Multiplication des agences en RDC : nécessité ou inefficacité programmée ? ( Tribune de Sigis Aberi )

En RDC, la prolifération d’agences gouvernementales suscite un vif débat. Plus d’une dizaine ont vu le jour ces dernières années, et deux nouvelles viennent encore d’être créées. Cette multiplication interroge : répond-elle à un réel besoin institutionnel ou traduit-elle plutôt une crise de gouvernance au sein des ministères, pourtant chargés de conduire l’action publique ? Certains y voient un « gouvernement parallèle » qui fragilise l’architecture de l’État. Si ailleurs les agences comblent des vides fonctionnels, en RDC elles semblent davantage disperser les responsabilités que renforcer l’efficacité. Dans son rapport 2025, la Banque mondiale alerte déjà sur cet éparpillement et appelle à des réformes de recentrage. D’où une interrogation centrale : l’État congolais doit-il poursuivre dans cette voie ou redonner aux institutions classiques leur rôle de piliers de l’action publique ?

A ce jour plus dune dizaine d’agences ont été créées, et très récemment deux nouvelles ont vu le jour. D’où la nécessité de se demander sur l’éparpillement de l’action publique par ces 3 questions suivantes:

-Est-ce que la création exponentielle de ces structures répond réellement au besoin institutionnel ?

-Existe-il une carence en gouvernance dans le chef des Ministères qui ont la charge de mener l’action publique ?

-S’agit-il d’un phénomène isolé et/ou politique sans fondement?

Ces questions méritent réponses de la part de l’Exécutif, ce sont là quelques objectifs poursuivis par cette tribune. Cette dernière se veut simplement réfléchie, à la limite interrogative.

Sans ambage, l’éparpillement de l’action publique sans évaluation préalable et coordination en règle générale est source d’inefficacité. De surcroît, cet éclatement des attributs des services de l’État s’observe au niveau central, donc des Institutions.

Comparativement aux ONG le développement spectaculaire enregistré par ces derniers a eu pour fondement l’existence des besoins réels, des vides à combler dans l’exercice de l’action publique des États et/ou des Organisations internationales, ce qui explique leur essor jusqu’à ce jour.

A contrario, la multiplication d’agences au sein des Institutions de l’État Congolais, à notre humble avis ne répond à aucun besoin de gouvernance, ni ne comble un vide institutionnel.

D’après certaines indiscrétions, ces agences ont pour rôle d’une part l’appropriation de différents programmes du Président de la République et d’autre part le contrôle de ces derniers. Toutefois, signalons en passant que le pouvoir de contrôle relève du Parlement.

Tout compte fait, après plusieurs réformes institutionnelles entamées depuis 2004, de réformes arrivées a maturité a ce jour. L’État Congolais dispose enfin des hommes et d’outils capables de mener efficacement l’action publique sans en décomposer en agence spécialisée.

Le nouveau rapport de la Banque Mondiale sur l’économie de la RDC édition 2025 fustige l’éparpillement du contrôle entre Agences et Ministères, tout en évoquant des aspects d’évaluation et de coordination. Le dit rapport plaide pour des réformes profondes dans le but de stopper et recentrer l’action publique pour l’intérêt public.

Au-delà des aspects des coûts qu’engendrent le fonctionnement des ces agences et des conflits d’intérêt susceptibles de naître. Il est plus qu’ impérieux d’opter un choix d’arbitrage institutionnel efficace recentré autour des Ministères qui ont la charge de l’action publique.

Même si dans l’opinion certains esprits approuvent cette pratique de gouvernance, cependant dans le milieu élitiste, plusieurs assimilent le développement de ses agences a un Gouvernement bis ou parallèle. D’où ce plaidoyer en faveur d’une gouvernance axée autour de structures classiques de l’État.

Sigis Aberi Lumbule,
-Économiste et
Conférencier sur des questions de gouvernance des Institutions et Entrepreneuriat
-Acteur politique

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