 500 000 bus électriques étaient utilisés (Agence internationale de l’énergie, 2019). 

Ceci pour dire que la RDC en tant que pays doit développer un marché intérieur pour les différentes utilisations. Le pays est un grand chantier de développement dont la demande des produits à base de cobalt et de cuivre ne peuvent être sous-estimée. Il doit y avoir une vision de développement claire qui met l’accent sur l’utilisation de produits fabriqués à partir de minéraux congolais dans chaque projet financé par le gouvernement dans les domaines de l’énergie, des infrastructures (routes, chemins de fer et  voies fluviales), de l’éducation, de la santé et d’autres secteurs stratégiques y compris l’armée.  En créant  une demande importante de long terme, une telle stratégie attirera probablement les investisseurs privés et les partenaires de développement. Par exemple, pourquoi la RDC n’a-t-elle pas développé une industrie militaire juste après l’embargo d’armement  pour éviter au pays l’humiliation  de  supplier l’ONU de lever l’embargo pour  que le pays puisse se défendre ? La RDC a tous les ingrédients principaux pour développer une industrie militaire. En effet,  l’armée a besoin d’un approvisionnement diversifié d’équipements pour défendre le pays. Par exemple, le cuivre est utilisé pour fabriquer des véhicules militaires comme les avions,  les navires de guerre et les navires de la  garde côtière en raison de sa capacité à résister à la corrosion. Parce que le cuivre est également un métal très flexible, il est souvent combiné avec du plomb et du nickel pour produire des équipements militaires et des gilets pare-balles capables de résister aux chocs et à la dégénérescence. Et 80% des avions sont fabriqués à partir d’aluminium car ce métal est léger, améliorant le rendement énergétique, mais aussi assez solide pour transporter de lourdes charges. 

La résistance remarquable de l’argent en fait un autre minéral idéal pour la technologie de défense. Les minéraux sont essentiels à la fabrication de technologies médicales modernes sur lesquelles comptent les troupes. Le cuivre et l’argent sont essentiels à la médecine moderne en raison de leur capacité à résister à la croissance bactérienne et à accélérer le processus naturel de guérison du corps. L’uranium soutient les troupes par son utilisation dans les technologies militaires et les traitements médicaux. Sans ce minéral, les rayons X et les IRM seraient incapables d’aider et d’aider le processus de récupération.  Le nickel et le titane sont utilisés pour construire des technologies médicales innovantes comme  les stentrodes et les membres prothétiques.  Les Strentrodes sont des dispositifs qui sont insérés non chirurgicalement dans un vaisseau sanguin qui se connecte au cerveau. Cette procédure redonne de la mobilité aux anciens combattants blessés, leur permettant de déplacer un membre prothétique ou un exosquelette à l’aide de signaux neurologiques. Le titane est une ressource clé grâce à ses propriétés antibactériennes. Le nickel est non seulement hygiénique, mais conserve également sa résistance à des températures extrêmes.  Plus concrètement, le Congo doit développer une série de parcs technologiques et industriels à travers le pays en tant que plaques tournantes pour le développement des chaînes de valeur minérales, en particulier le cobalt et le cuivre.

Investir dans la recherche.

Dans la vision d’une nation riche et autonome, il doit y avoir l’aspiration d’une économie fondée sur le savoir, avec une industrie manufacturière forte et compétitive, animée par un secteur agricole et minier productif et commercialement dynamique. Dans la poursuite de cette aspiration, la recherche, les innovations et les technologies jouent le rôle de fournir des connaissances et des informations pour guider les politiques et les programmes, le développement des compétences requises et le savoir-faire technique pour atteindre le développement durable et inclusif.  A cet effet, le programme de recherche est appelé à faciliter la production des connaissances et des informations stratégiques et programmatiques qui ont un impact considérable, des technologies et des innovations productives de pointe et axées sur le marché grâce à une interface soutenue qui mettra en synergie les capacités et les finances entre les parties prenantes pour atteindre les objectifs recherchés. En conséquence, le pays doit mobiliser les établissements universitaires et de recherche, les groupes de réflexion, les centres d’excellence, les partenaires au développement, les secteurs public et privé et les groupes d’intérêt autour d’un programme de génération des connaissances, des informations, des technologies et des innovations nécessaires à la consolidation d’une économie compétitive et dynamique fondée sur la connaissance. Cette attitude des congolais de se sentir à l’aise dans l’ignorance ne conduira jamais la nation vers les objectifs de développement si souvent chantés !

La condition nécessaire : la qualité des institutions.

