RDC : Conflit tribal au Nord-Kivu « les mécanismes économiques et sociaux » au chevet de la crise

Les langues se délient autour de la tragédie humaine dans le territoire de Nyiragongo où un conflit tribal a éclaté entre ceux qui s’identifient comme Kumu et Nande.
Des réactions viennent de partout pour apaiser la situation entre ces deux tribus, la dernière est celle de l’économiste politique et philosophe Jo M. Sekimono qui soutient que cette folie tribale du Nyiragongo reflète la faillite intellectuelle mais aussi par le fait ce que signifie être Congolais est ancré en termes coloniaux.
Sekimonyo poursuit que celui qui tue aujourd’hui sous prétexte de loyauté tribale pour embellir l’image d’une barbarie peut être redéfini dans les jours à venir où il pourra tuer pour une autre cause, d’autant plus que la pauvreté reste la mère de plusieurs crimes.
« Ce qui se passe à Nyiragongo est avant tout une terrible tragédie humaine. Ça m’attriste profondément chaque fois qu’un Congolais pour quelque raison que ce soit prend la vie d’un autre Congolais. Le barbare agit des deux côtés à Goma, Nyiragongo reflète la faillite non seulement intellectuelle ou de bon sens mais aussi l’emprise de l’ancien contrat psychologique colonial sur sur l’âme et l’identité congolaise et africaine. Mais aussi il est important de comprendre quiconque tue aujourd’hui sous prétexte d’un tribunal peut le faire demain pour d’autres causes », explique-t-il.
Par ailleurs, Jo M. Sekimono indique que le chômage de millions de jeunes Congolais serait parmi les principales causes de criminalité au nom d’une tribu ou entre les communautés en RDC. Il appelle les jeunes à exiger une solution à leur véritable problème de chômage et de manque d’accès au capital pour l’entrepreneuriat.
Il poursuit en disant que les mécanismes sociaux plus économiques que politiques et encore moins un dialogue intercommunautaire doivent être prescrits pour trouver une solution durable dans la province du Nord-Kivu.
« Nous devons guérir nos émotions primitives en utilisant des schémas socio-économiques qui impliquent le monde académique, les acteurs sociaux et économiques, et beaucoup moins les politiciens. Même aux États-Unis, ce qui guérit le racisme, c’est l’argent, l’esprit d’entreprise. Avoir un dialogue intercommunautaire, c’est encore retomber dans le même piège qui verrouille les esprits dans les tranchées tribales qui glisse rapidement dans le tribalisme. C’est un poison culturel très toxique pour le développement de la région parce qu’il engourdit émotionnellement les gens et les groupes entre eux », conclut-il.
Rappelons que les affrontements entre ces deux groupes avaient éclaté depuis le lundi 12 avril, d’où, au total, 14 personnes ont été tuées, aux côtés de 53 blessés, plusieurs maisons pillées et plus de 35 maisons incendiées dans la période couvrant cette crise, révèle un rapport de la Conseil provincial des ministres du Nord-Kivu.

Samy Kitha/NBSInfos.com

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