asd

Sommet RDC-Rwanda : Comprendre au-delà de l’évidence

Les Congolais doivent aller au-delà de ce qui est visible et évident. Il y a cinq ans, je parcourais les camps de réfugiés congolais en Ouganda pour les convaincre de ne pas rejoindre la sanglante campagne militaire du M23-RDF dans l’Est de la RDC. Lors de mes visites, je suis arrivé dans un camp de réfugiés où Paul Kagame a grandi. Là-bas, on perçoit avec clarté l’obsession qu’un jeune Tutsi rwandais, élevé dans des conditions aussi désespérées en Ouganda, peut développer : l’obsession de sortir de ce trou perdu et sombre, d’atteindre les sommets de l’armée ougandaise, puis de s’emparer du pouvoir dans son pays d’origine, le Rwanda.

Mais une fois au sommet, Kagame est rattrapé par une peur viscérale : quelque part, dans un camp de réfugiés en RDC, un jeune Hutu pourrait nourrir la même obsession, le même rêve de revanche. Pour Kagame, cette crainte se traduit par une stratégie impitoyable : il faut les éliminer tous, éradiquer jusqu’au dernier Hutu rwandais présent en RDC, homme, femme, vieux ou jeune. Son obsession paranoïaque se nourrit d’une logique froide de génocide par procuration sous couvert de sécurité régionale que Felix Tshisekedi ne pourrait jamais satisfaire.

Pendant ce temps, un autre brasier s’allume à l’horizon. L’intervention des troupes de Kagame au Mozambique, autrefois considérée comme un coup de génie pour renforcer ses finances et occuper ses citoyens, commence à susciter une résistance grandissante. Les sentiments contre la présence rwandaise dans le pays s’intensifient, et un conflit plus large semble poindre. Ce qui était autrefois une vache à lait pourrait bientôt se transformer en un fardeau intenable pour Kigali.

Au cœur de cette dynamique régionale, la RDC elle-même est en pleine mutation potentielle. La révision intégrale de la Constitution que j’ai proposée, visant à redéfinir le pacte national congolais en abandonnant les divisions tribales pour établir une coexistence d’individus égaux, suscite une peur palpable pour Kigali. Pourquoi ? Parce qu’un tel changement prive Kagame de l’excuse qu’il utilise depuis des décennies : alimenter des conflits en RDC pour maintenir son régime à flot économiquement.

Et le temps presse. L’année 2028 approche à grands pas, et Kagame sait qu’il ne pourra pas compter sur la même patience et tolérance émotionnelle que Tshisekedi a manifestées envers Kigali. Le prochain président congolais pourrait être beaucoup moins indulgent.

Le 15 décembre, à Angola, un sommet crucial se tiendra. La question reste ouverte : s’agira-t-il d’une amnistie déguisée ou d’une capitulation officielle des autorités congolaises ? Les échos en provenance du Rwanda annoncent déjà le prochain épisode de ce long-métrage : imposer des négociations entre Tshisekedi et la marionnette psychopathe rwandaise qu’est le M23.

Let wait and see

Jo M. Sekimonyo

Économiste politique, théoricien, militant des droits de l’homme et nationaliste convaincu

Articles Similaires

- Advertisement -

A La Une