Voici ce que les congolais doivent comprendre : « Il n’existe pas de scenario où les congolais vont atteindre le développement par la médiocrité, l’immoralité et l’indiscipline là où les autres l’ont atteint par l’excellence » ! Un leadership de développement, des institutions de qualité et un niveau adéquat de capital humain ont toujours été les piliers qui ont permis à d’autres nations de transformer leurs ressources naturelles en opportunités de développement. Malheureusement, consciemment ou non, la RDC s’est investi à détruire tous les mécanismes pour bâtir ces trois piliers de développement. Pour des raisons difficiles à comprendre, le pays a décidé de ne plus placer d’exigence de compétence, d’expérience et d’expertise sur ceux qui ont l’ambition de gouverner. En conséquence, le pays a de moins en moins de personnes qualifiées pour prendre des décisions capables d’améliorer la qualité des institutions sans laquelle le pays ne saura jamais transformer les ressources naturelles dont il dispose en opportunités de développement. Avec l’instabilité institutionnelle qui caractérise le pays, la déliquescence de l’administration publique soumet le pays est à une série perpétuelle des répétitions où chaque nouveau gouvernement veut commencer quelque chose de nouveau sans chercher à continuer ce que le précédent avait fait. On se pose souvent la question de savoir pourquoi les anciens ministres congolais, à l’instar d’autres pays, n’évoluent jamais dans les institutions internationales après leurs mandats ? la réponse est simple : ils sont peut-être qualifiés pour être ministres en RDC, mais ne sont pas qualifiés pour évoluer au-delà des frontières nationales où les critères sont beaucoup plus exigeants! Considérer seulement les profils des membres de l’actuel gouvernement, combien pensez-vous occupent des positions pour lesquelles ils ont la qualification requise ? Bien plus, essayer de comparer leurs profils avec ceux de leurs homologues des pays que la RDC veut rattraper, tels que l’Allemagne ou la Corée du Sud ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la RDC en tant que pays a décidé d’évoluer avec des leaders de standards très inferieurs tout en espérant le même niveau de développement des pays qui exigent des leaders de qualité. Albert Einstein avait dit, non sans raison, que l’idiot est celui qui fait la même chose chaque jour tout en espérant des résultats différents ! Sans le leadership de qualité, le pays ne peut pas espérer des institutions de qualité. Pour preuve, si l’on veut comprendre la différence de niveau de développement entre la Corée du Sud et la RDC, il suffit de regarder à la différence de la qualité de leurs institutions telle que reprise à la Figure 3.

Il est établi que des institutions solides peuvent aider à diversifier l’économie et à résister à la tempête de la faiblesse des prix des produits d’extraction tels que le cuivre et le cobalt. Comme l’ont illustré plusieurs pays dans les années 1980 et les années qui ont suivi, les exportateurs des ressources naturelles dotés d’institutions solides peuvent atteindre une croissance positive même pendant les périodes de baisse des prix.  La qualité des institutions est ce qui détermine essentiellement si l’abondance des ressources naturelles est une bénédiction ou une malédiction. En outre, des institutions de qualité peuvent contribuer à la croissance à long terme pendant les périodes de faiblesse des prix des produits d’extraction.

Beaucoup d’études ont démontré que la performance économique et sociale des économies dépendant des ressources naturelles est fonction principalement de la solidité de leur cadre institutionnel, dont la liberté économique est un élément clé.  En effet, les institutions créent un vaste environnement propice aux mécanismes de gouvernance des ressources qui conduit à une bonne gestion des recettes et à la création de valeur (Robinson et al. 2006).  Kaufmann et al. (2007) définissent les institutions comme un ensemble de facteurs sociaux, de règles, de croyances, de valeurs et d’organisations qui motivent conjointement la régularité dans le comportement individuel et social. Ils se caractérisent par la primauté du droit, le contrôle de la corruption, les contrôles réglementaires, l’efficacité du gouvernement, la stabilité politique et l’absence de violence (Cust et Harding, 2014) tel que repris à la Figure 3. D’autres études ont largement lié le rôle de la qualité des institutions à d’autres facteurs tel que le capital humain (Aljarallah, 2019 ; Ahmadov et Guliyev, 2016 ).

Le capital humain représente les compétences et les connaissances que les individus acquièrent, maintiennent et pratiquent, et c’est un élément nécessaire à une croissance économique et à un développement rapide, car il améliore la qualité des conditions de vie en augmentant l’efficacité des travailleurs, en favorisant la démocratie, en créant une bonne gouvernance et en renforçant l’égalité.  Un certain nombre d’études ont analysé l’effet du capital humain sur la performance économique , et la majorité d’entre elles ont constaté que le capital humain influe positivement sur la performance économique.  Une étude récente de Ouedraogo et al. (2022) a révélé que l’amélioration de la qualité institutionnelle favorise l’accès à l’enseignement primaire, secondaire et supérieur en général et pour les femmes. En particulier, l’efficacité du gouvernement, la lutte contre la corruption et la stabilité politique, ainsi que l’absence de violence, y compris le terrorisme, sont les dimensions les plus importantes qui favorisent le développement du capital humain. Les résultats suggèrent qu’il est essentiel de promouvoir ces dimensions particulières de la qualité institutionnelle pour améliorer le développement du capital humain en Afrique.

Alors que certains pays riches en ressources naturelles, tels que le Venezuela, l’Angola et la République démocratique du Congo, connaissent la « malédiction des ressources », d’autres avec relativement peu de ressources naturelles ont réussi à s’engager sur une trajectoire de développement économique réussie. La Corée du Sud, Taïwan et Singapour, par exemple, ont orienté leurs efforts vers l’éducation, la recherche et le développement d’institutions qui soutiennent la croissance malgré la rareté des ressources naturelles. Poursuivre des politiques publiques qui font prospérer les économies nationales plutôt que de compter sur la dotation en ressources naturelles : l’approche à laquelle la RDC devrait aspirer.

John M. Ulimwengu

Senior Research Fellow at the International Food Policy Research Institute (https://www.ifpri.org/profile/john-ulimwengu)

Tongele N. Tongele

Faculty in the Department of Mechanical Engineering, School of Engineering, The Catholic University of America, Washington, DC. 

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